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Ali Bongo, le vainqueur annoncé

« Une dictature est un pays dans lequel on n’a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste pour apprendre le résultat des élections » (Georges Clemenceau)

La semaine prochaine, le 26 août 2023, les Gabonais se rendront aux urnes pour élire celui qui doit présider à la destinée de leur pays pour les 5 années à venir. Plusieurs mois avant la tenue du scrutin, les résultats étaient déjà connus. Le fils du père, Ali Bongo Ondimba est annoncé grand vainqueur.

Le Gabon est une vieille dictature de 56 ans de type monarchiste, avec un pouvoir passé de père en fils où on a fait sienne cette philosophie selon laquelle « on n’organise pas les élections pour les perdre ».

Durant son règne au long cours, 42 ans au pouvoir, Bongo père avait «remporté » systématiquement toutes les élections jusqu’à sa mort sur le trône en 2009. Le fils, Ali Bongo, qui a capté le pouvoir perpétue le règne héréditaire sur le Gabon. Foncièrement hostile aux valeurs de démocratie et de l’alternance, son seul souci est de demeurer au pouvoir et de se ménager la présidence à vie comme son géniteur. Après deux faillites électorales et démocratiques en 2009 et en 2016, où il a été fortement contesté dans les urnes, Ali Bongo est candidat à sa propre succession pour un troisième mandat.

Foudroyé il y a cinq ans par un accident vasculaire cérébral (AVC) dont il traine toujours de graves séquelles, Bongo fils que les détracteurs qualifient de « zombie vivant », ne dispose pas de toutes ses capacités physiques, intellectuelles et mentales à diriger le Gabon. Si lui-même se fait violence à trémousser nonchalamment au milieu de ses partisans, pour prouver à ses contempteurs qu’il se porte comme un charme, il est de notoriété publique qu’il ne va pas bien. Il montre des signes ostentatoires fébrilité physique. Il n’a pas récupéré totalement sa motricité. Ses jambes le portent difficilement et il doit se déplacer de manière souffreteuse au rythme d’une canne. Son élocution est éraillée…L’état de santé d’Ali Bongo est au centre des débats et des controverses.

N’empêche, à l’unisson, les médias surtout occidentaux annoncent à grands renforts de publicités qu’il est le « grand favori », « indiscutable favori » pour la présidentielle du 26 août. Une manière de préparer les esprits à leur faire avaler une énième forfaiture électorale.

Comme dans toutes les tyrannies, Ali Bongo à l’instar de son père, n’ont jamais gagné une élection démocratiquement dans les urnes. Avec toutes les institutions chargées ou impliquées dans l’organisation des élections à leurs bottes, leur régime est fondé sur  un jeu aux règles faites sur mesure pour sa perpétuation, « pile, je gagne ; face, tu perds ». Un jeu sans alternance possible.

Voici comment Tierno Monénembo caricature les élections dans les satrapies africaines : « Le parti unique n’est plus, mais le rituel culte du chef est toujours là. Le chef ne cède pas, le chef ne se résigne pas. Il est sans égal, sans devancier et sans successeur. Pour lui, impossible d’accepter une défaite, fût-ce celle des urnes ! Ne lui parlez surtout pas d’alternance. Et puis, il est pressé, notre chef. Le second tour, c’est trop long. Il veut tout de suite le premier coup K.-O»

Il va de soi que le scrutin du 26 août soit remporté haut les mains et frauduleusement par Ali Bongo. Une élection qui est couplée avec les législatives et les municipales. « Mais la chose la plus absurde de cette élection à venir est sans doute le bulletin de vote présenté comme un « bulletin unique» qui est d’une absurdité sans commune mesure. En effet, contrairement aux autres bulletins uniques que l’on peut voir dans d’autres élections, celui qui sera utilisé au Gabon oblige l’électeur à choisir un député et un président du même camp. Par exemple, lorsqu’un électeur veut voter pour un député du Parti Démocratique Gabonais (PDG – au pouvoir depuis 1967) il est contraint de voter pour Ali Bongo qui est sur le même bulletin unique. Il suffisait de l’inventer », décrit le confrère Mondafrique.com.

Bienvenue au Gabon des Bongo!

Médard AMETEPE

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