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Litige foncier à Abobo Zéglé : La démarche de Togbui Toffa VIII dénoncée

Une guerre fratricide couve dans la préfecture de Zio, plus précisément à Abobo Zéglé. Depuis plusieurs années, la collectivité Woèkpo est divisée par le partage de l’héritage légué par leur aïeul. Dans ce conflit, la démarche du chef canton est pointée du doigt.

En février 2016, les sieurs Woèkpo Koami, Koumédjro Kodjo et Atanley Sénanou, à l’époque mandataires de la famille Woèkpo ont été invités au cabinet d’un notaire, dans le cadre d’une réunion sur la gestion du patrimoine familial. La même invitation a été reprise six mois plus tard, c’est-à-dire en août 2016. Ces invitations sont restées lettres mortes.

En décembre de la même année, une sommation de reddition des comptes a été envoyée aux trois mandataires. « Je vous envoie la présente sommation pour vous signifier que je constate avec amertume que vous avez refusé délibérément de rendre compte de votre gestion à la famille Woèkpo dont vous êtes les mandataires… malgré les multiples relances, conseils et explications, et ce, depuis plus de deux ans », écrit le notaire. Et d’avertir : « Vous serez responsables des conséquences fâcheuses qui résulteront de votre refus de rendre compte tant au regard de la loi qu’au regard de la famille Woèkpo ». « Le linge sale se lave en famille », a ensuite conseillé le notaire. C’est devant ce dernier que le mandat dont ils jouissaient a été établi.

D’après les informations, les démarches des autres membres de la collectivité Woèkpo divisée en deux familles (Woèkpo Koumégan et Woèkpo Koumédjro) ne se sont pas arrêtées aux seules invitations du notaire. Le régent du village d’Abobo Zéglé ainsi que le chef canton d’Abobo ont tenté en vain, de faire asseoir les membres de cette famille autour de la même table, en vue de trouver une solution pacifique au litige foncier naissant, les anciens mandataires n’ayant jamais voulu répondre aux invitations. « Nous avons appelé nos frères partout pour qu’on discute comme une même famille, mais ils ont toujours refusé de nous rencontrer. Même le chef canton d’Abobo les a invités chez lui, mais ils ont refusé de répondre à son invitation », explique un membre de la famille. Il soutient que c’est parce que les mandataires se sont lancés dans la vente anarchique des terrains qu’ils ont refusé de rendre compte de la gestion du patrimoine. Finalement, la famille Koumédjro a pu obtenir la délimitation des deux parcelles qui lui revenait comme sa part d’héritage.

Pour s’assurer d’une meilleure gestion de ses terres, la famille Koumédjro a donc décidé, en janvier 2020 de changer de mandataires. Ce qui fut fait en février 2020 tel que l’attestent l’attestation signée par le chef du village d’Abobo Zéglé et le mandat rédigé par le notaire. A travers cet acte, la famille Woèkpo Koumédjro a « révoqué purement et simplement le mandat donné aux sieurs Woèkpo Koami, Koumedjro Kodjo et Atanley Sénanou ».

Les anciens mandataires ainsi révoqués, les nouveaux ont entamé les démarches pour la pleine jouissance de leurs biens. Ils ont pu obtenir le droit de propriété sur leurs parcelles de près de 6 hectares. Les documents ont été signés d’abord par le chef du village et confirmés, à la demande de l’administration, par le chef canton d’Abobo en la personne de Togbui Roger Koffi Djigbodi TOFFA VIII. « Je soussigné Togbui Roger K. D. TOFFA VIII, chef canton d’Abobo préfecture du Zio, atteste sur l’honneur que la parcelle de terrain rural sise à Abobo Zéglé au lieudit Dévikèmé de contenance totale 4ha 76 a 98ca est bien la propriété de la collectivité Woèkpo Koumedjro représentée par Koumedjro Ayawo, Koumedjro Koamivi, Koumedjro Kossivi, tous mandataires suivant procès-verbal de famille valant élection des mandataires généraux en date du 10 février 2020 », écrit-il sur l’une des attestations de droit de propriété. La même mention a été fait sur le second document avec précision de la superficie et des limitrophes de la seconde parcelle. Du côté de la justice, une ordonnance de cessation immédiate des travaux sur certaines parcelles du domaine foncier familial a été obtenue près le Tribunal de première instance de Tsévié.

Selon les informations, les mandataires révoqués ont entamé des démarches pour se voir confier de nouveau la gestion du patrimoine familial commun y compris les parcelles de la famille Koumédjro. C’est ainsi que le chef canton d’Abobo aurait été contacté pour jouer la médiation. Dans un premier temps, il a dénoncé les actes posés part les anciens mandataires qui n’avaient pas obtempéré. Mais surprise, le chef canton semble vouloir revenir sur sa décision, en tentant de remettre la gestion des domaines aux anciens mandataires. « Il nous a appelés dans son palais pour nous dire qu’il a l’intention de nous réconcilier avec les anciens mandataires. Nous ne refusons pas l’idée d’une entente puisque nous sommes des frères », déclare l’un des nouveaux mandataires. « Mais ce que nous ne comprenons pas, c’est la volonté du chef canton de retourner à l’ancien système. Cela veut dire que les terrains dont nous avons hérité vont être remis dans le lot familial et confiés aux anciens mandataires. Quand nous avons voulu réagir, il nous a ordonné de nous taire, martelant qu’il va imposer sa décision de gré ou de force. Pourtant, le chef canton sait bien que c’est parce que les autres ont mal géré le patrimoine familial que nous avons pris la décision de gérer nous même notre part».

Pour une source proche du dossier, l’intention, du chef canton est de faire peur aux nouveaux mandataires, raison pour laquelle il a dit que c’est le commissaire de la localité qui lui a donné l’instruction d’intervenir, depuis six mois déjà. En d’autres termes, c’est en toute conscience que le droit propriété a été confirmé à la famille Woèkpo Koumédjro. Il est aussi connu de tous que les affaires liées au foncier se règlent à la justice. « C’est plutôt la démarche du chef canton qui va faire sortir les machettes parce qu’il veut nuire à un camp au détriment de l’autre. Il ne peut pas revenir sur le droit de propriété. Dès que l’affaire est devant la justice, le chef canton n’a plus compétence à agir », assure la source.

Pour mieux comprendre ce qui se joue dans ce canton, nous avons contacté le garant des us et coutumes, Togbui Toffa VIII. Ce dernier a déclaré que c’est une famille au bord de l’implosion qu’il tente de réconcilier.

G.A.

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