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UL/Majoration des frais des UE de 24.000 à 315.000 FCFA : La mesure fait grincer des dents chez les étudiants étrangers

Est-il possible qu’au nom d’une certaine réciprocité ou d’une réforme, l’Université de Lomé (UL) décrète des augmentations des coûts d’achat des Unités d’Enseignement (UE) à des taux jamais imaginés, et sans avertissement ? Par cette méthode, ces sont des centaines ou peut-être un millier d’étudiants étrangers qui courent le risque de faire une année blanche. Et le ministre président de l’Université de Lomé, Dodzi Kokoroko assume la mesure.

Ils ont été cueillis à froid, sans que les responsables de l’Université de Lomé ne crient gare. Eux, ce sont les étudiants étrangers qui, pour des raisons diverses, optent pour suivre les formations au Togo. Depuis la semaine dernière, ils sont en nombre à se demander ce qu’ils auraient fait pour mériter un tel sort.

Selon des étudiants rencontrés, c’est trois jours avant la fin des inscriptions qu’il était permis aux étudiants d’avoir accès au site leur permettant de s’inscrire. Mais pour être en face d’une réalité que beaucoup assimilent à une farce de mauvais goût. « Les sites pour inscriptions étaient bloqués ; et le 28 janvier 2021, ils ont été ouverts pour trois jours afin de nous permettre de tirer nos fiches d’inscription. On découvre avec stupéfaction que les frais ont augmenté de façon exponentielle. Une décision incompréhensible puisqu’ils n’ont pas communiqué sur ces changements. Donc les sites ont été ouverts le 8 février et sont refermés le vendredi 19 février à minuit ».

Il est apparu sur des fiches des augmentations de 1000%, 1200%, et jusqu’à 1900%. Concrètement, il a été décidé, sans préavis que désormais, l’UE qui coûtait 250 FCFA est désormais à 5.000 FCFA ; pour certains, elle est montée jusqu’à 12.000 FCFA. Une situation qui a semé la désolation au sein des étudiants étrangers dont certains se demandent si leur pays a un problème particulier avec le Togo.

« La pratique est que les coûts des UE sont uniformes pour les étudiants relevant de l’espace UEMOA. Ce qui fait que les étudiants en année de Licence de cet espace se retrouvent avec des frais de 300.000 FCFA, 315.000 FCFA selon les filières. Pour les autres pays, les Tchadiens seront désormais à 500.000 FCFA, ce qui est très loin de ce qu’ils payaient avant », se désole un étudiant outré par la mesure.

Une autre étudiante se dit certaine que beaucoup feront une année blanche, du fait que les parents, surpris, ne pourront pas honorer ces augmentations. « Comment une université peut-elle décider d’une augmentation sans nous informer à l’avance afin de nous permettre de prendre nos dispositions et c’est 3 jours avant la fin des inscriptions qu’on nous permet d’avoir accès au site? C’est trop cruel. Mais Kokoroko sait-il le nombre d’étrangers qui ne pourront pas étudier du fait de sa démarche peu pédagogique? Tout ça parce qu’on est des étrangers? Je me demande s’il pourra faire de même avec les étudiants togolais dans un autre domaine », s’est-elle indignée.

« Pourquoi le président de l’université n’a-t-il pas opté pour la pédagogie, lui qui est enseignant et ministre de surcroît ? Juste nous prévenir à la fin de l’année académique, ou bien donner le temps à nos parents, aurait été courtois. Mais rien de tout ça. Comment trouver cette somme en l’espace de quelques jours ? », s’est interrogé un étudiant en Sciences de la santé.

Pour en savoir davantage, nous avons contacté le président de l’UL. « En fait, ce qu’on vous a dit n’est pas faux. Seulement, l’augmentation du coût des UE ne concerne pas les étudiants togolais, c’est uniquement les étudiants étrangers. Ne créons pas un sujet à polémique. C’est une décision venue du ministère que toutes les universités publiques doivent appliquer. Mais le coût des UE n’a pas varié pour aucun étudiant togolais. L’étudiant togolais paie ce qu’il payait avant. Ce n’est qu’une réciprocité qu’on est en train d’appliquer aux étudiants étrangers, parce que, quand vous prenez la médecine par exemple, nous formons pour les pays étrangers, ce qui n’est pas normal, car nous-mêmes avons des besoins, raison pour laquelle on a augmenté le numerus clausus (limitation du nombre de personnes admises) des étudiants admissibles à la faculté des sciences de la santé », a expliqué Dodzi Kokoroko.

Mais ce n’est pas tant l’augmentation des coûts qui fait désordre, mais le peu de considération à l’égard des étudiants concernés ainsi que leurs parents. Les avait-on prévenus ? « Non. Ça j’avoue que c’est une décision sur laquelle on aurait pu communiquer plus amplement ; j’ai même reçu des associations d’étudiants étrangers, et je leur ai dit que sur le bien-fondé de la décision, il n’y a plus matière à discussion. En revanche, oui, j’accuse le reproche de n’avoir pas assez communiqué auparavant, avant l’entrée en vigueur de celle-ci. J’aurais été à leur place que ça m’aurait dérangé. Et puis cette décision ne s’applique qu’aux parcours L ; elle ne s’applique ni aux M ni aux D et la plupart des étudiants étrangers, vous les retrouvez au fond à la faculté des Sciences de la santé. Vous ne verrez jamais une faculté de médecine former des étudiants à 24.000 FCFA. Au Benin, c’est à 600.000 FCFA, presque l’équivalent au Mali. On est les seuls en retard. Donc une fois encore, moi je me dois d’appliquer une décision ministérielle, mais sur le fait qu’ils aient été pris de court, ça a été l’objet de longues discussion entre nous-mêmes », a-t-il renchéri.

Mais la décision fait très mal aux étudiants étrangers. Certains ne s’en cachent pas.  « Quand nous sommes allés voir le Professeur Kokoroko, il avait dit qu’il avait passé aussi une année blanche hors du Togo, et que malgré cela, il a réussi. Mais sans oser nous dire les conditions dans lesquelles son cas s’était passé. Rapporter cette décision inique pour la rentrée prochaine en prenant soin d’avertir les étudiants n’enlèvera rien aux finances de l’université, mais sera considéré comme un acte responsable. Prof Kokoroko ne peut pas comprendre que des pauvres triment pour payer les UE », se sont indignés les étudiants que nous avons rencontrés.  

Godson K.

 

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