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Retour en grâce de l’ancien ministre grand format

«On ne satisfait les rêves que par le mensonge, la duperie. La politique ne réussit que par duplicité » (Ahmadou Kourouma)
1er septembre 2012. Coup de tonnerre dans un ciel serein à Lomé. Le tout-puissant ministre de l’Administration territoriale, faiseur de roi et maître à penser du régime, Pascal Bodjona, est arrêté. Sous le couvert d’une sombre affaire d’escroquerie internationale envers l’homme d’affaires émirati Abbas Youssef, propriétaire de la société pétrolière Pilatus Energy. Il passera plusieurs mois dans les geôles de la dictature.
De fait, de bonnes sources, on avait appris que Faure Gnassingbé mûrissait l’arrestation de l’homme fort de l’exécutif dont l’ascension dans les cercles de pouvoir était de plus en plus mal vue. Tombé en disgrâce et évincé du gouvernement, Pascal Bodjona vivait reclus dans sa maison à Cacaveli à Lomé. Dans l’attente de son arrestation, une cellule avait même été aménagée à la prison civile d’Atakpamé pour lui, avant d’être finalement déposé à la prison civile de Tsévié.
Plusieurs motifs avaient précipité la chute de l’ancien ministre grand format. D’abord, il s’était fait des ennemis dans le cercle du pouvoir, en entretenant de franches inimitiés avec certains faucons du régime à l’instar d’Ingrid Awade, Yotroféi Massina, Gilbert Bawara qui va lui succéder au portefeuille de l’administration territoriale, Pitchang Tchalla, ou encore l’inoxydable conseiller de Faure Gnassingbé, Charles Debbasch qui avait aussi pris ses distances avec lui.
De plus, la proximité de Pascal Bodjona avec son frère, le richissime homme d’affaires togolais Sow Bertin Agba et surtout avec certains ténors de l’opposition, agaçait énormément la présidence. Pascal Bodjona sera accusé de nourrir des ambitions présidentielles, ce qui est un crime de lèse-majorité. Ne devient pas président au Togo qui veut ! Il aura payé très fort cette ambition supposée.
Il avait été rapporté à l’époque que deux sécurocrates de Faure Gnassingbé, responsables des services secrets, avaient présenté au chef de l’Etat, des documents compromettants dévoilant les ambitions présidentielles supposées de son bras droit, ainsi que ses relations ambiguës avec certains responsables de l’opposition. Sa chute fut fracassante. Tiré à hue et à dia, il passera plusieurs mois en prison avant d’être élargi. Mais il n’était pas au bout de ses peines. Il sera empêché en 2019 de se présenter aux élections à travers des montages grotesques.
Mais l’apparition de Pascal Bodjona quelques mois plus tard, le 3 mai 2020, à l’investiture de Faure Gnassingbé pour son 4ème mandat, a fini par convaincre nombre de Togolais que le divorce n’était pas totalement consommé. Il revient aux affaires de manière triomphale. Il a été nommé le 29 décembre 2023 dernier, conseiller spécial chargé affaires politiques. Peut-être le poste le plus important de toute la galaxie.
En fait, certains croient savoir que c’est lui qui sera chargé de mettre en place et de perpétuer toutes les pratiques et les stratégies politiques qui permettront l’enracinement du régime et son maintien ad vitam aeternam. L’avenir nous le dira.
Médard AMETEPE

 

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