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Togo : libéralisation du marché des télécommunications, une urgence

« Le protectionnisme est une erreur, c’est le frère jumeau du nationalisme… » (Emmanuel Macron

Un milliard de FCFA, c’est la bagatelle dont devra s’acquitter la société de téléphonie mobile Togocellulaire pour pratiques de différenciation tarifaire. Ce montant, a priori élevé, n’est qu’une goutte dans la mer au regard des énormes profits qu’a maximisés cet opérateur qui opère en situation de monopole depuis plus de 20 ans sur le marché de téléphonie mobile au Togo. Sans tenir compte de l’intérêt des consommateurs dont le pouvoir d’achat n’a cessé de s’éroder.

Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), cette sanction fait suite aux mises en demeure adressées aux deux opérateurs de téléphonie mobile, Togocellulaire et Moov Africa Togo aux fins de cessations de la différenciation tarifaire dans leurs cahiers de charges. Si la deuxième société a obtempéré, Togocellulaire naguère étatique, s’est soucié comme d’une guigne des injonctions de l’autorité de régulation.

Des sanctions, c’est bien. Mais les consommateurs grugés depuis des décennies, seraient beaucoup plus soulagés si l’ARCEP œuvrait à la libéralisation du marché de la téléphonie mobile que se partagent Togocel et Moov. Le Togo demeure aujourd’hui, à l’ère de la révolution numérique, le seul pays dans la région ouest-africaine à ne disposer que de deux opérateurs de téléphonie mobile. La conséquence de cette anomalie, la concurrence n’existe pas dans le secteur. Moov a un rôle figuratif devant Togocel qui détient le monopole sur le marché. Ils amassent des fortunes, mais sont incapables de satisfaire les clients à travers des produits et services de qualité.

«Le Togo reste un pays de la zone UEMOA où les tarifs des produits et services de télécommunications demeurent élevés », avait reconnu le gouvernement togolais. En réalité, les services de télécommunication dans notre pays sont les plus coûteux au monde. Qui plus est de piètre qualité. Or il est certifié qu’un accès étendu à Internet est un facteur de développement important pour tout pays. Il est à la fois synonyme de services au meilleur marché et de retombées économiques en matière d’emplois. En ce 21è siècle, il est révoltant d’embrigader les Togolais comme au temps des pharaons.

Depuis des années, le FMI et la Banque mondiale n’ont eu de cesse de réclamer à cor et à cri la libéralisation du marché des télécoms, mais ils se sont heurtés à l’hostilité des autorités togolaises. Pourtant, l’arrivée de nouveaux opérateurs devrait doper le mobile et devrait entrainer le doublement du taux de pénétration et la baisse des tarifs, grâce à la pression réglementaire. Mais ça, le régime de Faure Gnassingbé ne le veut guère. Face à sa situation de monopole, Togocel qui sert de vache à lait aux membres de la minorité pilleuse, a toujours réalisé d’énormissimes profits sur le dos des pauvres Togolais. Faure Gnassingbé et ses chevaliers, obsédés par le lucre, ne voudraient pour rien au monde perdre ce privilège. Rendre les coûts de communication accessibles à tous les Togolais et réduire la fracture numérique, ne sont guère leurs préoccupations.

Médard AMETEPE

 

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