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Kpatcha Gnassingbé va-t-il finir comme le Général Assani Tidjani?

Souffrant d’une plaie vasculaire depuis cinq ans, les incessants appels de Kpatcha Gnassingbé, mais aussi de son médecin et de ses avocats à une évacuation ne semblent guère émouvoir le pouvoir de son frère Président, Faure Gnassingbé. Une attitude interprétée dans l’opinion comme un refus systématique de non-assistance à personne en danger. Est-ce à dessein?  L’ancien député de la Kozah souffre d’un ulcère veineux qui s’est gangréné au fil du temps et s’est étendu à tout le diamètre du pied, l’exposant à un risque d’amputation dans le meilleur des cas.

Ces dernières semaines, dans nos diverses parutions, nous avons alerté, à plusieurs reprises, l’opinion sur l’état de santé fort préoccupant de Kpatcha Gnassingbé, mais le régime traîne les pas comme pour attendre que la situation dégénère avant de faire semblant de bouger. Un constat dans nombre de domaines.

Quand finalement il se voit contraint de bouger, il joue le chrono. Au lieu d’une évacuation sanitaire hors du pays, au regard de la gravité de la situation, Kpatcha Gnassingbé est transféré plutôt vers le pavillon militaire à Lomé. Pour quels traitements? Dans un pays où les structures sanitaires souffrent d’énormes carences et où les hôpitaux sont taxés de mouroirs par une bonne partie de Togolais, y compris les professionnels de la santé, il est illusoire d’attendre une quelconque amélioration de l’état de santé de l’ancien ministre de la Défense.

Ce scénario rappelle étrangement celui de feu général Assani Tidjani, avec le même mode opératoire qui consiste à n’autoriser l’évacuation sanitaire qu’au dernier moment, quand c’est trop tard. De sources généralement bien informées, il ressort que le  pouvoir togolais s’était assuré que le général Tidjani ne reviendrait pas vivant de son séjour hospitalier. Et effectivement ce serviteur dévoué de Gnassingbé Eyadema et de son fils Faure mourut…

Pourquoi laisser mourir des citoyens en détention qui ont vu leur état de santé se fragiliser? La demande documentée d’évacuation sanitaire de Kpatcha Gnassingbé est formulée depuis cinq ans et adressée à qui de droit. Il est alors difficile de comprendre ce qui peut justifier un tel silence, un tel refus.

Ce refus renouvelé de porter secours à une personne souffrante et en violation des droits des détenus à la santé conforte la thèse de ceux qui soutiennent mordicus que Faure Gnassingbé, comme dans le cas du Général Tidjani, ne va autoriser l’évacuation sanitaire qu’au dernier moment, quand il va s’assurer que Kpatcha Gnassingbé reviendrait les pieds devant. De plus, le pavillon militaire n’est pas forcément un lieu où la sécurité du prisonnier personnel de Faure Gnassingbé est garantie.

Les organisations de défense des droits humains et la communauté internationale devenues aphones sur le dossier Togo doivent exiger que la vie de Kpatcha Gnassingbé ne soit mise en danger du fait de cette évacuation dans un pavillon, bastion du pouvoir en place. Ces organisations doivent faire de leur mieux pour que la demande d’évacuation vers l’extérieur pour une prise en charge efficace et efficiente puisse être effective.

Au nom du droit, il faut éviter au frère du Chef de l’Etat de passer de vie à trépas comme ce fut le cas du  Général Tidjani, incarcéré dans le même dossier d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. L’histoire du Général Tidjani ne doit plus se répéter. « Tout individu a droit à la vie, à la sûreté de sa personne », recommande l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à laquelle le Togo adhère.

Kpatcha Gnassingbé et ses codétenus passent des moments assez difficiles au plan santé, mais le régime togolais ne montre aucun signe de vouloir les élargir malgré l’arrêt de la Cour de justice de la Cédéao qui demande leur libération et avait condamné l’Etat togolais pour tortures et procès inéquitable.

Pour leur part, les Nations Unies ont affirmé que Kpatcha Gnassingbé est en détention  arbitraire, mais rien n’y fit. Plus  de 12 ans de prison dans un état de santé alarmant, le bon sens voudrait que ces détenus qui ont purgé plus de la moitié de leur peine puissent être relaxés. La fameuse réconciliation dont le régime togolais ne cesse de chanter les bienfaits passe également par là. Ailleurs,  la politique de réconciliation est suivie de quelques ouvertures qui laissent entrevoir des lueurs d’espoirs.

La semaine dernière, l’ancien président Laurent Gbagbo a retrouvé sa Côte d’Ivoire natale après 10 ans d’exil et de prison. Ce n’est sans doute pas de gaieté de cœur que le président Alassane Ouattara a permis ce retour, mais la présence de Gbagbo est nécessaire dans le processus de réconciliation.

De même, la libération de Kpatcha Gnassingbé est une exigence de réconciliation pour la famille au pouvoir et le pays. A supposer que Kpatcha Gnassingbé se fasse  amputer d’un pied ou au pire des cas, vînt à perdre la vie en détention, faute de soins médicaux, cette situation risquerait de plonger le pays dans une incertitude aux conséquences dramatiques, surtout que les représentants de la communauté internationale accrédités au Togo, malgré leurs propos édulcorés et  leur connivence avec le régime en place, confirment  que la crise au Togo est bien profonde. Doit-on accepter en plus de cette situation sociopolitique déjà inquiétante un fâcheux incident lié au dossier Kpatcha Gnassingbé?

K.A.

 

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