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Appel à la concertation entre politiques : Difficile entreprise dans un pays où chacun se méfie de l’autre

Diverses formations politiques ont adressé des messages à la population togolaise en ce début d’année. L’une des dernières en date est celle de deux partis politiques, notamment le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR) et l’Union des Démocrates Socialistes du Togo (UDS-Togo). Les deux partis politiques ont appelé à une concertation, mais dans le contexte actuel marqué par une guerre intestine à l’opposition et une méfiance justifiée vis-à-vis du pouvoir, une telle entreprise s’annonce chimérique.

Dans une déclaration commune, les deux ex-membres de la défunte C14 ont fait une analyse de la situation sociopolitique et économique du pays. Ils ont salué d’entrée « tous ceux qui souffrent des aléas de la vie, sur le plan individuel ou collectif », avec « une pensée particulière pour toutes les familles confrontées à de réelles difficultés qui compromettent la satisfaction des besoins vitaux indispensables à la dignité humaine ». Sans oublier « toutes les victimes du terrorisme, conséquence de l’obscurantisme grandissant ». « A nos compatriotes tombés sur le champ de bataille pour la sécurité de nous tous, et à leurs familles, nous renouvelons l’expression de notre reconnaissance et de notre solidarité », ont-ils écrit en appelant à l’humilité de tous les fils et filles du Togo.

Le PSR et l’UDS-Togo ont osé crever l’abcès, relativement à la stratégie de lutte des partis politiques de l’opposition. « Cette humilité partagée impose de reconnaître que la conquête du pouvoir doit se faire dans le respect, aussi bien des partenaires dans la lutte que des adversaires politiques », ont souligné Prof Komi Wolou et son partenaire qui ont soutenu que « nul ne peut prétendre détenir le monopôle de la vérité ou de l’intelligence politiques ».

Aujourd’hui, il n’est un secret pour personne que sur l’échiquier politique, deux grands mouvements s’affrontent dans un combat sans merci. Dans les déclarations et sur les réseaux sociaux, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre et la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) d’Agbéyomé Kodjo se livrent à une bataille jamais vue dans l’histoire récente du Togo. C’est à qui mieux mieux dans ce jeu malsain et dévastateur. Pendant ce temps, les autres assistent, sans mot dire, à ce spectacle puéril. Sans le dire explicitement, le PSR et l’UDS-Togo ont dénoncé cette guerre intestine à l’opposition. « Cette humilité, poursuivent-ils, impose également d’admettre que la volonté d’évincer totalement et immédiatement l’autre est, dans le contexte actuel de notre pays, parfaitement légitime mais, peut s’avérer politiquement et stratégiquement inopportune et contreproductive ».

Pour les deux leaders politiques, « au-delà des jouxtes électorales et au nom de la communauté de destin qui nous lie en tant que filles et fils d’une même nation, nous devons apprendre à définir ensemble des objectifs communs à atteindre pour le développement de la Terre de nos aïeux et à fonder nos actions sur les valeurs sociales élémentaires que sont, l’honnêteté, la fidélité à la parole donnée, le respect de l’autre et de son droit à la liberté, le dévouement à l’intérêt général, la générosité, le sens du partage, le goût de l’effort et du travail bien fait. Ces valeurs doivent être le ciment de la nouvelle société togolaise à laquelle nous convient les sacrifices de nos prédécesseurs et les légitimes attentes des générations actuelles et futures ».

Poursuivant leur plaidoyer, le PSR et l’UDS-Togo se sont adressés au chef de l’Etat. Ils l’ont exhorté à prendre des mesures courageuses permettant une décrispation totale de la vie nationale. Dans cette logique, les deux partis ont formulé le vœu que cette nouvelle année soit celle d’une « concertation franche et respectueuse, non seulement entre les différentes formations et sensibilités politiques de l’opposition mais aussi entre le pouvoir et l’opposition, en vue d’une gouvernance saine de notre pays, au-delà de simples apparences ».

Une entreprise presque irréalisable, mais indispensable

Une concertation entre les partis politiques togolais est-elle encore possible ? Difficile de répondre par l’affirmative. Dans l’histoire de ce pays qui a accédé à l’indépendance un 27 avril 1960, les acteurs politiques ont déjà organisé une trentaine de dialogues. Ils se sont tous soldés par un fiasco, surtout dans la mise en œuvre des résolutions qui ont été prises.

D’abord, on est tenté de croire qu’une concertation entre les partis politiques de l’opposition est aujourd’hui impossible. Nous l’avons dit plus haut que le contexte actuel est marqué par une débauche d’énergies en vue de faire disparaître tel parti ou tel autre. Malgré l’évidence que la DMK et l’ANC sont les formations politiques qui drainent le plus de militants, il leur est aujourd’hui impossible de se concerter sur quoi que ce soit. La bataille qui se poursuit toujours a laissé des cicatrices et des plaies ouvertes. Il en est de même pour certains micro-partis qui pour certaines raisons s’aiment comme chien et chat.

Que dire ensuite d’une concertation entre le parti au pouvoir et ses adversaires de l’opposition ? Là aussi, on peut exprimer des doutes légitimes. Après la trentaine de dialogues politiques, le régime a montré à suffisance que lui accorder du crédit est une entreprise utopique. Elle aboutit toujours à une désillusion. L’Accord politique global de 2006, déclaré « caduc » par un ministre RPT/UNIR alors que sa mise en œuvre piétinait est une parfaite illustration du non-respect de la parole donnée au Togo. Nombreux sont ceux qui rejettent aujourd’hui toute idée de dialogue avec le pouvoir, et ils ont parfaitement raison.

Si l’opposition est minée par une guerre intestine, et est logiquement méfiante vis-à-vis du régime, l’entreprise d’une concertation telle que souhaitée par le PSR et l’UDS-Togo semble utopique. On peut y croire, pourtant !

G.A.

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