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Sommet de Lomé, un report inévitable

« Le plus souvent, il faut faire ce qui semble évident. Il faut juste en avoir le courage » (Martin Taylor)

C’était prévisible. A moins que le régime de Faure Gnassingbé ne décide de forcer le destin, le fameux sommet sur les transitions politiques en Afrique et la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest, logiquement, ne devrait pas pouvoir se tenir. Et pour plusieurs raisons.

Le premier sommet sur la cybersécurité que Lomé avait abrité il y a quelque trois semaines, a fait apparaître quelques ombres au tableau. La conférence n’avait pas mobilisé du monde, surtout en termes d’invités de prestige, de casting des VIP attendus. La vingtaine de ministres et de chefs d’Etat annoncé ont brillé par leur absence. Les médias étrangers non plus ne se sont pas bousculés au portillon de notre pays. Sur le plan de la visibilité à l’international, ce fut un échec patent.

Un deuxième échec en l’espace de quelques jours serait une énorme arête en travers de la gorge du pouvoir. Comme le dit l’adage populaire, « une petite honte vaut mieux qu’une grande honte ».

Un autre paramètre à ne pas négliger, le contexte mondial, avec la guerre russo-ukrainienne sur fond de menaces nucléaires de Poutine ne plaide pas en faveur du sommet de Lomé. Le dirigeant russe provoque des céphalées quotidiennes à ses homologues du monde entier -y compris Faure Gnassingbé lui-même- pour qu’ils aient la tête à penser à une conférence sur les transitions politiques et le terrorisme par un régime qui n’est pas un modèle démocratique et qui s’adonne à une politique de terreur sur les populations.

A cela, il faut ajouter la crise économique qui a amené certains dirigeants à se mettre sous un régime de diète. Dans presque tous les pays, ça bourdonne. Et si au lieu de s’atteler à solutionner le phénomène de la vie chère dans leur pays, les dirigeants se mettaient à faire des dépenses pour un sommet qui ne leur rapporterait rien, il y a problème. La probalité était très forte que la conférence se tienne en vase clos comme celle organisée le mois dernier.

La question se pose aussi sur l’opportunité même de ce sommet que, sous le parrainage de l’ONU, le Togo compte abriter. Notre pays qui est la plus vieille dictature en Afrique, faut-il le rappeler, a été le tout premier à inaugurer des coups d’Etat sanglants sur le continent avec l’assassinat du premier président du Togo, Sylvanus Olympio. Un crime odieux qui, comme une tâche de sang, s’est étendu à d’autres pays. Il est le seul Etat à résister aux vastes mouvements démocratiques sur le continent. Laboratoire des pratiques mortifères de la démocratie, le Togo est décrit comme un « Etat pilote et laboratoire de la Françafrique qui s’est vu tolérer toutes les entorses au bréviaire de la démocratie et de la bonne gouvernance ».

Sur le thème de terrorisme, les contempteurs de Faure Gnassingbé n’hésitent pas à lui rappeler le fait que son régime ait instauré un Etat de terreur au Togo, exerçant la violence et la brutalité sur les populations, usant de l’arbitraire et des intimidations au quotidien. De ce fait, certains pensent que le Togo est disqualifié à abriter un tel sommet.

Cette déclaration d’un leader politique résume tout: « Le régime togolais, une dictature qui terrorise sa propre population, n’est pas le qualifié pour organiser une telle conférence avec l’ONU ».

Médard AMETEPE

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