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La fête de l’indépendance mise sous cloche

« La diversion et la division battent leur plein quand les solutions aux problèmes de fond sont aux abonnés absents » (Patrick Louis Richard)

Le Togo commémore mercredi le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Les préparatifs vont bon train. Le logotype de la manifestation a été déjà dévoilé. Le nouveau logo, disponible en téléchargement sur le portail dédié, sera l’identité visuelle officielle de la célébration. Il combine le chiffre « 62 » avec au milieu des deux chiffres, la représentation symbolique de l’indépendance du Togo (un homme, représentant le peuple togolais mature, se libérant de ses chaînes).

Sur la place de l’indépendance, des équipes du District autonome du grand Lomé s’activent. D’après le Secrétaire général du District, Tagba Tchalim, des actions seront effectuées tous les jours jusqu’au 26 avril où aura lieu la cérémonie de ranimation de la flamme.

Le 27 avril devrait normalement être la fête de tous. Mais l’immense majorité de la population qui croupit dans le dénuement total, a perdu les repères de la joie de vivre et ne se sent pas concernée par l’évènement. Il faut trouver à manger pour avoir la tête et le cœur à la fête. Les Togolais n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins vitaux essentiels et aux autres services sociaux de base tels que la nourriture, l’éducation, la santé, la formation, l’emploi, loisirs, etc. qui sont l’apanage d’une catégorie de citoyens, ceux qui se croient propriétaires du titre foncier du Togo, et qui s’adjugent le droit de vie ou de mort sur les populations, leur déniant tous leurs droits et devoirs fondamentaux.

Depuis plus de cinq décennies, le Togo ploie sous une dictature héréditaire et miltiare qui se perpétue dans la violence et la terreur. L’injustice, l’arbitraire, l’exclusion prospèrent sous le régime de Faure Gnassingbé. Pour avoir simplement réclamé leurs droits, des dizaines de citoyens dont des innoncents sont embastillés et croupissent depuis plusieurs mois dans les geôles de la dictature.

Aujourd’hui encore des dizaines de milliers de Togolais contraints à l’exil, ne peuvent même pas rentrer tous dans leur pays. Certains en ont fait l’amère expérience. A leur retour au pays, ils ont été kidnappés et jetés en prison, sans autre forme de procès. De  fait, pour taire toute voix discordante, le régime a érigé en méthode, un état de terreur permanent et de prédation.

Malgré le processus de réconciliation initié par Faure Gnassingbé il y a 13 ans, les Togolais n’ont jamais été autant divisés. C’est dans ce contexte qu’intervient le 62ème anniversaire de l’indépendance de notre pays. Cette célébration qui devrait être l’affaire de nous tous, est devenue une fête exclusive du régime, de la minorité qui a fait main basse sur les richesses du pays comme l’admettait Faure Gnassingbé lui-même.

Somme toute, au-delà des festivités marquant ce 62ème anniversaire, c’est le discours à la nation de Faure Gnassingbé qui va retenir l’attention. Les Togolais attendent qu’il déroule la panoplie de mesures promises contre le phénomène de la vie chère mais aussi qu’il élargisse les prisonniers surtout politiques dont la grande partie est composée des partisans du Parti National Panafricain (PNP), initiateur du soulèvement populaire du 19 aout 2017. Mais le chef de l’Etat prendra-t-il la peine de s’adresser aux Togolais ?

Médard AMETEPE

 

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