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Faure Gnassingbé chez Sassou Nguesso : Ces visites qui avilissent l’image du Togo

« Les oiseaux de même plumage volent ensemble », dit l’adage. Ce 18 février 2021, Faure Gnassingbé s’est rendu chez son alter ego, le Congolais Denis Sassou Nguesso. Les deux présidents partagent leur passion pour le fauteuil présidentiel et leur manie pour le pouvoir à vie. Que Faure Gnassingbé rende visite à un Denis Sassou Nguesso n’est que la consolidation de l’axe de la dictature. 

Toujours entre deux avions, le chef de l’Etat togolais s’est encore rendu, ce 18 février 2021 à Brazzaville. Faure Gnassingbé y a rencontré son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso. Dans le communiqué de presse publié par la présidence de la République, il est fait mention d’une visite d’amitié et de travail en République du Congo. Le communiqué dit que les deux hommes feront le tour d’horizon de la coopération entre leurs deux pays et aborderont les questions continentales et internationales portant notamment sur le développement du continent, la consolidation de la paix et de la sécurité, la lutte contre l’extrémisme violent. « Les stratégies communes de lutte contre la covid-19 seront également au centre de la rencontre entre les deux leaders qui se retrouvent régulièrement pour un échange de vues sur des sujets d’intérêt commun », précise la présidence de la République.

On sait Faure Gnassingbé grand voyageur, peut-être même qu’il est le recordman des voyages des chefs d’Etat d’Afrique. Le plus souvent, ces voyages ne suscitent aucun intérêt au sein de la population qui les considère comme un non-événement. Les visites aux collègues malades, mais qui s’accrochent au pouvoir sont même objets de raillerie, tant l’hôte et le visiteur paraissent ridicules. Mais il y a de ces visites qui indignent à cause de l’histoire de la personnalité qui reçoit.

C’est le cas de la présente visite de Faure Gnassingbé à Denis Sassou Nguesso. Celui-là même qui a été investi par son parti pour briguer un 6ème mandat. A 77 ans, le président congolais cumule déjà 36 années à la tête du pays et rempile. « Nous nous portons candidat à l’élection présidentielle du 21 mars. Merci de nous avoir donné l’occasion de nous prononcer définitivement sur le sujet… Ensemble, nous participerons dans la paix pour poursuivre la marche vers le développement », a-t-il déclaré devant une foule, quelques jours après son investiture en tant que candidat à sa propre succession.

Rien que pour sa boulimie pour le pouvoir, le vieillard congolais n’est pas une personnalité fréquentable, surtout pour un pays comme le Togo dont les dirigeants disent aspirer à la démocratie et au développement. Et pour cause, Denis Sassou Nguesso représente, à lui seul, toute la dictature qui sévit sur le continent africain. Après 36 ans de pouvoir, et même bien avant, il aurait dû céder le fauteuil présidentiel à un autre. Malheureusement, le voilà qui croit encore avoir la capacité de faire quelque chose de bien pour son pays. A croire qu’il s’était débarrassé de la gabegie, des détournements de deniers publics, de la corruption, mais surtout de la dictature qu’il a instaurée dans son pays pour perpétuer son pouvoir à travers des élections gagnées avant leur organisation.

Dans son pays, Denis Sassou Nguessou est un dieu. Ses courtisans n’hésitent pas à l’appeler « empereur », un titre honteux qu’il arbore fièrement. Le comble, c’est qu’il inculque sa folie de pouvoir à vie à ceux qui le fréquentent. Faure Gnassingbé en fait partie. En avril 2016 alors qu’il s’était pointé au Togo, le président congolais a créé la polémique en élevant son homologue togolais au rang de souverain. « Mon empereur », avait-il dit à la descente de l’avion. Une horreur, un crime même puisqu’on sait que le Togo est une République dans laquelle les rapports entre les citoyens sont régis par la Constitution. Cette loi fondamentale insiste sur le fait que le Togo est une République. Pourquoi désigner un président de la République comme un empereur ? Désigner un chef d’Etat sous le vocable d’empereur, c’est épouser son intention de s’éterniser au pouvoir ou le pousser à y penser, s’il n’a pas encore l’intention.

Malheureusement, le jeune doyen des dictateurs du continent se plaît dans son manteau d’empereur. Depuis son accession au pouvoir grâce à l’armée, il s’est appuyé sur cette dernière pour consolider son pouvoir. Les lois sont votées en sa saveur et pour lui offrir une impunité à vie.

Si Faure Gnassingbé veut vraiment instaurer la démocratie non de façade, mais la vraie au Togo, il doit tirer un trait sur ces amitiés qui l’enfoncent un peu plus dans les ténèbres de la dictature. Fréquenter des gens qui ont une vision pour leurs pays et qui y travaillent aiderait Faure Gnassingbé a redorer son image déjà ternie par plus de 15 ans de navigation à vue.

G.A.

 

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