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Chute brutale de la DYNASTIE Bongo : Un vent frais de LIBERTÉ sur le Gabon

Fin de 56 ans de règne absolu du clan Bongo au Gabon. Deux évènements importants ont réveillé de leur sommeil les Gabonais au petit matin du mercredi 30 août 2023. L’annonce de la « victoire » d’Ali Bongo et la prise du pouvoir par les militaires.

Depuis la tenue des élections le 26 août 2023, les Gabonais étaient dans l’attente des résultats. Au petit matin du jeudi, les évènements se sont enchainés. En plein milieu de la nuit, à 02h 30 TU, les membres du Conseil Gabonais des Élections (CGE), organisme chargé de l’organisation des scrutins, proclament sur la télévision d’Etat, les résultats. Bien que balayé par un Waterloo électoral, Ali Bongo Ondimba s’est vu renverser en sa faeur les résultats sortis des urnes. Il est déclaré vainqueur du scrutin avec 64,27% des voix contre 30,77% pour son principal challenger Albert Ondo Ossa, candidat consensuel de l’opposition.

Un coup d’Etat électoral de trop qui va entrainer un pustch militaire. Dans la foulée de l’annonce officielle des résultats, un groupe de militaires apparaît à la télévision et annonce la fin du régime en place depuis plus de cinq décennies et l’annulation des élections et la dissolution de toutes les institutions.

« Nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place. A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a annoncé un des militaires.

La garde prétorienne se retourne contre Ali Bongo

Les Gabonais qui ont suivi les informations n’en revenaient pas. Ils se sont frotté les yeux, comme s’ils avaient été brutalement sortis d’un rêve éveillé. D’autant plus que la Garde Républicaine, véritable garde prétorienne de sinistre réputation, a toujours fait allégeance et soutenu le clan Bongo envers et contre tout, même aux heures les plus sombres du régime. Elle dispose d’une force spéciale de plus de 300 hommes nommée Section des Interventions Spéciales (SIS) et d’un redoutable service de renseignements -la Direction Générale des Services spéciaux- ainsi qu’un puissant système d’écoutes et de surveillance électronique, le SILAM.

Après l’élection frauduleuse d’août 2016, rappelle mondafrique.com, c’est la Garde Républicaine qui donne l’assaut du quartier général de Jean Ping. «Cette nuit-là, la Garde Républicaine est sans pitié. Elle tue, et torture sans ménagements au cours d’une nuit d’horreur tout en reprochant aux partisans de Jean Ping d’avoir choisi l’ancien beau-frère d’Ali Bongo, « Le patron» comme ils l’appellent : « vous n’avez pas honte d’avoir voté pour un Chinois? ».

L’année dernière, le 17 août 2022, lors de la fête nationale du Gabon, la Garde Républicaine qui dépasse de loin en équipement l’armée régulière gabonaise, étale encore sa puissance, et sa nouvelle unité d’élite, la Section des Interventions Spéciales (SIS) proclame sa loyauté à Ali Bongo. « Je défendrai mon président avec bravoure au péril de ma vie. La garde meurt, mais ne se rend pas, nous défendons le président », promet la SIS.

Déchu et placé en résidence surveillée, Ali Bongo Ondimba a, dans une vidéo filmée, lancé un appel à l’aide, étant assez peu au courant de ce qui se passe autour de lui. « Je veux envoyer un message à tous nos amis, partout dans le monde, pour leur dire de faire du bruit. De faire du bruit, car les gens d’ici nous ont arrêtés, moi et ma famille. Mon fils est quelque part, ma femme est ailleurs et je suis à la résidence », a déclaré Ali Bongo. « En ce moment, je suis à la résidence, mais rien ne se passe. Je ne sais pas ce qui se passe. Je vous appelle donc à faire du bruit. À faire du bruit… Faites du bruit, vraiment, je vous en remercie ».

Liesse populaire à Libreville et dans les autres villes

Donc, c’est avec une certaine méfiance et incrédulité que les Gabonais ont accueilli, aux premières heures, la nouvelle du putsch. Surtout qu’il y avait un précédent en 2019 qui avait tourné court. Le 7 janvier 2019, le commandant-adjoint de la Garde Républicaine, le lieutenant Ondo Obiang Kelly, prend la tête d’un commando, et tente de renverser le régime d’Ali Bongo foudroyé par un accident vasculaire cérébral (AVC) en Arabie Saoudite, en annonçant l’établissement d’un Conseil national de restauration. Mais le coup d’Etat échoue et le lieutenant Kelly est arrêté le jour même ainsi que les autres mutins.

Mais cette fois sera la bonne. Les Gabonais se sont vite rendu à l’évidence, la dynastie Bongo, l’une des plus vieilles en Afrique est tombée comme un fruit mûr. Des scènes de liesse dans les rues de Libreville et dans les autres villes du pays. Un énorme soulagement pour les 2,3 millions de Gabonais de s’être enfin délivrés du long règne des Bongo. Partout, les populations acclament les militaires, certains jeunes échangent avec les nouveaux hommes providentiels et se permettent des selfies avec eux. Ailleurs, des foules de jeunes défilent tout joyeux dans les rues. Certains scandent : « Liberté » « Liberté ». A d’autres endroits, des groupes de femmes dansent et chantent pour cette nouvelle ère qui vient de s’ouvrir au Gabon.

Un régime corrompu jusqu’à la moelle épinière

Le Gabon, comme d’ailleurs nombre d’Etats Africains, est un grand corps malade, une corruptocratie, un concentré de tous les maux : malgouvernance chronique, népotisme, tribalisme, pillages économique et des deniers publics, présidentialisme à vie, etc.

«L’autre fléau est la vertigineuse corruption qui s’est enkystée dans tous les rouages du fonctionnement de ces pays et qui les ronge si profondément qu’elle interdit toute perspective de sortie de la misère pour la quasi totalité de la population. La rente d’État alimentée par l’exploitation du bois, du pétrole et des mines a été détournée au Gabon pendant des décennies au profit d’un système de parasitisme nourrissant un clan mafieux et ses parrains politico affairistes français », dénonce l’association Survie

Les militaires qui ont pris le pouvoir ont dénoncé « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos ». Ils ont aussi porté de graves accusations contre certaines personnalités arrêtées parmi lesquelles l’un des fils d’Ali Bongo, pressenti pour succéder au père au trône, notamment «haute trahison contre les institutions de l’Etat, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bandes organisées, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiant ».

Inquiétude à Lomé et dans les autres satrpies ?

« L’âge moyen en Afrique est de 19 ans et l’âge moyen des présidents est de 63 ans. En Afrique, 8 dirigeants sont au pouvoir depuis plus de 20 ans. Au Gabon, au Togo et en Guinée équatoriale, 90% de la population n’a connu qu’une seule famille au pouvoir », épingle le mouvement Tournons La Page (TLP) dans un nouveau rapport publié la semaine dernière et intitulé : « L’espace civique en République gabonaise, le paravent d’un arbitraire ».

A Lomé, la situation au Gabon doit être suivie avec attention tant par les autorités que par les populations. Autant les Togolais que les Gabonais vivent les mêmes réalités, pris en otage depuis plusieurs décennies par deux familles qui ont relégué aux oubliettes les difficultés que rencontrent les populations au quotidien.

A l’occasion de la présidentielle du 26 août, le pouvoir de Lomé a envoyé deux émissaires dont la présidente de l’Assemblée nationale Djigbodi Yawa Tségan au Gabon pour apporter le soutien de Faure Gnassingbé à Ali Bongo pour sa « volonté de poursuivre l’œuvre de développement entamé». Mais dans le sérail, on n’a certainement pas mesuré la gravité de l’acte posé, puisque c’est la représentation nationale qui est allée afficher le soutien politique à un candidat d’un pays étranger. Ce qui s’assimile à l’ingérence de l’Assemblée nationale togolaise dans les affaires politiques internes d’un autre pays.

Avec la chute de Bongo, le pouvoir togolais doit nourrir des inquiétudes comme au Cameroun, au Congo Brazzaville, en Guinée Equatoriale, en Côte d’Ivoire, etc., car avec l’« épidémie de putschs », pour reprendre les termes d’Emmanuel Macron, personne ne sait le prochain sur la liste qui va attraper le bouquet de fleurs lancé par Ali Bongo…

Médard AMETEPE

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