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Togo : La branche Daté du CAR se fait le porte-voix de la dictature

«Tout est permis en faveur de sa propre cause, même la mauvaise foi» (Henri-Fréderic Amiel)
Le mandat des députés « nommés » de la législature actuelle est arrivé à son terme le 31 décembre 2023. Entrainant une double vacance constitutionnelle et institutionnelle. Une crise de légitimité des députés sujette à diverses interprétations selon qu’on est du camp présidentiel ou de l’opposition.
Tout le monde connaît les raisons pour lesquelles les élections législatives n’ont pas été tenues dans les délais constitutionnels. A cause de l’obstination du gouvernement à organiser les élections sur fonds propres. Or c’e sont les fonds qui manquent le plus au Togo. Des milliards sont cachés dans les maisons ou dans les paradis fiscaux pendant que la trésorerie est en grande souffrance.
Jusqu’à un passé récent, en 2013, les élections au Togo ont toujours été financées par les partenaires, notamment l’Union européenne et le PNUD qui, en contrepartie, exigent un droit de regard sur le processus électoral, en dépêchant dans le pays une Mission d’observation électorale (Moe). A la fin, des recommandations sont formulées pour permettre de corriger les imperfections et améliorer les échéances futures.
Il est de notoriété publique que le régime en place depuis 60 ans, très impopulaire, vomi, désavoué par les populations, ne peut organiser une compétition loyale, légale pour obtenir le suffrage des citoyens. Il a cette fâcheuse tendance à toujours tricher.
De fait, la fraude électorale est et reste son ADN, sa marque de fabrique, son pilier. «Plus un pays est corrompu, plus les risques de fraude sont élevés », relevait à juste titre Transparency International. .
Pour pouvoir perpétrer en toute quiétude les braquages électoraux sans avoir à subir les remontrances et autres remarques désobligeantes des partenaires, le régime de Faure Gnassingbé a décidé dorénavant de financer les élections par ses propres moyens et de les organiser à huis-clos. On se rappelle même que lors des élections présidentielles de 2015 et 2020, à cause des velléités de fraudes, l’Eglise catholique n’avait pas été autorisée à déployer ses observateurs électoraux dans les bureaux de vote.
Le pays n’a pas de moyens pour organiser les élections. Mais il ne peut pas non plus se tourner vers les traditionnels partenaires financiers. La dernière sortie de Robert Dussey à la tribune des Nations Unies où il s’est violemment attaqué aux occidentaux, n’est pas pour arranger les choses.
Alors concernant l’organisation des élections, le régime tâtonne, adopte la marche de l’écrevisse : un pas en avant, au moins deux pas en arrière. Lors de son discours de Nouvel An le 31 décembre 2022, Faure Gnassingbé avait assuré la tenue des élections législatives et régionales en 2023.
« L’année 2023 sera également une année électorale. Les préparatifs par la Commission électorale nationale indépendante et les autres institutions impliquées sont en cours…Les conditions sont ainsi réunies pour des élections apaisées. Je forme donc le vœu que chacun puisse jouer son rôle dans le respect du cadre républicain fixé, pour la réussite de ces deux scrutins », avait déclaré le Chef de l’Etat.
Puis fin 2023, il instruit le gouvernement de prendre toutes les mesures pour permettre d’organiser les élections au plus tard à la fin du premier trimestre 2024. Nouvelle surprise, le régime passe par le Comité d’action pour le renouveau (CAR) qui suggère que toutes les élections soient regroupées en 2025. « Les élections coûtent cher et c’est le contribuable qui paye. C’est aussi très cher pour les partis politiques. Regrouper les scrutins est aussi une façon de moins dépenser », tente de justifier Yao Daté, le président du CAR.
Or on sait tous et le CAR le sait aussi que c’est le refus du régime d’organiser des élections dans les règles de l’art, c’est-à-dire de manière transparente, démocratique, juste et équitable qui a entrainé cette situation. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.

 

Médard AMETEPE

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