Société

Calvaire à la DSID/ Les agents accusent le ministre Bataka et le DG Daoudou Salifou

 

La nouvelle année commence, et avec elle, les cris de détresse des travailleurs. En 2019, nous avons largement relayé les différentes péripéties que traversent les agents enquêteurs agricoles de la Direction des Statistiques agricoles de l’Informatique et de la Documentation (DSID). Ce département du ministère de l’Agriculture, de la Production Animale et Halieutique est toujours décrit, par les agents, comme une zone d’exploitation de l’homme par l’homme où les revendications portant sur l’amélioration des conditions de vie et de travail sont systématiquement rejetées.

En effet, le 19 août 2019, une rencontre a eu lieu entre le ministre Koutéra Bataka et les responsables du syndicat des agents enquêteurs agricoles de la DSID (SYAEA – DSID). La rencontre faisait suite aux multiples revendications posées par les agents depuis plusieurs années, mais qui ont été reconduites au début de la saison agricole. Selon les informations, cette rencontre s’est plutôt transformée en un tribunal où les accusés étaient les responsables syndicaux, avec à leur tête le Secrétaire Général. « Il a balayé du revers de la main toutes les revendications des agents enquêteurs et a estimé avoir fait le maximum quant aux conditions de vie et de travail des agents enquêteurs agricoles de la DSID. Et pourtant, les véritables doléances du syndicat sont essentiellement liées à la révision de la durée du contrat de travail du Système Permanent d’Enquête (SPE) couvrant toute la durée de la campagne agricole et l’intégration de tous les agents enquêteurs agricoles à la fonction publique », souligne un responsable syndical.

En réalité, ces demandes formulées par les agents enquêteurs agricoles sont justifiées non seulement par les textes en vigueur dans le pays, mais aussi par les exigences de la mission confiée aux agents. Pour le cas de la DSID, il s’agit d’un travail permanent dans un pays agricole à 70% et où la campagne agricole couvre treize (13) mois lunaires. L’agent enquêteur agricole, pour un travail efficace et des données fiables, a l’obligation d’être en permanence présent auprès des exploitants. Ce qui permet de répondre aux besoins de l’Etat en termes de statistiques et de satisfaire les exigences des partenaires financiers. C’est d’ailleurs sur la base des données collectées par les agents que les politiques publiques en matière agricoles sont définies.

Récemment, le Togo a adopté le Plan national de développement (PND) qui prévoit un certain nombre d’actions et de mesures dans les politiques publiques, notamment celles qui concernent le secteur agricole et qui sont inscrites dans le Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNIASAN). « Les chiffres sont les éléments importants que tout le monde regarde pour vérifier si ce qui est en train d’être fait ou ce qui est réalisé correspond à ce qui est bien pour la population. Donc les statistiques participent à l’amélioration de l’efficacité des politiques publiques. Particulièrement dans notre pays où depuis ces derniers temps, beaucoup de réformes sont faites dans le secteur agricole et dans l’économie, il est important de mesurer l’impact de ces réformes sur le niveau de vie des populations, sur les indices et l’état de la pauvreté », souligne le SYAEA-DSID.

A ce niveau, il est important que le système national des statistiques s’améliore pour pouvoir suivre les différentes actions et apprécier de manière plus fine et plus efficace tout ce qui est fait au niveau national. L’importance des statistiques agricoles et surtout le caractère permanent du besoin des agents enquêteurs agricoles dans les politiques publiques ne sont plus à démontrer. Malheureusement, les agents sont recrutés pour exécuter ces activités dans des conditions déplorables qui frisent l’exploitation, et ceci au vu et au su des différents ministres et directeurs qui se sont succédé depuis plus de 20 ans. Le travail qui devrait s’étendre sur toute l’année a été réduite à 6 mois au maximum pour les meilleures années. Parfois, les agents n’ont eu à travailler que durant 45 jours.

L’état ne finance-t-il pas ce secteur ? Ce secteur ne participe-t-il pas à l’élaboration et la planification du développement de notre pays ? Pourquoi les conditions de vie et de travail des agents enquêteurs agricoles qui bravent la pluie et le soleil pour collecter les données et informations statistiques sont-elles négligées ? A qui profite alors le mauvais traitement des agents enquêteurs agricoles ? Telles sont les questions qui reviennent souvent lorsque les conditions de vie et de travail des agents enquêteurs agricoles sont évoquées.

Selon le Syndicat, les conditions de travail exigées dans le cadre de l’opération d’enrôlement des acteurs des chaînes de valeur pour le compte du MIFA et qui ont été rejetées après deux mois d’activités, sont les mêmes qui ont été adoptées dans le cadre du recensement des acteurs de la filière maraîchage et anacarde. « Au même moment que les responsables refusent de payer les reliquats de l’enrôlement des acteurs des chaînes de valeur, ils font un virement de deux (02) mois de salaires aux agents avant même le démarrage de l’opération de recensement des acteurs de la filière maraîchage et anacarde. Depuis juillet 2019, le virement des primes d’enrôlement dues aux agents de la DSID n’a été effectué que ce mardi 07 janvier 2020 », explique une source syndicale.

Pour illustrer la mauvaise gestion qu’ils dénoncent, les agents de la DSID évoquent le recrutement de jeunes en lieu et place des agents enquêteurs de la DSID, des conseillers de l’ICAT et de la NSCT qui sont des habitués et des techniciens de terrain. « Actuellement le ministre contourne les agents enquêteurs de la DSID, les agents de l’ICAT et ceux de la NSCT qui ont déjà une parfaite maîtrise du terrain et qui localisent mieux les producteurs pour aller recruter certains jeunes pour poursuivre l’opération d’enrôlement des acteurs de la chaîne de valeur agricole pour le compte de MIFA. Cette opération avait pourtant démarré avec les agents de certains services centraux du ministère même si elle est exécutée avec des difficultés techniques et financières », déplore la source.

Pour les agents de la DSID, le ministre ferait mieux de travailler à relever le défi de la redynamisation de l’agriculture, réfléchir à trouver une solution à la situation de précarité de l’emploi des agents enquêteurs que de se lancer dans un règlement de comptes à travers des affectations punitives, des tentatives d’achat de consciences, d’intimidations, de menaces et de pressions de tous genres.

L’autre grief porté contre le ministre Bataka et ses collaborateurs dont l’actuel directeur de la DSID, Daoudou Salifou, c’est celui d’organiser une gestion opaque qui leur permet de s’offrir tout le luxe et le confort. « Ils vont jusqu’à soutenir qu’ils peuvent se passer des agents enquêteurs, surtout ceux qui ne seront pas retenus après les résultats du dernier concours de la fonction publique, pour avoir les données et informations dont ils ont besoin. Nous avons compris, après recoupement des informations que ce qui explique cette façon de gérer est que le ministère et surtout la DSID sont une véritable caverne d’Ali Baba où coulent le lait et le miel pour certains responsables et un véritable calvaire pour d’autres », dénoncent les agents.

G.A.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page