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Chefferie dans le canton d’Elavagnon et dangereux précédent : Un appel à candidature qui porte des germes de tensions futures

 

  • Un chef canton peut-il désormais être issu d’une autre ethnie du Togo ?

La chefferie traditionnelle au Togo serait-elle en train de subir un « tripatouillage coutumier » ? Un candidat à la chefferie peut-il désormais être issu d’une ethnie autre celle de la localité pour laquelle il aspire candidater ? Dans la préfecture de l’Est-Mono, le Préfet Biteniwé Kouma vient d’ouvrir la boite de Pandore via un communiqué qui pourrait constituer un précédent dangereux pour non seulement cette localité, mais toutes les autres sur le territoire national. 

5 avril 2022, préfecture de l’Est-Mono, canton d’Elavagnon. Dans un communiqué signé du président du conseil coutumier, Djana Amouzou et contresigné par le Préfet Biteniwé Kouma, un appel à candidature sème le trouble parmi les populations.

Se basant sur les dispositions de la loi n°2007-002 du 8 janvier 2007 et du décret d’application n°2016-028/PR du 11 mars 2016 portant modalités d’application, un appel à candidature pour le trône du canton d’Elavagnon a été lancé par le conseil coutumier. Les conditions pour être éligible sont ainsi libellées : « Peut être candidate ou candidat, tout habitant du canton ayant une résidence à Elavagnon et répondant aux critères et exigences légales ci-après : être de nationalité togolaise ; être majeur ; être de bonne moralité ; jouir de ses droits civils et politique ; remplir les conditions d’aptitude exigées par la coutume ; savoir lire et écrire en langue officielle ».

Que disent les conditions d’aptitude coutumières ? « La population d’Elavagnon étant cosmopolite, les candidates et candidats doivent avoir les aptitudes et attitudes ci-après : le respect de la personne, du genre et le sens du vivre ensemble ; le sens du civisme, de l’honnêteté, de la loyauté et de la bienveillance ; la justice et le sens d’équité ; la maitrise du terroir et des coutumes locales ».

Et quant au processus de désignation, l’appel à candidature précise, toujours se référant à la loi et au décret sus-mentionnés, que « le conseil coutumier, après examen des candidatures, fera une recommandation au ministre chargé de l’Administration territoriale à toutes fins utiles ».

Des zones d’ombre à éclaircir

Existe-t-il des villages ou cantons sans autochtones au Togo? Même la capitale Lomé qui est le carrefour de toutes les ethnies, a des autochtones. Anié et autres ne sont pas en reste. Le préfet Biteniwé Kouma veut-il dire que le canton d’Elavagnon n’a pas de populations autochtones l’ayant créé ?

Mais dans le même temps, il parle de « maitrise du terroir et des coutumes locales » comme aptitude coutumière. Si un canton est un conglomérat d’ethnies cosmopolite, comment peut-il y avoir de coutumes locales propres à ce canton ? Va-t-on vers une remise en cause des bases qui forgent la désignation des chefs cantons au Togo ?

Un Lawson ou un Laré ou peut-il être chef canton à Elavagnon alors?

Que les autorités togolaises décident de nommer un préfet dans une préfecture sans considération de son appartenance ethnique ne pose pas de problème. Il s’agit d’une nomination. Mais que pour la désignation d’un chef canton devant conduire les affaires d’un ensemble de villages selon des coutumes bien déterminées, on ouvre la porte pour prendre des candidatures sans garde-fous peut être un précédent dangereux pour l’avenir du Togo.

Si à Kpalimé, on est arrivé à déterminer ceux qui peuvent prétendre à la chefferie, si à Kara par exemple, il ne saurait être question qu’un natif d’Aneho, pour des raisons de sédentarité, ose prétendre au trône du canton de Yadè ou d’un autre canton, comment le préfet peut-il autoriser que n’importe qui soit candidat pour être désigné chef canton d’Elavagnon ?

Petit rappel de la réalité

Pour donner des éléments d’appréciation de l’acte que se prépare à poser le préfet, il est bon de rappeler que l’Est-Mono ayant pour chef-lieu Elavagnon, est composé de sept cantons  subdivisés en 3 communes. Ainsi, il y a les cantons d’Elavagnon ; de Nyamassila ; de Kamina ; de Morétan-Igbérioko ; de Kpéssi ; de Gbadjahè et enfin, du canton de Badin-Copé.

A la tête de tous ces cantons, il y a un chef canton. Il suffit de s’enquérir de comment ces chefs cantons ont été désignés pour comprendre que l’appel à candidature du préfet porte des germes d’une tension à venir.

Le préfet a-t-il coopté n’importe qui à la tête des autres cantons, ou bien y a-t-il des limites que personne ne peut enfreindre dans la désignation des chefs dans ces autres cantons, étant donné que tous sont sous l’autorité d’une même préfecture ?

Selon l’appel à candidature, le dépôt de candidature qui s’est ouvert le 15 avril, prendra fin vendredi 29 avril prochain. Que se passera-t-il ensuite dans cette préfecture ? On attend de voir. Mais l’atmosphère qui nous a été rapportée depuis la préfecture n’augure rien de bon, au vu des réactions de certains détenteurs des us et coutumes de ce canton.

Godson K.

 

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