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Infrastructures routières, écoles, eau, électricité, hôpitaux… : Anié se sent délaissée par les autorités du pays

Anié, une préfecture abandonnée par les autorités togolaises. C’est l’impression qu’ont les populations de cette préfecture. Eau, école, centre de santé, route… tout fait défaut dans cette zone qui partage une grande partie de ses limites avec le Bénin. Malgré les multiples appels au chef de l’Etat, ce dernier semble atteint d’une surdité sélective.

Anié fait partie des greniers du Togo, mais elle est totalement délaissée. L’eau courante n’existe pas dans la majorité des villages qui constitue cette préfecture. Pour s’approvisionner en eau, les habitants s’improvisent foreurs ou puisatiers. Dans des cantons comme Adogbénou, les populations ont creusé des puits de fortune dans la terre pour y puiser une eau dont la couleur n’inspire guère, surtout pendant la saison des pluies où l’eau de ruissellement y charrie des débris. « C’est une situation que nous vivons depuis plusieurs décennies. Nous ne connaissons pas l’eau courante. Nous avons creusé ces puits pour y puiser de l’eau, mais quand il pleut, on n’a pas vraiment envie de la boire puisqu’il y a plein de choses qui tombent dans les puits », raconte un habitant.

En dehors de l’approvisionnement en eau, les populations doivent affronter d’énormes défis en termes d’infrastructures scolaires. Les écoles, à l’instar de l’ensemble du territoire togolais, sont un luxe dans les villages de la préfecture de l’Anié. Dans des villages comme Agossou, Idjafè, Agossou-Houdjé… les écoles sont constituées d’abris couverts de pailles. Les salles de classes sont équipées de tables-bancs, pour celles qui ont eu la chance de recevoir des dons. Mais dans la majorité ce sont des tiges qui font offices de tables-bancs. Quand vient la pluie, les cours cessent. Bref, ce sont des écoles à la merci des intempéries.

Côté santé, c’est la croix et la bannière. Dans la commune d’Anié 2 par exemple, le plus grand centre de santé est celui du canton d’Adogbénou. L’Unité de soins périphériques (USP) est abritée par un bâtiment construit avant les années d’indépendance, avec une architecture digne d’un château fortifié. L’aspect intérieur et extérieur de cet hôpital suscite du dégoût chez les habitants qui sont obligés de s’y faire soigner, s’ils n’ont pas les moyens pour se rendre à Elavagnon dans l’Est-Mono ou carrément dans la ville d’Atakpamé, à plusieurs dizaines de kilomètres de leurs domiciles.

Cette situation est compliquée par l’état de la route, surtout celle traversant les villages vers le l’Est à la frontière avec le Bénin. Sur la soixantaine de kilomètres qui sépare Anié du premier village frontalier du Bénin, la route est toute impraticable. Des ponts ont cédé sous la puissance des eaux de pluies et pour réduire les difficultés des usagers, les riverains ont improvisé des ponts en bois. Plusieurs dizaines de morceaux sont entassés par endroits pour faciliter la circulation. Le plus célèbre de ces ponts est celui de Kolobi dans le village de Patala. « C’est une route que les gens délaissent de plus en plus à cause des difficultés qu’ils rencontrent. Il y a quelques années, les véhicules en transit vers le Bénin passaient par Anié pour vite rallier le nord du Bénin. Aujourd’hui, ce n’est plus la même affluence qui est observée. Même les marchandises ne passent plus comme avant. Et pourtant, le Bénin a construit une route jusqu’à la frontière, au niveau du village d’Afoulé. Chez nous au Togo, c’est la boue ou la poussière », se désole un cadre d’Anié. L’autre difficulté relève des rackets des forces de l’ordre. « Une situation qui étouffe », râle ce cadre. Sur une trentaine de kilomètres en direction du Bénin voisin, les forces de l’ordre ont installé au moins six poste-contrôles. Certains villages en compte même deux.

Le mal, c’est que les populations d’Anié ne se sont jamais retenues d’exprimer leurs préoccupations. Depuis plusieurs années, elles plaident pour l’amélioration des infrastructures scolaires, sanitaires et routières, en vain. A plusieurs reprises, elles ont saisi le chef de l’Etat en personne. Le 15 mars 2014, lors de l’intronisation officielle du chef du village d’Oke Adogbenou, en présence du préfet, du chef canton, des médias et de l’élu de la localité, les habitants ont profité de l’occasion pour porter leurs doléances portant sur le bitumage de la route reliant Anié à Tchetti au Bénin. Ils ont également sollicité la construction d’un vrai hôpital dans la commune Anié 2, les infrastructures électriques et l’adduction d’eau potable. Dans la même année, les chefs des villages de la localité ont écrit au gouvernement pour réitérer leurs demandes. Lors d’une visite en octobre 2014 de Faure Gnassingbé, les mêmes doléances ont été reprises. Et depuis, les associations du milieu dont Ilé-Ikpa ne cessent de saisir le gouvernement sur la question. Sans trouver aucune oreille attentive.

Pour les populations, le préfet Ezoula Agoro Balabawi, en poste depuis 2012 ne relaie pas auprès de l’administration centrale, les difficultés qu’elles vivent au quotidien.

G.A.

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