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Fin de rêve pour Reckya Madougou

« La politique, l’ambition de servir et de se servir sont les plus formidables des ciments et même des aphrodisiaques » (Dick Morris)

Fin d’un rêve pour Reckya Madougou ! Les ambitions de la conseillère  spéciale de Faure Gnassingbé d’être présidente de la République au  Bénin en 2021, se sont fondues comme une fonte des glaces. Elle est désormais hors course. Il y a cinq ans, bien de personnalités l’avaient invitée à se porter candidat au scrutin présidentiel de 2016. Cette année, elle se voyait la première femme présidente du Bénin. Son heure de gloire ne sera pas 2021, du moins pas tant que Patrice Talon sera au pouvoir.

Reckya Madougou (RM) est passée par tous les états. D’abord, l’ancien ministre avait défié Talon en lui promettant un tsunami électoral le soir du 11 avril. « Ma candidature leur cause si tant d’insomnie ? S’ils sont aussi sûrs d’eux, alors qu’ils ouvrent le jeu. Qu’ils nous laissent le peuple nous départager. S’ils ne craignent pas la razzia, qu’ils nous laissent compétir pour la présidentielle », avait lancé la candidate du parti « Les Démocrates ». Patrice est « resté droit sur son Talon », malgré les gesticulations de dame Madougou. Reckya Madougou propose et Talon dispose. Le Waterloo électoral promis n’aura pas lieu cette année.

Ensuite, Reckya Madougou est passée par l’étape de menaces en agitant insidieusement une révolte populaire au cas où elle serait éjectée de la course. « Le peuple béninois est un peuple libre et n’acceptera pas la mainmise d’une pensée unique sur cette campagne électorale. Nous ne nous laisserons pas priver d’une troisième élection », a-t-elle rogné. Rien n’y fit.

Enfin, elle avait déposé un recours à la Cour Constitutionnelle, s’attaquant à l’acte de validité même de parrainage à l’effet d’annuler la liste des candidats retenus par la CENA. Pour cause de fraude ou à défaut, que la Cour autorise sa candidature. Dans son recours, RM a évoqué la pertinence de sa candidature qu’elle justifie à travers son parcours depuis 2004 en tant qu’actrice de la société civile, son passage au gouvernement de Boni Yayi et ses activités au plan international. Sur le dernier point, elle est dégonflée par ses contempteurs qui estiment qu’il ne suffit pas de s’établir à Lomé au pays de la dynastie des Gnassingbé où on est fait conseillère par défaut d’un dictateur pour prétendre avoir une renommée internationale.

Mais le dernier mot revenait à la Cour Constitutionnelle. La plus haute juridiction du Bénin en matière constitutionnelle a douché définitivement les derniers espoirs de dame Madougou en rejetant son recours. Même si la Conseillère de Faure Gnassingbé est capable de « soigner les certitudes », une chose est certaine cependant, elle ne sera pas présidente du Bénin en 2021.

Trois erreurs ont coûté très cher à dame Madougou. Le premier couac est d’avoir déposé son dossier de candidature sans les parrainages, comptant naïvement peut-être sur la bonne foi de Patrice Talon qui, lors de sa tournée à travers le pays pour la reddition des comptes, avait laissé entendre devant les populations que le processus électoral sera inclusif et qu’aucun candidat ne sera éjecté pour défaut de parrainage. Mais dame Madougou doit savoir qu’en politique tous les coups sont permis et qu’on se fait rarement cadeau.

De plus, jusqu’à la fin de l’année dernière, l’ancienne ministre de la Microfinance et de l’Emploi des jeunes et des femmes, ne figurait pas sur les listes électorales au Bénin. Comment peut-on prétendre diriger son pays alors qu’on n’a jamais voté, bien qu’on ait même été membre du gouvernement ? Elle a dû saisir la Cour Constitutionnelle pour pouvoir s’inscrire sur les listes électorales

Enfin l’erreur fondamentale commise par RM a été d’être au service du président togolais et de vouloir présider au même moment à la destinée de son pays, le Bénin. Si certains observateurs évoquent un conflit d’intérêt, les soutiens de Talon l’ont très mal pris. En témoignent les différents messages dans lesquels elle a été étrillée autant au Togo que du côté du Bénin. Si elle avait déposé sa démission plusieurs mois avant de se positionner au Bénin, sa candidature n’aurait pas provoqué autant de remous.

                                                         Médard AMETEPE               

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