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Installation du câble sous-marin Equiano de Google au Togo :Combien le tandem Faure-Cina Lawson a-t-il promis pour gagner ce projet ?

Opérationnelle au Togo depuis août 2023, la première station africaine du nouveau câble sous-marin Equiano de Google n’a pas fini de livrer ses mystères. Selon les informations relayées par le journal français L’Humanité, il y aurait eu un manque de transparence sur les négociations de ce projet qui, à l’origine, ne devait arriver qu’au Nigeria.
Le nom Equiano est donné à ce câble sous-marin à dessein. Le déploiement du câble devait partir de Lisbonne au Portugal pour arriver au Nigeria sur la côte ouest-africaine avant d’aller rejoindre Cape Town en Afrique du Sud. C’est pourquoi il est baptisé en l’honneur d’Olaudah Equiano, un écrivain, ancien esclave d’origine nigériane qui a joué un rôle important dans l’abolition de l’esclavage. Le câble Equiano est une infrastructure qui va offrir environ 20 fois plus de capacité de réseau que les derniers câbles construits pour desservir le continent.
Opportuniste, le Togo entre en jeu et accélère même les négociations pour être le premier pays du continent à être relié au câble sous-marin Equiano de Google. Une bonne chose en soi, vu les avantages que ce projet pourra générer si la transparence est au rendez-vous. Et le 18 mars 2022, le chef de l’Etat togolais a solennellement inauguré, sur le quai de Togo Terminal du Port autonome de Lomé, cette première station du nouveau câble sous-marin.
« Le Togo, qui n’était pas sur la liste des pays bénéficiaires de la première cohorte, a été intégré après plusieurs mois de négociations, et il devient le premier pays africain à accueillir le câble », s’est réjouie la ministre togolaise de l’Économie numérique et de la Transformation digitale, Cina Lawson. Pour elle, « ce succès nous permet de satisfaire les exigences de la feuille de route gouvernementale portant sur le renforcement du raccordement internet au réseau mondial » et « le câble qui doit offrir une bande passante 20 fois supérieure à celle de tout autre câble existant en Afrique de l’Ouest, doit être synonyme d’une augmentation de la vitesse d’internet, d’une amélioration de l’expérience des utilisateurs et d’une réduction du coût des données de plus de 14 % d’ici à 2025 ».
« Nous sommes ravis que le Togo soit le premier point d’atterrissage d’Equiano sur le continent africain, car cela correspond aux efforts continus du pays pour promouvoir l’inclusion numérique pour l’Afrique », a déclaré pour sa part Nitin Gajria, directeur général de Google pour l’Afrique subsaharienne. Selon Google, le câble sous-marin devrait créer 37000 emplois entre 2022 et 2025 au Togo et générer plus de 350 millions de dollars d’activités sur la période. L’équipement devrait également permettre d’augmenter fortement le taux de pénétration d’internet, actuellement de 23%.
Le projet est opérationnel depuis août 2023 et géré par Csquared. Selon Togo First, « Csquared est une société de droit mauricien détenue notamment par Google, qui implémente le projet Equiano à travers une Joint-Venture, dénommée CSquared Woezon. La coentreprise est le fruit d’un partenariat entre Csquared et l’Etat togolais à travers sa Société d’Infrastructures Numériques (SIN) qui a en charge la maintenance et l’exploitation du câble sous-marin Equiano. Dans cette coentreprise, la SIN détient une participation publique minoritaire de 44% contre 56% pour CSquared ».
C’est le côté visible et clinquant de la chose. Qu’est-ce qui s’est alors passé derrière le rideau ? Comment les négociations ont été faites ? Qu’est-ce que le Togo a donné en retour pour avoir un projet qui, à l’origine, ne le concernait pas ? N’est-on pas habitué à : « le Togo est le premier pays à faire ci, le Togo est le premier à être ça » sans qu’on ne voie l’incidence de ces projets sur le vécu quotidien des populations ?
De toutes les manières, le journal français L’Humanité en parle un peu dans sa parution N°23869 du lundi 29 janvier 2024. Sous le titre « Les Gafam à la conquête de l’Afrique », il rapporte que « le gouvernement togolais a négocié avec Google la venue du câble, prévu à l’origine pour ne s’arrêter qu’un peu plus loin, à Lagos, au Nigeria. On ne connaît pas le contenu des discussions : « Il y a un clair manque de transparence sur les négociations, et les contreparties accordées, surtout que lorsque c’est un Gafam qui les mène », déplore Camille Morel, docteure en droit public à l’Institut d’études de stratégie et de défense, dont la thèse, publiée début 2023 au CNRS, s’intitule Les câbles sous-marins : enjeux et perspectives au XXIè siècle ».
Pour accompagner Equiano, poursuit le journal, Cina Lawson, la ministre de l’Economie numérique du Togo, se prépare à un investissement de 300 millions d’euros en fibre optique, marché sur lequel est aussi Google. « Nous discutons avec les prêteurs pour installer la fibre optique sur toutes les lignes électriques. Nous y arriverons bientôt », a déclaré la ministre. « Le Togo espère d’Equiano une importante croissance économique, 30 000 créations d’emplois en deux ans, mais aussi revendre de la bande passante aux pays voisins, le Ghana, le Burkina Faso, et le Bénin », poursuit-il.
En rappel, GAFAM est l’acronyme des géants du Web — Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft — qui sont les cinq grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique, parfois également nommées les Big Five, ou encore « The Five ». Et qui parle de GAFAM parle d’une multitude de scandales mondiaux en ce qui concerne la vie privée, les droits des employés, le monde de la finance, la non transparence dans les accords, les pratiques anti-concurrentielles, les stratégies fiscales…
R. Kédjagni

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