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Le complexe des dirigeants africains !

« Quand un complexe d’infériorité devient une maladie incurable, il devient quasi impossible de dissimuler sa manifestation » (Suayibou Mulamba Diakité)

Plusieurs dirigeants africains se sont transportés à Londres pour assister aux funérailles de la Reine d’Angleterre, Elizabeth II dans l’Abbaye de Westminster. On imagine, au moment de se recueillir sur le cercueil de la Reine, certains ont dû se fondre en grosses larmes comme s’ils ont perdu un être très cher à eux, alors que la Reine de son vivant ne les a jamais vus ni connus.

C’est cela aussi le complexe de nos dirigeants, eux qui se privent de verser une seule larme pour leurs proches, sous prétexte qu’en leur qualité de Chef Suprême, ils ne devraient pas afficher leur faiblesse, mais qui, débordant d’un trop-plein d’émotion, ne pouvaient se retenir devant la dépouille de la Reine d’Angleterre.

On les avait vus en janvier 2015 participer dans les rues de Paris, à la marche républicaine pour protester contre les attentats perpétrés contre le journal satarique «Charlie Hebdo ». Alors qu’ils marchaient dans l’impressionnant cortège, certains d’entre eux n’ont pas hésité à fondre en sanglots, tel Bokassa aux obsèques du Général de Gaulle, alors que les mêmes se plaisent à traquer impitoyablement des journalistes dans leur pays et à les embastiller pour leurs écrits.

Pendant que des dirigeants africains pleuraient dans les rues de Paris pour compatir à la douleur des familles des victimes des attentats en France, l’Afrique subissait également son lot quotidien d’attentats terroristes et de victimes tout aussi nombreuses qui n’émurent guère nos chefs d’Etat. Comme quoi les victimes ne se valent pas.

Pour revenir aux obsèques de la reine d’Angleterre, les dirigeants africains, des Grands Seigneurs qui se comportent comme l’émule de Dieu dans leur pays, ont été entassés dans des bus comme de petits écoliers. Crise économique oblige, injonction leur a été faite de ne pas voyager en classe d’affaires. «On a demandé à la majorité des dirigeants d’arriver sur des vols commerciaux et on leur a dit qu’ils seraient transportés en masse depuis un site de l’ouest de Londres », rapporte la BBC. Ç’aurait été pénible pour eux qu’on les trimballe dans la procession à travers Londres. Heureusement, ils ont été conduits à Church House, le siège de l’Eglise d’Angleterre, pour une réception donnée en leur honneur.

Aux funérailles de la Reine, certains chefs d’Etat ont été invités, tandis que d’autres ont été soigneusement évités. Parmi les parias, figurait en tête de liste, l’ennemi public N°1, le président russe Vladimir Poutine. Ainsi que des représentants de la Syrie, du Venezuela et de l’Afghanistan, des pays avec lesquels le « Royaume Uni n’entretient pas de relations diplomatiques complètes ».

En sa qualité de nouveau membre du Commonwealth, le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé a été directement invité par la famille royale. La présidence togolaise a d’ailleurs annoncé dans un communiqué que le numéro togolais a assisté le lundi 19 septembre au service funèbre de la Reine Elizabeth II et que la veille, il avait signé le livre de condoléances ouvert à Lancaster House.

Le voyage des dirigeants africains à Londres pour dire adieu à la Reine dans un contexte de crise économique suscite la polémique dans un continent où tous les pays sont durement touchés par l’inflation généralisée. C’est fort de cette situation d’ailleurs qu’il a été exigé des dirigeants d’arriver à Londres sur des vols commerciaux. Pas certain qu’ils ont obtempéré, connaissant leur goût pour le luxe et la prodigalité.

De l’avis général, on pense que les fonds publics dépensés par les dirigeants africains pour ce voyage à Londres auraient pu servir à d’autres fins plus utiles au profit des populations.

Médard AMETEPE

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