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Faure Gnassingbé au pied du mur

« Les détenteurs du pouvoir sont portés à en abuser et cela se vérifie d’autant plus que leur présence au pouvoir est longue. C’est dire que l’usure du pouvoir peut conduire au despotisme, au clanisme et à l’inefficacité » (Mahammadou Issoufou)

Le troisième mandat ne passe plus. Pour éviter des coups d’État militaire et les insurrections susceptibles de plonger la région oeust-africaine déjà meurtrie par le terroisme dans le chaos, de plus en plus, des voix s’élèvent pour fustiger le troisième mandat. Il faut mettre fin à cette folie. L’intégration démocratique et la stabilité régionale passent nécessairement par la limitation des mandats présidentiels. Instruits par le putsch en Guinée qui peut faire tâche d’huile dans d’autres pays, Nana Akufo-Addo, Muhammadu Buhari mais aussi le parlement de la CEDEAO exhortent les pays à revenir aux fondamentaux de la démocratie afin que la la région soit gouvernée conformément aux principes de démocratique, d’Etat de droit et de bonne gouvernance, avec pour soubassement une gestion alternée du pouvoir politique au sommet de l’appareil étatique.

Il y a deux ans, des anciens chefs d’Etat africains ont estimé que la suppression de la limitation du mandat sape la confiance des populations, accroît la concentration du pouvoir entre les mains d’un ou d’une poignée d’individus et réduit de ce fait l’espace politique. Cette tendance entraîne finalement des risques accrus de tension, de violence politique et même de conflits civils.

En 2015, la Commission de la CEDEAO avait décidé à Accra au Ghana, d’imposer l’alternance démocratique dans les quinze pays membres, à travers l’examen du protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie qui exigeait que tous les Etats membres harmonisent leur législation afin de prévoir un maximum de deux mandats présidentiels. Tous les dirigeants avaient approuvé cette décision sauf un certain Faure Gnassingbé.

C’est le même dirigeant togolais qui, après s’être catégoriquement opposé à la limitation du mandat présidentiel, initia le syndrome du troisième mandat avec la remise du compteur à zéro et une drôle de manière de compter les mandats présidentiels où le troisième et le quatrième mandats deviennent le premier. Cette pratique antidémocratique qui a pris corps à Lomé et s’est étendue dans d’autres pays, est mal perçue aujourd’hui dans l’espace communautaire.

Le 12 octobre dernier, le parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a organisé à Winneba au Ghana, un séminaire de haut niveau sur les systèmes électoraux en Afrique de l’Ouest. En marge de cette rencontre, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a appelé à l’interdiction du 3ème mandat, seule manière selon lui d’éviter de plonger la sous-région dans l’instabilité politique.

A maintes reprises, le président nigérian Muhammadu Buhari est aussi monté au créneau pour rappeler ses pairs à l’ordre. Il les a exhortés au respect des règles démocrattiques et a également insisté sur la nécessité de garantir des élections libres, justes et crédibles. Pour lui, c’être le socle de la démocratie qu’il faut soutenir dans notre sous-région, de la même façon que le respect de l’état de droit.

Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara qui sont les seuls chefs d’Etat à faire de la résistance, vont-ils rentrer dans les rangs pour permettre à la CEDEAO considérée naguère comme un bassin de démocratie sur le continent, de retrouver son lustre d’antan ?

Médard AMETEPE

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