Société

Affaire YoDokita/ menaces de mort, intimidations … Une initiative des jeunes togolais étouffée par la « mafia »

 

C’est un véritable attentat  contre l’innovation au Togo. Alors que les jeunes, déjà dans des conditions assez difficiles, s’efforcent de sortir du lot et à apporter leur pierre à l’édifice, ils font face à des esprits malveillants, prêts à torpiller leurs initiatives. Parfois, par pure méchanceté. L’affaire de l’application YoDokita prend des proportions inquiétantes.  

L’application YoDokita a été lancée dans la première semaine de juin 2020. Mais à peine l’initiative a-t-elle été lancée que des échos sur une tentative de musellement sont relayés dans les médias. Les jeunes promoteurs, menacés par le Secrétaire General du ministère de la santé et les caciques de l’Ordre des médecins du Togo, se murent dans le silence et hésitent entre communiquer ou abdiquer. Pourtant, l’initiative divise  l’Ordre des médecins. Il y a les pro et les  anti- YoDokita.

Selon nos informations, ce projet était connu du ministère de la Santé qui a préféré tarder et ralentir les promoteurs qui ont finalement trouvé un moyen technique et légal pour contourner les caciques qui, manquant cruellement d’arguments à faire valoir, manigançaient pour étouffer le projet.

Pourquoi interdire le télé-conseil lorsque ceux qui sont à l’autre bout du fil sont des médecins diplômés et habilités à exercer ? Pourquoi exiger de cette jeune start-up d’attendre la création d’un cadre légal sur la télé médecine tout en laissant d’autres initiatives parallèles prospérer ? A ce propos, il n y a pas longtemps, une initiative parallèle a vu le jour avec le soutien de la « mafia » qui tente de couper l’herbe sous le pied des jeunes

Le besoin se fait pourtant sentir. A en juger par l’enthousiasme suscité par le lancement de YoDokita. Un besoin qui se fonde sur un accroissement de la population couplé d’une absence de structures sanitaires proches d’elles et une impossibilité pour tous les citoyens d’avoir accès à un spécialiste de la santé qui peut leur prodiguer des conseils à tout moment où le besoin se fait sentir. Ils sont nombreux les Togolais à saluer cette initiative comme une réponse salutaire face à la problématique de l’accès aux soins. D’autant plus que le télé-conseil permettra de ne plus attendre le passage d’un médecin sur un plateau de télévision ou radio avant d’avoir accès à des conseils de qualité et surtout d’un médecin généraliste.

YoDokita est une initiative de jeunes spécialistes des TIC et de la santé pour améliorer l’accès aux soins grâce aux nouvelles technologies. YoDokita permet de pallier le manque de centres de santé dans les banlieues et probablement à l’intérieur du pays quand on prend en compte la stratégie de déploiement de l’application avec à terme, la possibilité d’avoir des médecins qui pourront conseiller directement dans les langues nationales phares comme l’Ewé, le Kabyè et le Kotokoli.

Ce qui est révoltant, c’est que ces jeunes dynamiques promoteurs de YoDokita sont terrorisés au point de se murer dans le silence et refusent de répondre aux questions des journalistes sur ce qui s’est dit réellement au cours de cette rencontre de jeudi dans les locaux du ministère de la santé. De plus, on comprend difficilement qu’au moment où tout le parcours de santé évolue vers le patient et son accès aux soins, on cherche à exclure une approche de solution au lieu de l’accompagner ou l’encadrer. Et surtout à refuser une activité de conseils prodiguée par des médecins inscrits à l’ordre et faisant recours aux TIC. Comme le dit François Lescure, « Opposer la télémédecine à la médecine, c’est comparer le smartphone au fixe : l’un ne remplace pas l’autre. Il se passe dans la médecine la même chose que dans d’autres secteurs passés par la digitalisation telle la banque. On règle les opérations courantes à distance, on va en agence pour les opérations plus importantes ».

Faut-il voir dans cette levée de boucliers une peur de certains praticiens que YoDokita de par son action ne permette plus aux médecins de voir trainer dans leur salle d’attente des gens qui viennent pour consultations bénignes ? Est-ce une crainte pour certains médecins de voir les patients les plus rentables être orientés uniquement vers leurs confrères inscrits sur la plate-forme YoDokita?

Selon les informations, cette affaire a été créée de toutes pièces pour nuire à la jeune garde compétitive qui fera baisser le flux de visites et le chiffre d’affaires. Il y a lieu de voir dans cette levée de boucliers des enjeux multiples qui échappent certainement à ces jeunes qui, de bonne foi, pensaient faire œuvre utile. Ils paient sûrement le prix de leur initiative d’anticiper les réponses éventuelles que le gouvernement tarde à prendre.

Au lieu de chercher à récupérer par force le projet des jeunes, on aurait pu mieux faire en les accompagnant. Car selon certaines sources, YoDokita est présentement courtisé par l’Ordre des Médecins d’un pays de l’espace Cedeao qui sollicite que la plateforme puisse se déployer dans le pays.

« La crise liée au coronavirus consacre la télémédecine. Longtemps restée marginale, la médecine à distance connaît un essor spectaculaire dans beaucoup de pays occidentaux. Faut-il attendre que les partenaires techniques et financiers viennent nous vendre les applications fabriquées par les citoyens d’outre-mer ? YoDokita se positionne au bon moment et pourrait aider, à l’avenir, à faciliter l’accès aux soins dans un désert médical comme notre pays », souligne un médecin.

Cette application est avant tout du télé-conseil qui offre la possibilité de savoir les centres de santé qui offrent les services dont on a besoin. « S’il y a un conseil à donner aux jeunes, c’est de poursuivre leurs activités jusqu’au jour où les autorités leur apportent les dispositions légales à remplir pour faire du télé-conseil en médecine. Galilée, face à la pression, s’est résigné au silence, mais il n’a jamais abandonné le développement de sa théorie sur la forme de la terre», conseille un compatriote.

P C

 

 

 

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