Politique

Elections au pas de charge… Quand le pouvoir Faure Gnassingbé chasse la paix sociale

 

 

Faure Gnassingbé et le pouvoir RPT/UNIR sont décidés à organiser les élections quelles qu’en soient les conditions. Cela transparait dans la démarche forcée insufflée au processus électoral. Au-delà de la Coalition de l’opposition et du peuple togolais qu’ils tirent déjà du bout du nez, ils sont même prêts à couillonner la CEDEAO et les différents chefs d’Etat qui se tuent à aider le Togo à se sortir du pétrin. Mais ils ne se rendent pas service.

Elections à tout prix

Si une chose est claire dans l’attitude du pouvoir RPT/UNIR, c’est qu’il veut tenir les élections législatives à tout prix le 20 décembre prochain. Même si au sein de la CEDEAO, on indique qu’il ne saurait y avoir de fétichisme de date, le régime, lui, en a fait une religion et agit en conséquence, comme si la survie du Togo tout entier en dépendait. C’est ce qui explique le rythme effréné imprimé au processus. L’illustration palpable, c’est l’organisation au pas de charge du recensement du 1er au 25 octobre dernier. Et ce, en violation des décisions de la seconde réunion du Comité de suivi de la CEDEAO le 23  septembre ayant prescrit la recomposition équitable de la CENI entre les protagonistes de la crise et l’élaboration d’un chronogramme consensuel.

Au regard de l’état d’esprit du pouvoir en place, il faut craindre que la 3e réunion du Comité de suivi à Conakry et tous ces efforts déployés pour un processus électoral et de sortie de crise apaisé ne soient vains. En effet, il y a une forte probabilité que le régime ne respecte pas les décisions de cette rencontre décisive de Conakry, au vu du sort qu’il a réservé à celles du 23 septembre dernier à Lomé. Le pouvoir s’est résolument opposé à la recomposition équitable de la CENI avec des manœuvres pour tailler une place à son allié de l’Union des forces de changement (UFC).

La résultante du forcing du régime, c’est la résurgence des tensions politiques. Le Front citoyen Togo Debout était dans les rues le samedi 3 novembre dernier, pour exiger la mise en œuvre des mesures d’apaisement, l’application sincère de la feuille de route de la CEDEAO, l’arrêt du processus électoral unilatéral, sa conduite consensuelle, insister sur l’urgence d’une transition politique pour mener les réformes avant l’organisation des élections…Samedi prochain, ce sera le tour de la Coalition de l’opposition de renouer avec la rue. L’annonce a été faite au cours de la manifestation de Togo Debout. Ce sera le retour à la rue de la C14 qui a suspendu ses manifestations au nom du dialogue politique et sur requête des Facilitateurs. On tend donc vers une régularité des manifestations populaires, avec deux organisateurs distincts qui devront se relayer : Togo Debout et C14.

Paix sociale pourfendue

Les processus électoral et de sortie de crise sont l’émanation de la crise politique connue par le Togo depuis août 2017 et faite de manifestations populaires massives et de répression qui ont bloqué le fonctionnement du pays. L’enjeu de ces initiatives insufflées par la CEDEAO, c’est la paix sociale nécessaire à la gestion du pouvoir et à la quiétude de toutes les activités.

Même les pontes du régime semblent en être conscients. C’est visiblement le cas du Commissaire des Impôts Adoyi Essowavana, qui avouait à l’occasion d’un tournoi dit de la paix et du développement organisé le week-end écoulé à Amadahome à Lomé. « Depuis le début de l’année 2018, le Togo a lancé un nouveau programme de développement. C’est le Plan national de développement (PND). Mais sans la paix et la tranquillité, on ne peut avoir aucun développement et mettre efficacement en œuvre ce plan (…) Aucun sacrifice n’est trop grand lorsqu’il s’agit de faire la promotion de la paix et du développement auprès de la jeunesse togolaise (…)  On dit que le football est un sport de paix et nous voulons l’utiliser pour renforcer le ciment social dans notre pays et promouvoir la paix et le développement», a-t-il déclaré. Même refrain chanté par Kossi Aboka, le Président de la délégation spéciale des préfectures du Golfe et d’Agoè-Nyivé. « Le Président de la République, SEM Faure Gnassingbé a demandé que tous les cadres du Togo soient proches des populations. Nous devons inculquer à nos populations les idéaux de paix, de fraternité et d’amitié», a-t-il dardé.

Mais cette paix sociale chantée, le pouvoir ne fait rien pour créer les conditions de sa survenue ; mieux, tout est entrepris, à travers le processus électoral au pas de charge devant aboutir à des scrutins forcés, pour la chasser. Une chose est sûre, à cette allure, Faure Gnassingbé et le RPT/UNIR vont garder les rênes du pouvoir au terme de ces élections verrouillées. Ils ont tous les moyens en leur possession pour: les institutions aux ordres, l’argent public pour acheter les consciences, l’armée pour mater la contestation…Et ils auraient ainsi accompli au moins la moitié du chemin, pour permettre à « l’homme simple » de  rempiler en 2020. Mais les populations togolaises qui se sont levées en août 2017, au péril de leur vie – plusieurs dizaines de compatriotes dont des enfants ont payé par le sacrifice suprême –  pour arracher l’alternance au pouvoir vont-elles laisser le régime confisquer à nouveau leur destin pour une période indéterminée encore ? Il est évident la paix sociale, Faure Gnassingbé et le régime RPT/UNIR ne l’arracheront pas ainsi. La façon la plus simple d’acquérir cet idéal serait d’organiser les élections de façon collégiale et dans les conditions de transparence. Mais le pouvoir est à des années-lumière de cet idéal.

 

Tino Kossi

 

 

 

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