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Ghana : Tout commence par le rail

« Sans vision, le peuple périt, mais sans courage, les rêves meurent » (Rosa Parks)

Lorsque les rails passent, le développement suit. Le président du Ghana Nana Akufo-Addo a compris la maxime. Il nourrit de grandes ambitions pour le rail comme un « catalyseur pour la transformation sociale et économique ». Pour ce faire, Nana Akufo-Addo s’est lancé dans un vaste projet de construction et de réhabilitation des rails datant de l’époque coloniale et dégradé à 90% comme dans la plupart des pays africains.

Construction d’une nouvelle ligne ferroviaire entre Manso et la vallée de Huni longue de 78 km, projet d’interconnexion ferroviaire de 1102 km entre le port de Tema et Ouagadougou, devant faciliter le transport de quelque 3 millions de passagers et 17 millions de tonnes de fret par an, construction de la ligne Accra-Nsawam, rénovation du chemin de fer à écartement standard de Kumasi…le président ghanéen est sur tous les fronts pour imprimer sa marque de développement  et changer le paysage urbain des villes.

« L’objectif est désormais de relier Accra à Sekondi-Takoradi dans le sud, Kumasi dans le centre, et plus au nord Tamale, à travers un réseau parcourant quelque 4 000 km », pour un coût total estimé à 21 milliards de dollars, environ 11 000 milliards de FCFA, y inclut la liaison entre le port de Tema et le Burkina Faso. Soit plus de 10 fois le budget annuel du Togo.

On le voit, Nana Akufo-Addo rêve grand, très grand. Et quand on incarne une vision, mais aussi qu’on a de l’ambition pour son pays, on n’a pas besoin de collectionner les mandats présidentiels pour laisser son empreinte. Deux mandats sont largement suffisants.

« Quand on ne sait rien faire, il faut avoir de l’ambition », disait Georges Wolinski. C’est ce leadership, cette ambition qui manque à la plupart de nos dirigeants qui, faute de savoir quoi faire et où aller après avoir quitté le pouvoir, s’y incrustent. Problème, ils ne s’attellent pas au développement de leur pays. Leur génie, n’est pas « d’accomplir quoi que ce soit de grandiose. C’est tout simplement d’être au pouvoir. Et donc gouverner, c’est surtout ne pas gouverner », pour reprendre Achille Mbembe.

De l’ambition, les dirigeants togolais en ont à revendre. En 2013, Faure Gnassingbé avait lancé en grande pompe, le « Fleuve de l’Espérance » qui est un projet ambitieux qui consistait en la construction d’une autoroute reliant Lomé à la frontière du Burkina Faso, et un chemin de fer pour connecter le Togo au réseau ferroviaire de la CEDEAO.

Mais la mayonnaise n’ayant pas pris, les dirigeants sont revenus à la charge en 2019 avec un nouveau défi : connecter le sud au nord par une infrastructure ferroviaire de qualité, avec la construction du chemin de fer Lomé-Cinkassé, à la frontière avec le Burkina Faso. C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat avait effectué une visite de prospection à Shangaï en Chine, où il avait rencontré de potentiels investisseurs en vue de la concrétisation de ce projet inscrit dans le Plan national de développement (PND). Or ce Plan prend fin cette année 2022 et manifestement, le projet ferroviaire ne verra pas le jour.

Il y a deux ans, en 2020, à la suite de la nomination de Victoire Tomégah à la primature, le langage avait changé, on n’a plus évoqué le projet d’interconnexion ferroviaire entre Lomé et le Burkina Faso, mais plutôt la construction de l’Autoroute de l’Unité devant relier Lomé à Cinkasse au nord du pays. A ce jour, ce projet non plus n’a pas démarré. Comme quoi, au Togo, on a d’ambitieux projets qui ne sont réalisés que sur des maquettes…

Médard AMETEPE

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