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Affaire des 30 millions/Fulbert Attisso dans le parfait rôle de Judas


La Coalition de l’opposition était déjà fragilisée par les divergences et autres querelles de clocher. Mais cette affaire de 30 millions de FCFA reçu de la part d’un Chef d’Etat a fini de l’assommer et la disloquer. Comme s’il n’était pas satisfait d’avoir révélé cette cuisine interne, Fulbert Attisso, la bouche par laquelle ce « scandale » est parvenu sur la place publique, continue son parfait rôle de Judas et en rajoute. A tel point que l’on se persuade qu’il a un objectif précis en jouant à ce petit jeu de gamin.

Fulbert Attisso en rajoute une couche

Le commun des observateurs devrait croire à une simple gaffe commise en toute inconscience lorsque Fulbert Attisso s’était gaillardement pointé sur une radio pour révéler ce cadeau de 30 millions FCFA et qu’il allait se ressaisir au regard de la polémique et des effets que cela entraine. Mais c’est compter sans la détermination de Son Excellence Monsieur le Président du Parti « Togo Autrement ». Visiblement pas content d’avoir noirci l’image de la Coalition au sein de l’opinion, présentant les leaders de l’opposition en général comme des corrompus devant l’Eternel, il vient rajouter une couche, poursuivant ainsi son parfait rôle de Judas et sa « mission».

« Quand on est en lutte, on n’accepte pas l’argent de l’adversaire (…) Au parti Le Togo Autrement, nous prônons la sincérité. Et nous avons l’habitude de dire ceci : quand on lutte, on ne doit pas prendre des cadeaux de l’adversaire, même si c’est par personne interposée. Si vous-mêmes vous savez que c’est votre adversaire qui a déposé ce cadeau chez cette personne, pourquoi aller le prendre ? En période de crise, si vous êtes un parti et que dans vos lobbyings un chef d’Etat vous appelle pour vous faire un cadeau, vous devez vous méfier », a-t-il dardé lundi, au cours d’une intervention sur une radio de la place. Et de poursuivre: « Pour nous, il y a des valeurs qui sont intangibles et que nous défendons. Ce n’est pas normal que M. Alassane Ouattara qui est l’ami de Faure Gnassingbé nous donne quelque chose et que nous acceptions. Mais si demain après la crise, on nous amène chez Patrice Talon, nous faisons notre lobbying et Patrice Talon qui a fait l’opposition veut nous aider, ça on peut le prendre. Puisque dans ce cas, le contexte est différent ».

A travers ces propos, Fulbert Attisso se met dans la peau du saint, de l’homme intègre, qui n’a pas de cadavre dans son placard… Ce « cadeau » est même peint comme un geste de corruption, de compromission de ses camarades de la Coalition.  Après cette seconde sortie, on peut légitimement s’interroger sur les réels desseins poursuivis par l’homme. Veut-il simplement se venger de ses anciens compagnons et en tirer les dividendes politiques ? Est-il missionné pour continuer de vilipender la Coalition ou bien certains de ses responsables ? Autant de questions qui restent posées.

Petitesse d’esprit, perfidie, irresponsabilité…

Cette affaire, on devrait en faire un chien écrasé et passer. Mais ce sont les effets au sein de l’opinion et particulièrement chez les faibles d’esprit qui désolent et nous poussent à l’aborder.

Moralement, cette sortie de Fulbert Attisso pose problème. En responsable politique et en homme intelligent, il est censé savoir que ces genres de transactions sont fréquentes dans les milieux politiques. « Que les leaders de l’opposition soient corrompus, c’est un fait. Je fais partie de ceux qui les soupçonnent depuis longtemps de souper à la table du diable (…) J’aime bien Fulbert, mais, je suis désolé, c’est une attitude de petit, ce qu’il a fait et continue de faire. Je peux encore comprendre que ce soit un Nicolas Lawson ou tout autre acteur politique non membre de la Coalition qui vienne faire ces révélations. Tu ne peux pas être membre d’un regroupement, vous faites des choses ensemble et après tu viens les verser sur la place publique (…) A l’UFC, Fabre et compagnie connaissent les sources de financement du parti ; mais jamais on ne les a entendus en révéler une seule fois sur la place publique, pour se venger de leur ancien maitre Gilchrist Olympio qui les a trahis au propre comme au figuré », déplore un admirateur de l’homme. Ce qui est davantage désolant, c’est de savoir que l’argent n’a pas été partagé entre les leaders, mais a été versé dans la caisse de la Coalition et a servi à financer des manifestations communes ! C’est ici qu’apparait toute l’immoralité dans cette histoire.

Cette sortie souffre d’une grande petitesse d’esprit et est à la limite de l’irresponsabilité. On l’aura donc constaté, si jusque-là l’opinion ne connaissait pas le nom de l’auteur du « cadeau empoisonné », Fulbert Attisso venait ainsi de le lâcher : Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire. Dans l’hypothèse que ce geste en soit vraiment un de corruption, il est évident que tout autre dirigeant ou toute bonne volonté qui voudrait aider un parti ou leader de l’opposition qui le/la sollicite, craindrait d’être dénoncé(e) plus tard. C’est  cocasse que de venir révéler à la face de l’opinion le nom du donateur.

Que gagne Fulbert Attisso en s’illustrant de la sorte ? Une chose est claire, ses sorties, tout en participant à salir l’image de la Coalition et ses leaders, font bien le jeu du pouvoir en place. Et c’est ici qu’il est permis de se demander si l’homme ne fait pas tout cela à dessein et n’est pas missionné pour. Certains croient même savoir celui qui le gère (sic) pour services rendus…Tout Togolais en pleine possession de tous ses sens devrait plutôt éprouver du dédain face à cette petitesse inouïe dont fait preuve l’homme. Parce que ces genres de transactions financières relèvent de la routine en milieu politique ; ça se passait depuis et ça se passera encore. Surtout dans notre pays où les militants n’ont pas la culture de la cotisation pour offrir les moyens aux partis de mener leurs activités…

            Un mal pour un bien, c’est ainsi que certains observateurs conçoivent cette attitude de Fulbert Attisso et appellent les acteurs de l’opposition plus ou moins crédibles à en tirer leçon. « Il faut savoir avec qui s’acoquiner pour éviter que les secrets ne soient au moindre problème (…) », conseille l’un d’eux. L’histoire des tentatives d’union de l’opposition nous enseigne en effet que ce ne sont pas tous les acteurs qui jouent franc jeu. Certains ont toujours été très bavards et mettent très vite sur la place publique les secrets, d’autres des taupes au service de l’ennemi… «  Il faut comprendre que certains intellectuels surfent souvent sur la naïveté ou l’inculture politique des Togolais pour les instrumentaliser. Ils savent que le Togolais est sensible à certaines questions, donc ils en profitent pour tirer sur la corde quand l’occasion se présente », ajoute-t-il…C’est bien dommage.

Tino Kossi

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