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Pour réussir la lutte contre le terrorisme…Les FAT appelées à être républicaines

Après plusieurs mois de tentative, les terroristes ont réussi à percer la « forteresse » togolaise. Restée inviolée depuis la vague d’actes terroristes perpétrés dans la région ouest-africaine, le Togo fait désormais partie des pays victimes, au sens propre, du terrorisme. Dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mai 2022, aux environs de trois (03) heures, selon un communiqué officiel, un poste avancé du dispositif de l’opération Koundjouaré a été la cible d’une attaque terroriste.

Les populations de la localité de Kpékpakandi (préfecture de Kpendjal) ont vécu une situation effroyable dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mai 2022. Mais le plus grand drame a été enregistré par les Forces armées togolaises (FAT). Selon le bilan officiel, l’attaque du « groupe d’individus lourdement armés » a fait malheureusement huit (08) morts et treize (13) blessés du côté des forces de défense et de sécurité (FDS). « Le gouvernement condamne fermement celte attaque lâche et barbare et appelle la population des localités concernées à une vigilance accrue et à ne pas céder à la panique », a déclaré le ministre de la Sécurité qui « rassure l’ensemble de la population de la détermination des forces de défense et de sécurité à protéger notre pays et à rechercher et mettre hors d’état de nuire ces groupes armés terroristes ».

Dans le communiqué du conseil des ministres, le gouvernement a renouvelé l’appel lancé à la population « à faire preuve de vigilance et à coopérer étroitement avec les forces de défense et de sécurité pour préserver la paix, la sécurité du territoire ». Malgré la difficile cohabitation entre l’armée et les populations civiles, elles sont nombreuses à exprimer leur solidarité aux compatriotes qui ont choisi le métier des armes. Néanmoins, cela n’empêche pas de porter un regard critique sur la situation.

Premièrement, pour que cette collaboration puisse être efficace, il revient aux FAT de faire le pas vers les populations en posant des actes qui tranchent avec la violence légendaire et la brutalité qu’on leur connaît. Désormais, la présence de la Police, de la Gendarmerie ou de l’Armée ne doit plus susciter de la peur dans les esprits. Et pour cause, depuis des décennies, les forces armées ont été utilisées pour assujettir les populations. Dans les localités du Sud, les violentes répressions militaires n’ont jamais cessé. Il en est de même dans localités du Nord du pays. Souvent, les témoignages font état d’une plus terrible brutalité des forces de l’ordre dans ces localités reculées.

Deuxièmement, cette épreuve à laquelle nous faisons face doit éveiller les consciences au sein de l’armée afin que celle-ci redevienne républicaine. Fini l’exploitation de forces de sécurité et de défense à des fins politiques. Il faut maintenant protéger le pays tout entier, tous les Togolais qu’ils soient de la mouvance présidentielle ou non. Les forces de sécurité ne doivent plus exister pour une seule personne et la bande de copains et copines qui l’entourent. La raison qui soutient cet appel est que le terrorisme se nourrit des ressentiments d’insatisfaction. Une armée plus politique que républicaine n’arrivera jamais à vaincre le terrorisme. L’union contre ce fléau qui s’abat sur notre pays recommande que chacun joue efficacement son rôle.

En dehors du caractère républicain qui doit guider les forces armées, ces dernières doivent bénéficier davantage de moyens. Il ne s’agit pas d’ouvrir la voie à des enrichissements illicites au nom de l’effort de guerre ou s’équiper en armes contre les populations. En réalité, il est évident que si les éléments positionnés à Kpékpakandi disposaient de vrais moyens de renseignement, ils auraient anticipé l’arrivée des djihadistes et limité les dégâts. Au Togo malheureusement, les services de renseignement sont utilisés pour traquer les opposants et les voix discordantes. Ils auraient pu être utilisés pour disposer d’informations sur les terroristes.

Et puis, cette attaque montre que depuis des années, Faure Gnassingbé a bluffé les populations togolaises et les partenaires qui soutiennent le pays dans la lutte contre le terrorisme. Après l’attaque de novembre 2021, il nous a été jeté à la figure le renforcement du dispositif Koundjouaré. On voit ce que cela a donné. Le 19 février dernier, le ministre de la sécurité a confirmé l’information selon laquelle des individus ont ordonné à la population d’une localité de la région de quitter leur village dans les 48 heures. Les populations ont déserté le village et y ont été ramenées par les FDS. Le Togo devrait savoir que l’attaque était imminente.

Pour finir, c’est dans ce pays qu’au lieu de tenir compte des aspirations des populations, on nous a habitués à toutes sortes d’exercice grandeur nature contre le terrorisme. Malheureusement, on a l’impression que ces opérations et exercices participent plus à un folklore. Dès la première véritable attaque, nous perdons 8 hommes. Dommage !

G.A.

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