Politique

Après la rencontre de Conakry: Drôle de silence du pouvoir RPT/UNIR  

 

Les discussions dans le cadre de la 3e réunion du Comité de suivi délocalisées à Conakry ont refermé leurs portes depuis le lundi 5 novembre et les deux délégations togolaises sont toutes rentrées au pays.  Il est toujours attendu le compte rendu officiel au travers du relevé de conclusions pour permettre aux populations de se faire une opinion claire des échanges. Les seules informations qui ont filtré proviennent des sources proches de la Coalition. Mais ce qui surprend, c’est le silence sépulcral observé par le pouvoir sur le contenu des échanges et les décisions prises après cette rencontre importantissime de la capitale guinéenne.

Des informations obtenues des sources informelles proches de la C14

Cette 3e réunion du Comité de suivi est importante au vu du contexte dans lequel elle est intervenue. Sa tenue hors du territoire togolais n’a pas arrangé les citoyens qui avaient hâte d’être informés. Et contrairement aux fois précédentes, aucun relevé de conclusions n’a été rendu public aussitôt pour faire l’état des échanges et des décisions prises. Qu’est-ce qui justifie ce procédé du Comité de suivi ? On ne saurait le dire. Une chose est certaine, cela ne permet pas aux populations d’être informées à la source et de se faire une opinion claire.

Les seules informations glanées proviennent des sources informelles proches de la Coalition de la Coalition. Contrairement à ses habitudes, la C14 n’a pas (du moins pour l’instant) organisé de conférence de presse pour faire l’état de la rencontre à la presse et ainsi tacitement aux populations. A part un compte rendu aux autres membres de la Coalition par la délégation ce mercredi 7 novembre dans la matinée, rien n’est prévu en terme de conférence de presse. Est-ce une prescription de la Facilitation en attendant le relevé officiel des conclusions ?

On retient tout de même de ces sources informelles que le Facilitateur Alpha Condé n’a pas du tout apprécié la non exécution des mesures prises par le Comité de suivi lors de sa réunion du 23 septembre dernier à Lomé, notamment la non recomposition paritaire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). La rencontre aura aussi permis de noter le rôle obscur des représentants de la CEDEAO, notamment son représentant permanent Garba Lompo. En termes de décisions, il nous est revenu que les deux Facilitateurs devraient personnellement venir à Lomé pour faire matérialiser les décisions du Comité de suivi du 23 septembre dernier. Il serait également envisagé la reprise du recensement électoral, le report des élections…

Drôle de silence au sein du sérail

Le régime n’a certes pas l’habitude d’organiser formellement des conférences de presse pour faire un compte rendu des échanges dans le cadre de ce processus électoral et de sortie de crise. Les rares qui sont tenues, le sont avec des médias triés sur le volet, avec pour objectif de faire plus de la communication politique que de l’information formelle. La forme de communication privilégiée, ce sont généralement les interventions médiatiques de ses porte-voix au travers des émissions sur les radios.

Selon les informations, c’est depuis le lundi 5 novembre que la délégation du gouvernement ou du pouvoir RPT/UNIR – c’est selon, les deux entités sont souvent confondues – est rentrée à Lomé, juste après avoir échangé avec le Facilitateur Alpha Condé. Elle aurait même usé de subterfuges pour refuser une réunion en plénière avec l’opposition et ainsi rentrer au pays. La délégation de la Coalition de l’opposition n’a rallié Lomé que mardi tard dans la nuit. Et en termes d’informations, ses membres ne pouvaient vraiment en donner que le lendemain, c’est-à-dire mercredi. En clair, la délégation du régime avait banalement 48 heures d’avance sur celle de la C14.

Le bon sens aurait voulu que le pouvoir communique sur le contenu des échanges et les décisions prises, avant même le retour des émissaires de l’autre partie prenante. Mais jamais il n’a pipé sur les échanges de Conakry. Pas de conférence de presse, ni d’intervention médiatique de ses porte-voix. Aucun mot jusqu’à ce vendredi. Ce sont juste les caisses de résonance qui essaient de distiller certaines informations présentées comme obtenues de l’entourage de Faure Gnassingbé. Mais à l’analyse, elles se veulent juste destinées à rétorquer aux informations ventilées par des sources proches de la Coalition de l’opposition, à leur tordre le cou, comme pour ne pas laisser la C14 monopoliser la tribune médiatique. On parle de « diversion de la Coalition pour redonner espoir à ses troupes », évoque de prétendues excellentes relations entre Faure Gnassingbé et Alpha Condé pour alléguer que le Président guinéen n’a jamais été courroucé par le refus du pouvoir de mettre en œuvre les décisions de la 2e réunion du Comité de suivi, profite pour réitérer les positions de force, à savoir que le recensement ne sera pas repris pour « faire plaisir » à la Coalition, les élections ne seront pas repoussées, etc.

Pour les observateurs avisés, ce mutisme du pouvoir est suffisamment parlant sur le contenu des échanges à Conakry. Les choses n’auraient manifestement pas arrangé le régime. « C’aurait été le contraire, c’est le pouvoir en place qui enverrait en premier ses grandes gueules sur les médias avant même le retour de la délégation de la Coalition à Lomé, pour dire à l’opinion ce qui s’est réellement passé à Conakry. La déception du pouvoir est d’autant plus grande que c’est Alpha Condé, leur homme dans la Facilitation, qui a eu des mots durs à leur endroit. Le coup a été dur à encaisser. Ils avaient tout prévu, lundi était le délai de clôture des dépôts des candidatures aux législatives, mais Condé remet en cause leur plan (…) Peut-être que le pouvoir attend une sortie officielle de la C14 avant de construire sa ligne de défense », commente une source, qui redoute tout de même qu’il ne soit en train de « mijoter un coup foireux pour reprendre la main ».

 

Tino Kossi

 

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