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L’enfer sur les routes togolaises/Kara-Kabou : un piège « sans fin ! »

Là-bas, c’est une question de vie ou de mort ! Vitesse maximale limitée à 20km/h, si vous tenez à votre vie. Plus de deux heures d’horloge, pour ramper sur une cinquantaine de kilomètres ! Emprunter ce calvaire de « chemin de croix » et pouvoir arriver à destination relève du miracle. Il faut rendre grâce à Allah ou à Jésus, ou encore à ses ancêtres,  si vous réussissez ce pari fou.

La voie dont nous parlons a été « bitumée » autour de 1984. Plus de 35 ans après, aucun entretien sérieux n’y a été effectué. Les colmatages ça et là ont offert plutôt l’occasion de ces Messieurs-routes du Togo de faire main basse sur les sous des caisses de l’Etat. Et quand ils (nos dirigeants) disent vouloir « arranger », c’est pour jeter des millions en l’air, pour qu’ils soient captés par leurs frères et amis tous devenus entrepreneurs, par la force des choses, sans aucune qualification dans le BTP. Et tout cela avec donc, en arrière plan, des retro-commissions, des dessous de table sur des marchés qui n’en sont pas du tout. La stratégie de ces entrepreneurs-collaborateurs des décideurs consiste à « boucher » un trou sur trois, pour que la dégradation intervienne dans les délais les plus brefs, avec la bénédiction de contrôleurs qui sont des partenaires de leurs projets. Rien de sérieux sur le terrain !

Conséquence sur la piste Kara-Kabou : on en revient souvent estropié ; et c’est ce qu’on ne vous dit pas ! Un usager nous a confié : « chaque trou sur cette voie est une véritable tombe, et ces tombes sont alignées de Kara jusqu’à Kabou, et même après Bangéli jusqu’à la frontière avec le Ghana ». Nous sommes dans la région de La Kara. Sur ce tronçon, c’est chaque jour avec son lot de morts, de voyageurs qui se retrouvent avec des membres fracturés et/ou fracassés, des blessés de tout genre, que le CHU de Kara peine à soigner ! Et quand le traitement des pauvres populations nécessité un scanner, ces indigents doivent réunir des montants colossaux pour franchir la frontière du Bénin, pour un scanner à Djougou. Le monde à l’envers ! Ce sont plutôt ces pauvres innocentes populations, victimes de l’inconscience et des mauvais choix de leurs dirigeants, qui devraient bénéficier des évacuations sanitaires, et non leurs bourreaux qui se délectent sur le dos des paisibles populations. Et il urge que l’Etat français (et les pays d’accueil de ces dirigeants africains) cesse de laisser soigner les bourreaux des peuples africains sur leurs sols ! Les dirigeants africains malades devraient être confinés dans leurs propres pays pour toutes sortes de maladies, même les plus graves, dans les équipements qu’ils ont construits eux-mêmes pour leurs peuples respectifs. Ils sont aussi Togolais ! Ce n’est pas l’exercice du pouvoir qui les prédispose à des cancers, maladies du foie ou autres !

Quant à votre engin sur le chemin Kara-Kabou, il vous faut, à  votre retour (Inch Allah !), rentrer au garage pour vous faire remplacer les rotules, les biellettes et surtout vos amortisseurs, puisque la profondeur des gîtes d’éléphants (on ne peut parler ici de nids de poules !) retient net la roue avant de votre engin. Vous avez chance si celle-ci n’explose pas, pour vous jeter dans la brousse, avec peut-être votre conjointe ou même fréquemment votre enfant, si vous voyagez à moto.

Les riverains sont habitués aux explosions de roues qu’ils assimilent à des bombes. Un enseignant en poste à Sanda Kagbanda ironise : « on dirait qu’on est ici dans un champ de tirs ! », car les explosions de roues d’engins sont légion et font partie du quotidien de ces populations. C’est ça le lot quotidien des populations du Centre-ouest du Togo et des commerçant(e)s de la région. Un cas très triste qui a marqué plus d’un à Niamtougou et à Bassar, c’est la mort d’un jeune : le comptable du C.E.G Bassar-ville a trouvé la mort en février dernier entre Kara et Kabou, sur sa moto que ses maigres économies lui ont permis d’acheter. Le jeune homme retournait à son poste après avoir assisté aux obsèques de son oncle à Niamtougou. Voilà comment on prend soin d’une population !

L’auteur des présentes lignes parlait de cette voie quand un de ses amis lui a rapporté que la semaine dernière, un agent d’une société publique à Kara a vu le pneu de sa moto éclater à hauteur de Wélou, à 8 km environ de Kara. Sa cheville est pratiquement broyée ; l’homme « marche » sur deux béquilles aujourd’hui ! Gilchrist Olympio – du haut de sa lucidité dans les années 90 – avait déclaré, dans une critique adressée à Gnassingbé-Père ceci : « même un mort, c’est déjà trop ! » Le Togo n’a-t-il pas besoin de tous ses fils ?

C’est pourtant sur l’axe Kabou-Kara que la préfecture de La Kozah s’approvisionne en vivriers, à partir de Guérin-Kouka, Bangéli et Bassar, des localités dont le labeur des populations ravitaille aussi Lomé. Et comme le malheur n’arrive jamais seul, les conducteurs de la centaine de camions, semi-titans et titans dont dispose la Préfecture de Bassar éprouvent les mêmes difficultés pour rallier Sokodé.

Depuis que la Première Ministre, Madame TOMEGAH, s’est illustrée devant les caméras de sa TVT comme n’étant pas capable, physiquement, de soulever une pioche pour donner le premier coup (de pioche) à Sagbadéi (une bourgade de Sokodé), sa nonchalance a gangrené le démarrage des travaux de bitumage de la route Sokodé-Bassar : les travaux sont au point zéro. Ce geste du Chef du Gouvernement peut être interprété comme une véritable insulte, doublé d’un mépris, à l’endroit des artisans qui travaillent quotidiennement avec ce matériel : maçons, puisatiers, etc. C’est dire que notre PM n’a jamais utilisé une hache pour fendre le bois de chauffage. Comprenons qu’elle est née avec une cuillère dorée dans la bouche ! Mais…, passons !!!

Un conducteur de camion 10 roues (comme on le dit vulgairement) nous a confié à Lomé : « je ne comprends pas pourquoi certaines routes ne sont jamais concernées par l’entretien routier. Pourtant, ils parlent de SAFER (pour l’entretien routier) ! Difficile d’entrer par Sokodé, difficile de sortir par Kara. Vers le Ghana aussi c’est pire jusqu’à la frontière. Et ce n’est pas seulement chez moi, c’est la même chose partout. Pour nos gouvernants, il n’y a que Lomé-Cinkassé ». Le milieu décrit est donc devenu un isolat. Un autre chauffeur à côté prit la parole : « j’étais à un enterrement à Sokodé en février dernier. Quelle n’a été mon exaspération quand j’ai vu l’état de dégradation de la route qui mène à Tchamba. La circulation est horrible déjà dès la ville de Sokodé ; même scénario au carrefour de Kabou à Kara, où il est difficile de rouler une fois que vous quittez la route internationale, en allant vers Don Bosco ».

Comment expliquer ce désintérêt total pour les besoins primaires et essentiels des populations, en particulier le droit et la liberté  de circuler en sécurité. Comment justifier les frais de péages dont la fonction est d’entretenir les routes togolaises, pas seulement Lomé-Cinkassé ? Où va cet argent ? Combien payent les Togolais par jour, par mois, par année ? Une redevabilité des comptes s’impose. En sera-t-il de même des taxes sur les véhicules à moteur ? Des bilans séquentiels devraient être communiqués à intervalles réguliers, ainsi que les pistes d’affectation des ressources collectées pour chaque période. Sous d’autres cieux, c’est la confiance en l’utilité et l’utilisation publique des taxes qui motive les peuples à les payer avec joie et sans réserve.

Plus globalement, il urge que l’or de l’humanité connecte ses populations au reste des pays limitrophes. Il est difficile de joindre les pays voisins à partir du nord du Togo. Voyager, c’est s’offrir un plaisir, et non s’imposer un chemin de croix ! Si la plupart des Togolais sont confinés depuis plus d’un demi-siècle dans ce rectangle, faute de moyens suffisants pour sortir, offrez leur le droit et la possibilité de circuler aisément et en sécurité sur la terre de nos aïeux. Les Togolais devraient aussi avoir le droit de voyager par plaisir : c’est ça aussi le déconfinement !

On n’emprunte aujourd’hui l’axe Kara-Kabou que par nécessité : obsèques, raisons professionnelles ou de famille. On en revient avec des jurons, et en maudissant Faure et son Gouvernement qui sont tous insensibles aux douleurs des populations ! Nos routes devraient cesser d’être des mouroirs ou des pièges qui se referment sur les pauvres populations, en raison de la négligence et des mauvais choix des gouvernants, de Gnassingbé-père à Gnassingbé-fils : voilà des gestes barrières aussi ! Il faut des ouvrages de qualité qui puissent défier le temps : c’est ça aussi le vaccin ! Comment comprendre qu’une voie récente qui n’a pas encore dix ans de vie (la route Kabou-Bassar) puisse être déjà dans un état de dégradation avancé ? Et on n’essaye pas de colmater les brèches ! C’est ça notre coronavirus à nous Togolais ! En bons bâtisseurs togolais, il urge que les dégradations soient réparées au fur et à mesure. C’est ce que signifie en fait le mot « entretien » dans votre acronyme SAFER, mes chers dirigeants ! « Apprenons à avoir notre bouche plus près de notre cœur que de notre ventre », avait lâché une fois un opposant togolais, au début du « commencement de la démocratisation du pays ! »

Diwaar Bassar, depuis Lausanne (en SUISSE), de retour du Togo.

 

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