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UTB : perturbations ou piratage du réseau informatique ? D’importantes sommes seraient soustraites

Il y a une semaine, nous alertions sur des perturbations du réseau informatique de l’Union togolaise de banque (UTB). En réalité, il s’est agi d’un piratage du système de cette banque ; et le constat serait très amer, puisqu’on parle de la disparition de près d’un milliard FCFA. Mais la direction générale s’est malheureusement contentée d’un vague communiqué, comme si ce qui s’est passé était bénin.

L’argent n’aime pas le bruit, dit-on. Mais quand des failles dans le système informatique d’une banque permettent aux esprits mal intentionnés de ponctionner des sommes colossales, il y a lieu de s’interroger sur les responsabilités. Et pourquoi pas, sur les possibles collusions qui pourraient avoir permis à la forfaiture de se produire.

Dans notre parution n°3771 du 12 janvier 2023, nous annoncions des « perturbations du réseau informatique de l’UTB », suite aux informations primaires qui étaient en notre possession.

« Hasard, coïncidence ou planification ? Sans avoir averti au préalable les clients d’une quelconque perturbation de son réseau informatique, l’Union togolaise de banque (UTB) a envoyé hier un message énigmatique à ses abonnés pour les informer de la reprise de ses services. « L’UTB vous présente ses excuses suite à des perturbations de son réseau et vous informe de la reprise de ses services. Votre satisfaction fait notre réputation », tel est le message envoyé aux abonnés depuis celui de vœux le 1er janvier 2023. Si nous nous interrogeons sur le moment de la survenue de ce problème, c’est parce que des clients nous ont appris que c’est depuis le 27 décembre 2022 que le système informatique aurait été victime d’un vaste piratage », alertions-nous.

Notre confrère « La Nouvelle Tribune » vient de confirmer nos appréhensions. Voici ce qu’il en dit : « Si certains parlent d’un montant de plusieurs centaines de millions volatilisés, d’autres évoquent une somme proche du milliard de francs CFA…Apparemment, l’intrusion dans le système a commencé depuis un petit moment, mais les informaticiens n’ont pas pu s’en rendre compte. En voyant certaines transactions élevées récurrentes et suspectes, GIM-UEMOA avait même alerté le responsable du service monétique qui était en congé», a confié une autre source proche de la banque, selon le confrère qui poursuit : « Un mail a été envoyé au Directeur Informatique qui aurait répondu en disant que tout allait bien. Il ne reconnaît plus avoir envoyé ce mail. Ça voudrait dire que le virus aurait également pris le contrôle de sa boîte mail. Les pirates auraient répondu à sa place en disant que tout était OK».

La source du confrère pense que « les hackers auraient probablement pris le temps de scruter le système monétique de l’UTB et d’en découvrir les failles, avant de passer à l’action. Ils auraient même créé des comptes qu’ils auraient rattaché à des numéros de carte bancaire qui auraient servi à faire de multiples transactions, après avoir changé les plafonds de retrait quotidien à 30 millions FCFA. Ils auraient piraté plusieurs cartes bancaires pour faire d’importantes opérations entre le 31 décembre 2022 et le 02 janvier 2023 ».

Citant un financier, « La Nouvelle Tribune relate » que « Quand les hackers avaient commencé à changer le solde des comptes, ils ont cru que c’était un informaticien en interne qui faisait des malversations. Ils n’ont pas vite compris que c’était une intrusion externe dans le système informatique. Lorsque le top management d’une banque hésite à investir pour renforcer le service monétique et la sécurité des systèmes d’information, les conséquences sont ravageuses.».

Trop de largesses et de failles dans cette banque

A-t-on encore besoin de comparer cette structure bancaire à un colosse aux pieds d’argile ? Les scandales se suivent et se ressemblent. Sauf que la direction générale ne semble pas prendre la mesure de l’urgence.

Des sommes qui disparaissent des comptes de clients, l’UTB en est friande. Il suffit de revisiter son passé et certaines de nos parutions. Même dans un droit de réponse adressé à notre journal, la direction générale elle-même a reconnu des pratiques anormales de certains de ses agents.

Cette banque est actuellement en procès avec un de ses clients dont le compte courant ne souffre pas d’anomalies, mais auquel la banque réclame plus de 500 millions FCFA au titre de « déblocages automatiques » sans la demande du client et à son insu. Et, tenez-vous bien, ces déblocages automatiques seraient effectués sur un compte autre que celui du client.

Condamnée à reverser les montants indûment prélevés sur le compte du client, et à lui verser des dommages intérêts, l’UTB s’est depuis lancée dans un dilatoire peu honorable, avec l’aval de la Cour d’appel de Lomé. Quelle crédibilité accorder à une banque dans laquelle l’argent des clients ne peut plus être sécurisé ?

Et dans cette situation, c’est surtout le silence coupable de la direction générale qui surprend. A moins que l’Etat togolais commandite un audit sur les pratiques qui ont cours au sein de cette structure bancaire, on peut dire que celle-ci n’est pas au bout de ses peines.

Godson K.

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