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Togo : la prestidigitation comme mode de gouvernance

 

« En politique, le devoir de faire devrait l’emporter sur le pouvoir de dire » (Stéphane Théri)

Malgré son règne au long cours, le régime Gnassingbé s’est illustré par son impéritie. Il n’a pas réussi à offrir aux populations des services sociaux de base, construire des écoles et des centres de santé, dompter l’électricité, assainir l’eau… Rien sauf à prolonger la jouissance du pouvoir. Malheureusement c’est après les 38 années de son père et ses 18 années à la tête du Togo, marquées par le pillage systématique des richesses nationales que Faure Gnassingbé se rend compte des drames que vivent les populations au quotidien.

Au cours d’une récente tournée à l’intérieur du pays, Faure Gnassingbé s’est engagé à œuvrer pour que les Togolais, dans toutes les localités, aient accès à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé. Pourtant en 2015, le chef de l’Etat avait proclamé qu’il dédiait son troisième mandat usurpé au social, consacré prioritairement aux besoins vitaux des populations. C’était une promesse personnelle faite aux Togolais.

A l’époque, les ministres avaient été respectivement déployés dans leurs régions d’origine pour des exercices de collecte des besoins des populations en matière de services sociaux et d’infrastructures économiques de base. A grands renforts médiatiques, les émissaires du gouvernement et autres pontes du régime sillonnaient bruyamment les différentes localités pour échanger avec les préfets et autres dignitaires locaux, les chefs de services, les leaders d’opinion et les représentants de la société civile sur les besoins des populations. Ces descentes sur le terrain étaient inscrites dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc).

Un programme qui, avait-on dit, couvrait plusieurs domaines, notamment l’hydraulique et l’assainissement, l’aménagement, l’éducation, la santé, l’énergie, etc. et destiné à accélérer significativement l’accès à des infrastructures, équipements et services sociaux et économiques à la base.

L’embellie promise n’a jamais eu lieu. Mais bien avant, d’autres projets ou programmes avaient été pompeusement lancés pour sortir les Togolais de la pauvreté. A l’instar du Document complet de stratégie de réduction de la pauvreté (Drsp), de la a Stratégie de croissance accélérée pour la promotion de l’emploi (Scape) ou encore du Fonds national de la finance inclusive (Fnfi) qui se sont révélés de véritables supercheries.  La pauvreté et la paupérisation ont continué de se propager comme un feu de savane.

En 2018, comme dans un tour de prestidigitation, le régime de Faure Gnassingbé avait sorti de son chapeau le fameux Programme national de développement (Pnd) présenté comme le miracle du siècle qui devrait sauver les Togolais. Ce fut plutôt la poudre de perlimpinpin. Le plan a été bouclé l’année dernière et marqué par un silence bruissant et les réalisations au bénéfice des Togolais sont rachitiques. Les populations sont dans une misère sociale qui ne dit pas son nom. C’était un miracle à l’envers. L’échec est si patent qu’aujourd’hui, dans les hautes sphères du régime, on ne parle plus de PND, mais de Feuille de route gouvernementale.

Les grands bénéficiaires de ces programmes, projets ou plans ne sont que leurs concepteurs qui se sont frotté les mains après les avoir vendus cher aux bailleurs de fonds. Quant aux populations, elles continuent de porter leurs croix. Mais il n’y a pas de quoi perdre espoir, car dans un futur proche, elles auront de l’eau, de l’électricité, des écoles, des centres de santé dans toutes les localités, selon toujours Faure Gnassingbé.

Médard AMETEPE

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