Politique

Targone Sambiri, souffre-douleur du régime

Depuis janvier 2019, il devrait reprendre son service en tant que fonctionnaire de l’Etat. Il a dû attendre six mois avant de retrouver son boulot, mais dans des conditions déplorables. L’ex-député Targone Sambiri N’wakin paye toujours sa décision de militer dans une autre mouvance que celle qui dirige le pays depuis plus d’un demi-siècle.

Dans le cadre des législatives de 20 décembre 2018, l’opposition togolaise avait appelé au boycott du scrutin. De nombreux partis politiques ont ainsi perdu les sièges qu’ils avaient obtenus en 2013. Parmi ces partis, les Démocrates socialistes africains (DSA) dirigés par Targone Sambiri N’wakin. Selon les dispositions, l’ex-député, précédemment fonctionnaire au ministère de l’Education, devrait reprendre son poste. Dès janvier 2019, la demande de fin de détachement a été présentée. « En janvier, j’ai déposé ma demande de fin de détachement pour réintégrer mon service au ministère de l’Education », indique-t-il.

Un mois après, soit en février, l’arrêté de détachement a été signé. Selon la procédure, cet arrêté devrait être suivi d’une prise de service immédiate, comme c’est le cas de tous les fonctionnaires. Malheureusement, ce ne sera pas ainsi. Et durant six mois, l’ex-député a fait d’incessants allers-retours, cherchant à être informé de l’avancement de sa demande. « Pendant plusieurs mois, j’ai fait le suivi du dossier pour connaître mon lieu d’affectation. Quand je vais là-bas, on me demande d’attendre. On me dit que le DRH va m’appeler dès qu’il aura une information concernant mon affectation. J’ai fait cette démarche pendant 6 mois sans avoir aucune information », rapporte-t-il.  « Ce n’est qu’au début juillet que le DRH m’a appelé pour m’indiquer mon nouveau service. J’ai été affecté à l’inspection générale de l’éducation (IGE) », poursuit-il.

Malheureusement, le calvaire de celui qui a osé s’opposer aux idéaux du régime ne s’est pas arrêté là. Il se dit victime de torture psychologique de la part des autorités togolaises. Et pour cause, alors qu’il s’apprêtait à reprendre service et à donner le meilleur de lui-même en tant qu’un bon citoyen, il a plutôt eu droit à un casernement. « J’ai été affecté et déposé dans un bureau où il n’y a rien. J’ai été réintégré sans cahier de charge. A longueur de journée, je suis là à ne rien faire. Le plus gros travail qu’il m’a été donné de faire est de contempler ledit bureau et d’écouter les oiseaux chanter », se plaint-il.

La détermination du pouvoir à nuire au président du parti politique DSA semble illimitée. Bien qu’il ait accompli toutes les formalités pour être rémunéré, Targone Sambiri N’wakin n’a pas eu le « privilège » de toucher son salaire. Et chaque fois qu’il le réclame, la réponse à sa doléance est de venir compléter le dossier avec tel document ou tel autre. « Quand je constate comment le traitement des dossiers a été ralenti depuis janvier 2019, je me rends compte que l’intention est aussi de me priver de ressources pour faire face aux dépenses des élections locales. Maintenant que ces élections sont passées, ils continuent encore les mêmes manœuvres », déplore-t-il.

En réalité, les difficultés faites au natif de Guérin-Kouka sont intrinsèquement liées à son engagement politique en faveur du peuple togolais. Selon les informations, depuis 2012, il a fait l’objet de plus de 4 affectations. Le but, l’empêcher d’être stable et pouvoir s’organiser pour être présent sur le terrain. Son séjour à l’Assemblée nationale entre 2013 et 2018 n’a pas non plus été apaisé. Trainé devant les tribunaux, son passeport lui a été aussi retiré. « Les responsables d’UNIR ne cessent de me traquer. Je ne sais pas où cela va s’arrêter. Cela montre simplement le comportement des autorités togolaises et ce qu’elles font des financements des partenaires. Ces financements ne profitent qu’au parti UNIR et non à l’ensemble de la population togolaise parce que les caisses de l’Etat sont dans leurs mains et ils en disposent comme ils veulent », explique-t-il.

Cette situation est semblable à ce que vivent les enseignants dans le nord du pays, qui ont décidé de militer dans les partis politiques de l’opposition. Il en est de même pour les localités septentrionales dont les votes vont souvent aux forces démocratiques. Elles sont privées du strict minimum tel que les infrastructures scolaires et sanitaires pendant que l’eau et les pistes rurales relèvent du luxe.

G.A.

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