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Togo : Les dessous du dernier concours de recrutement d’enseignants fonctionnaires

Y aura-t-il un jour où les concours brilleront par un excès de transparence au Togo ? En attendant ce moment, le dernier concours des enseignants dont les résultats ont été proclamés n’aurait pas dérogé à la vicieuse règle de la corruption. Sans aucune liste affichée sur laquelle ils devraient figurer, des candidats non admis auraient été contactés au téléphone pour rejoindre les centres de formation actuellement.
Dans un communiqué daté du 4 janvier, Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail et des Lois sociales a informé les candidats au concours national de recrutement de fonctionnaires enseignants du préscolaire, primaire et du secondaire général, technique et professionnel, session du 2 septembre 2023 des résultats et de la liste des candidats déclarés provisoirement admis. Il a précisé que « les résultats définitifs seront déterminés et proclamés à l’issue de la formation et des évaluations par les services compétents ».
Et en pleine année scolaire, nombreux sont les établissements scolaires qui ne savent plus où donner de la tête. Parce que dans certains, ce sont le directeur et son adjoint qui ont réussi ; ailleurs, ce sont les enseignants du CM1 et du CM2 qui ont abandonné les élèves. Dans d’autres établissements, il y a plus d’une dizaine d’enseignants qui ont déserté les classes. La raison ? Les autorités ont lancé la formation des candidats depuis lundi 15 janvier pour une durée de trois semaines, sans accompagnement aucun.
Nous avons fureté dans certains établissements dans la semaine et avons constaté que la promiscuité qu’on cherche à éviter dans les salles de classe est de retour. Car, pour pallier par exemple le départ des enseignants en pleine année scolaire, des fondateurs sont obligés de jumeler les classes afin que les élèves soient tenus par le reste des enseignants. Mais où trouver des remplaçants?

Quand le ministère bloque la délivrance des autorisations d’enseigner
Les candidats qui reviendront de la formation sont-ils assurés que des rappels leur seront effectués côté salarial lorsqu’ils seront déployés plus tard ? Pour ceux qui disposent déjà d’autorisation d’enseigner, le problème ne se pose pas. Mais dans le cas contraire, la pilule pourrait être amère pour ceux qui n’en disposent pas. Car sans cette autorisation, le ministère dira que l’enseignant n’a pas déjà servi ailleurs pour prétendre à des rappels de salaire. Or, il se trouve que quand dans la constitution de leurs dossiers, il est bien inscrit que ce document doit y figurer.
Durant notre tournée, nous avons appris qu’un contrôle est en cours dans les établissements privés du Togo. Et les contrôleurs enjoindraient aux promoteurs des établissements scolaires de présenter ou de mettre à disposition dans un délai de trois mois, les autorisations d’enseigner que le même ministère rechigne à délivrer aux établissements qui en ont fait la demande depuis des mois. Comment comprendre cet état de chose autrement que sous le prisme de tracasseries imposées aux promoteurs d’écoles ? Sans ce document, le ministère pourrait faire des misères aux établissements, mais c’est le même ministère qui débauche les enseignants à l’issue de concours.
Des non admis ont été appelés au téléphone pour rejoindre la formation
On le disait plus haut, il y a comme un air de corruption dans les résultats. A fortiori. Des éléments de preuve nous confortent que des candidats n’ayant pas été déclarés admis, se retrouvent actuellement parmi les admis qui suivent la formation dans les régions respectives du Togo.
A en croire des sources, des recalés auraient été contactés par téléphone lundi, jour de début de la formation, pour rallier sans tarder les centres. « Après affichage des résultats, notre collègue [Ndlr, nous taisons le nom pour le moment] n’a pas réussi ; et il a repris le travail. Mais lundi dernier, il nous a fait savoir qu’on l’a appelé pour lui demander de se présenter au ministère de tutelle. Il a alors laissé les cours pour s’y rendre. Nous apprendrons plus tard dans la soirée qu’à son arrivée au ministère, on lui a dit de rejoindre les autres pour la formation au camp Gnassingbé Eyadema, et c’est ainsi qu’il n’est plus revenu. Et pourtant, il a échoué », nous a rapporté une source au sein d’un établissement scolaire.
Si dans le Grand Lomé, cette pratique a été constatée, il n’y a pas de raison qu’ailleurs sur toute l’étendue du territoire national, elle ne soit pas étendue. Par téléphone, des candidats ayant échoué au concours ont été appelés pour intégrer les rangs des admis. Les ministres Dodzi Kokoroko et Gilbert Bawara le savent-ils ?
Pour nous en convaincre, nous avons appelé le Directeur régional de l’éducation de la Maritime, Gadewa Mawouna, sans réponse. Nous lui avons laissé un message auquel il n’a pas non plus répondu.
Lorsque nous avons contacté un personnel du ministère pour l’informer de ce qui se passe et lui avons confié que le nom d’un DRE a été cité, voici sa réaction : « J’espère que ce n’est pas l’hyper zélé de Grand Lomé! ». « Il dérange les chefs d’établissements et les inspecteurs alors qu’il n’est pas un parangon de vertu », a assuré notre source.
Combien sont-ils à avoir été appelés et à suivre la formation pour être intégrés dans la fonction publique ? Faut-il toujours que les concours soient entachés d’irrégularités dans un secteur qui éduque les enfants, relève de demain ?
Godson K.

 

 

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