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La CEDEAO, un grand cadavre à la renverse

 

« Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes » (Proverbe latin)

A force de prendre le parti des dictateurs, la CEDEAO s’est complètement décrédibilisée. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les nombreuses turpitudes de cette institution qui, naguère, faisait la fierté des peuples ouest-africains et suscitait l’admiration sur le continent, l’ont considérablement démonétisée et affaiblie. « On ne veut plus de la CEDEAO » semble résonner comme un mantra dans les cœurs des différents peuples pris en otage par des chefs d’Etat qui ne perçoivent que leur seul intérêt.

Son ambitieux plan de développement adopté en 2007 pour abolir les frontières, instaurer la bonne gouvernance, créer des opportunités aux citoyens dans un développement durable et la préservation de l’environnement, a été dévoyé par des chefs d’Etat qui se sont constitués en syndicat, solidaires dans le mal et qui ne se sont guère préoccupants de l’épanouissement de leur peuple.

L’intégration démocratique est remise en cause. La CEDEAO des peuples demeure un vœu pieu. Les mic-macs et les vilenies sonnent l’hallali de cette institution branlante. Elle est devenue une coquille vide pour ne pas dire « un grand cadavre à la renverse », pour reprendre l’expression de Jean-Paul Sartre.

Faute de trouver des solutions aux aspirations des peuples, certains pays, pour se sentir libres, ont décidé de prendre leur destin en main. Résultante, les coups d’Etat militaires sont devenus la norme dans l’espace communautaire.

La CEDEAO est confrontée à plusieurs fronts. Après le Mali et la Guinée, le Burkina Faso,  à son tour, est plongé dans le tourbillon des putschs. Roch Marc Christian Kaboré, un membre du club, a connu la déchéance. Dégommé du pouvoir, il s’ajoute à la liste des présidents déchus. Naturellement, les regards sont tournés vers les autres membres du syndicat. Qui sera le prochain sur la liste ?

Ces prises de pouvoir par les armes mettent en lumière la faiblesse de l’institution régionale, incapable à faire respecter la bonne gouvernance en son sein et à contraindre les Etats membres à se conformer à ses protocoles.

Elle a surtout été davantage affaiblie par sa gestion du syndrome du troisième mandat.  « La CEDEAO a été extrêmement fragilisée par sa gestion des 3ème mandats anticonstitutionnels en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Togo. Elle s’est à l’époque décrédibilisée à cause de l’alliance de 3 dictateurs alors que les démocraties étaient majoritaires au sein de l’institution », relève un observateur.

En effet, la CEDEAO est restée scandaleusement muette face aux changements constitutionnels abusifs dans certains pays membres tels la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Togo, aux tueries lors des manifestations contre l’oppression et aux mascarades électorales dans lesquelles excellent certains chefs d’Etat. Les vieux fonctionnaires internationaux de cette instutition, « des apatrides de l’honneur et de l’honnêteté » demeurent apathiques quand les décisions de la Cour de Justice sont foulées aux pieds.

A un moment, il faut faire sa propre introspection, se questionner et diagnostiquer les causes de ces putschs dont est en proie la sous-région. C’est la seule manière de sortir de cette spirale infernale.

Médard AMETEPE

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