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Incendie au marché de Hanoukopé et promesses d’assistance : Quid des victimes des incendies de 2013 ?

Le dimanche 10 avril dernier, une partie du marché de Hanoukopé (Commune de Golfe 4) a été ravagée par les flammes. Selon les témoignages, les feux ont débuté à la tombée de la nuit au niveau des hangars des plantes médicinales situés à l’aile Est du marché. Heureusement, les volailles ont été épargnées grâce à l’intervention des sapeurs pompiers qui ont réussi, une fois n’est pas coutume, à maîtriser les flammes. Des promesses d’assistance sont faites aux victimes et on se demande si elles vont subir le sort de leurs collègues victimes des incendies criminels des marchés de Lomé et Kara en janvier 2013.

Le lendemain, le maire de la Commune de Golfe 4, Jean-Pierre Fabre, s’est rendu sur les lieux. Il a été suivi, mardi, par une délégation ministérielle conduite par Kodjo Adédzé, ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale. « Dès que le chef de l’Etat, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, a été informé de ce sinistre, il a donné des instructions à Madame le Premier ministre, qui nous a dépêchés sur les lieux », a indiqué le ministre. Ce dernier était à la tête d’une délégation composée de Adjovi Lonlongno Apedo, ministre en charge de l’Action sociale et de la promotion de la femme, Myriam d’Almeida, ministre en charge du Développement à la base et de l’emploi des jeunes, Mazamesso Assih, ministre chargée de l’Inclusion financière et de l’organisation du secteur informel ainsi que du Préfet du Golfe, le Commissaire Divisionnaire de Police Kossi Dzinyefa Atabuh.

On retient de la déclaration du ministre du Commerce que si le chef de l’Etat n’avait pas donné les instructions, il ne se serait pas déplacé. Au Togo, les ministres ne réfléchissent que lorsque Faure Gnassingbé leur en donne l’ordre. Ainsi, avec les nombreuses visites des délégations aux victimes de l’incendie, on a compris que les rivalités politiques s’affirment toujours, même dans les situations où elles ne devraient pas. Si l’incendie s’était produit dans le Golfe 3, 5 ou 7 par exemple, on aurait vu maire et délégation ministérielle bras dessus, bras dessous parce qu’ils sont du même bord politique. C’était l’aspect politique de la chose.

Sur le plan social, on retient que la délégation gouvernementale et celle de la mairie ont promis venir en aide aux victimes, sans en dire plus. Pour sa part, le gouvernement a annoncé « de futures actions d’accompagnement et d’atténuation de l’impact de cet incendie au profit des victimes ». Vivement qu’ils accomplissent leurs promesses parce que le Togo est sous un régime dont l’un des principaux traits caractéristiques est la mythomanie. Il y a quelques semaines, le ministre Adédzé a promis une batterie de mesures pour atténuer le phénomène de la vie chère, mais il est revenu avec une mesure partielle ne concernant que la Taxe sur les véhicules à moteurs (TVM) pour certaines catégories de véhicules seulement.

Par ailleurs, cet incendie et les promesses faites aux victimes rappellent ceux des grands marchés de Lomé et de Kara en janvier 2013. Il y a neuf ans, des incendies criminels ont ravagé les principaux bâtiments des deux marchés, avec des pertes estimées à six (06) milliards de francs CFA. Très vite, le régime RPT/UNIR a fait porter le chapeau aux responsables politiques de l’opposition et de la société civile réunis pour la plupart au sein du Collectif « Sauvons le Togo » (CST).

Des arrestations aux inculpations en passant par les détentions arbitraires, on déplore le décès en détention d’Etienne Yakanou, militant de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Les enquêtes n’ont jamais été publiées, même s’il ne fait aucun doute, au sein de l’opinion, que les pyromanes sont à rechercher du côté du pouvoir. D’ailleurs, le CST a publié un rapport citant nommément instigateurs et exécutants dont des proches du Chef de l’Etat.

Au niveau des victimes elles-mêmes, rien n’a été fait. Certes, le gouvernement a organisé un simulacre d’indemnisations, mais ceux et celles chargés de gérer les fonds s’étaient trop léchés les…bras ! Les vraies victimes n’ayant rien reçu ou au mieux des cas, des miettes. Le mal, c’est que ces indemnisations ont été octroyées à la tête du client et sur la base du militantisme. « Selon certaines indiscrétions, aucune marge n’a été définie par les autorités togolaises pour le remboursement des fonds à ces femmes commerçantes. Ce qui fait qu’à la sortie, ces femmes deviennent beaucoup plus atteintes qu’avant. De nos investigations sur place, il en ressort les exemples suivants : – une victime qui a déclaré avoir perdu 2 millions francs Cfa, est ressortie avec cent mille francs Cfa (100.000F Cfa) ; –  une autre de sept cent cinquante mille francs Cfa (750.000FCfa) est ressortie avec deux cent mille francs Cfa (200.000F Cfa) ; – une autre encore avec cinq cent mille francs Cfa (500.000F Cfa) est ressortie avec cent mille francs (100.000F Cfa). Mais le comble a été Tata Lydia, revendeuse de tissus super dont l’incendie a ravagé sa fortune de 100 millions, est ressortie paralysée avec une somme de 850.000F Cfa », a rapporté à l’époque le MO5.

Outre les indemnisations, la reconstruction des bâtiments détruits est toujours en souffrance. Le 30 janvier 2020, dans le cadre de sa précampagne électorale, Faure Gnassingbé a fait poser la première pierre du marché de Lomé, annonçant ainsi les travaux de reconstruction. Deux ans après, l’immeuble peine à sortir de terre, dans un  silence étonnant des autorités.

G.A.

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