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Togo : L’inutile poste de péage à Ségbé

«L’ennui, en matière de décision, c’est de ne jamais savoir si on pourra vraiment s’y tenir » (Jacques Languirand)
Un nouveau péage implanté sur la route de Ségbé est en exploitation depuis samedi 20 janvier 2024. Ce qui porte à 19 le nombre de postes de péages routiers au Togo. C’est trop pour un réseau routier assez faible, comparativement aux pays voisins. Après avoir augmenté des grilles tarifaires, l’érection des péages se multiplie de manière anarchique sur les routes. Sur le tronçon Lomé-Tsévié-Tabligbo par exemple, d’à peine 80 km, deux péages y sont implantés à Davié et à Ahépé obligeant les usagers, notamment les véhicules et les transports en commun à payer une double taxe. Les engins à deux roues ne sont pas épargnés.
La voie de Segbé de 10 km réalisée il y a deux ans, ressemble plus à un sentier qu’à une vraie route. Elle très exiguë alors que le quartier a une forte densité. Aux heures de pointe, c’est l’enfer sur cette voie. Mais on vient encore y implanter un péage en pleine agglomération pour faire les poches des populations. L’Etat, il est vrai, a besoin de mobiliser les ressources en vue de financer l’entretien du réseau routier national. Mais pas en érigeant des postes de péage en désordre.
Le Ghana, par exemple, avec son réseau routier très dense et une palette d’échangeurs dont celui de Pokuase, le plus grand en Afrique et le deuxième sur le continent, ne dispose que 38 péages à travers tout le pays. Or le Ghana fait quatre fois la superficie du Togo. En 2021, la collecte des frais de de péage avait été supprimée, avant une tentative de réintroduction l’année dernière.
Avec une superficie de 114.700 km2, soit le double du Togo, le Bénin, à côté, ne compte que 12 postes de péages. Or le réseau routier dans ce pays voisin de l’est, est incomparable avec celui de notre pays. Idem pour le Burkina Faso qui dispose de 37 péages pour une superficie 274 000 km². Les routes dans ce pays sont larges et bien tracées, avec plusieurs échangeurs d’envergure à l’appui.
Au Togo, la politique des grands travaux lancée en grande pompe par Faure Gnassingbé à son avènement au pouvoir, n’a consisté qu’à construire ou réhabiliter certaines artères de la capitale, avec des routes de 7m50 à Lomé pour le passage de deux voitures cote à cote.
Plus étonnant encore, le Togo ne dispose d’un seul échangeur alors que le parc automobile au pays n’a cessé d’augmenter avec des milliers de Zemidjan (taxi-motos) et autres motocyclistes. Certains grands carrefours comme GTA, Todman, port, Aéroport-mèches Amina, etc. méritent d’avoir des échangeurs, à défaut, de vrais boulevards dignes de ce nom.
Il y avait des initiatives dans ce sens, notamment la construction de trois échangeurs, l’un au rond-point du Port de Lomé, un autre au carrefour Cimtogo et le troisième au carrefour GTA afin de décongestionner et rendre fluide la circulation. Les maquettes ont été réalisées et présentées et quand les travaux devraient commencer, les fonds ont pris des directions inconnues. Et les projets ont été abandonnés à ce jour. C’est ça aussi le drame au Togo. Nous aimons toujours servir de contres modèles dans la sous-région. Et c’est bien triste.

Médard AMETEPE

 

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