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Mahamadou Issoufou quitte le pouvoir la tête haute

« Le leadership nouveau qu’attendent fébrilement les Africains passe nécessairement par la clarté du verbe, la lucidité et le courage du discours » (Jean-Baptiste Placca)

Le bon démocrate se voit à l’épreuve du pouvoir. Le président nigérien Mahamadou Issoufou est pour la jeunesse africaine un modèle aujourd’hui qui incarne les valeurs de démocratie et d’alternance. Malgré la forte tentation des dirigeants à se maintenir au pouvoir, Mahamadou Issoufou est le seul dirigeant à rester cohérent dans ses discours, actes et principes. Il avait à maintes reprises réitéré qu’il respecterait la Constitution de son pays et qu’il céderait le pouvoir au terme de ses deux mandats présidentiels. Il a mis un point d’honneur à respecter sa parole d’homme d’Etat.

« Je suis fier d’être le premier président démocratiquement élu de notre histoire à transmettre le pouvoir à un autre président démocratiquement élu. La transition est en cours. La passation pacifique qui a fait défaut au Niger depuis des décennies va avoir lieu. C’est un événement majeur dans la vie politique de notre pays », déclarait Mahamadou Issoufou à l’issue du second tour de l’élection présidentielle au Niger.

Même si on note des couacs pour ce second tour marqué par des troubles lors de la proclamation des résultats, des jeunes hommes armés de bâtons sont sortis dans la rue pour manifester leur désaccord avec les résultats officiels, le président sortant Mahamadou Issoufou a fait sa part, en quittant le pouvoir la tête haute. Toutefois, il est de son devoir de s’impliquer davantage dans le processus pour le triomphe de la vérité des urnes pour la consolidation des institutions démocratiques dans son pays et une transition en douceur. Surtout que l’opposition dénonce déjà des fraudes électorales notamment la substitution de PV issus des bureaux de vote par des PV pré-établis, l’achat de conscience, le vol d’urnes, les menaces et intimidations des électeurs et de ses délégués, qui n’ont pas pu accéder à certains bureaux de vote, ainsi que diverses manipulations. Ce serait doublement dommageable pour le Niger déjà meurtri par des attaques terroristes de sombrer encore dans une crise sociopolitique.

Au demeurant, Mahamadou Issoufou demeure le seul dirigeant dans la région ouest-africaine à avoir la tête sur les épaules et à œuvrer véritablement pour l’ancrage de la démocratie dans son pays. Au moment où les autres dirigeants sont presque tous gagnés par le virus de la cupidité du pouvoir.

A commencer par Faure Gnassingbé surnommé à juste titre le « jeune doyen » de l’Afrique de l’Ouest, pour être à la fois l’un des jeunes dirigeants dans l’espace communautaire, mais aussi le recordman en matière de longévité au pouvoir. Faure Gnassingbé qui a succédé en 2005 dans des conditions apocalyptiques à son père qui lui-même avait dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans, est à son quatrième mandat aujourd’hui. Après trois mandats au pouvoir, il a fait tripatouiller, il y a deux ans, la Constitution pour se faire remettre le compteur à zéro et s’octroyer deux mandats supplémentaires jusqu’en…2030.

Faure Gnassingbé sera imité par Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé. Bien que ces vieils hommes se soient publiquement engagés à partir, ils ne se sont guère gênés de modifier la Consitution de leur pays pour s’incruster au pouvoir. D’autres dirigeants nourrissent également l’ambition du troisième mandat.

Mahamadou mérite des lauriers pour son exemplarité. Chose rare aujourd’hui dans l’espace CEDEAO gangrené par une autre pandémie, celle du troisième mandat.

Médard AMETEPE

 

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