Politique

Et si c’était lui-même la honte ?

Beaucoup  ne  l’ont  pas encore  compris,  m ais  notre  prince héritier  vient   de  lancer  sa campagne  à  la  présidentielle  de 2020  avec  la  célébration  du classement  du  Togo  dans  le  rapport Doing  business  2020.  Précision  très utile,  le  Président  Faure  Gnassingbé était  accompagné  de  son  ami  Carlos Lopez,   qu’ il  appelle  son  « Chief PND  officer ».  Ce  même  Carlos  qui déclarait  il  y  a  quelques  années  que «  les  africains  sont   habitués  à célébrer  les  promesses.    Et  qu’« Il serait  temps  qu’ils  célèbrent   des réalisations  ».

Dans  un environnement  solennellement présidentiel,  et   dont  seuls  les membres du  parti  bleu  ont  le  secret, on  a  v u  à  tour  à  tour  des  chefs d’entreprises  de  la  République  (qui voient  le  m onde  en  bleu)  célébrer l’amélioration  du  climat  des  affaires d’un  pays  indépendant  depuis  60 ans  et  qui  est  incapable  d’atteindre l’ autosuffisance  alimentairement. Un  pays  qui  a  un  produit  intérieur par  habitant  s’élevant  à  682  dollars en  2019  (comparé  au  Ghana  voisin qui  est  de  2205  dollars  par  habitant et  au  Benin  qui  est  de  2415  dollars par  habitant) ;  un  pays  dont  plus  de 56  %  de  la  population  vit   sous  le seuil de la pauvreté, classé à la 11ème place  du  palmarès  des  pays les  plus pauvres  du  m onde.

 Faure  Gnassingbé dans  son  allocution  aux  allures d’une  déclaration  de  candidature  à la  présidentielle  2020,  n’a  fait  que citer  les  «  prouesses  »  de l’amélioration  du  clim at  d’affaire  et le  bond  du  Togo  dans  le  rapport Doing  Business  2020.  Com m e  on pouvait  s’ y  attendre,  c’ est  la promotion  du  PND  et  la  justification de  l’échec  du  mandat  social  qui  ont été au menu. Pour le PR, le PND n’est pas  finançable  par  les  institut ions internationales  à  cause  de  la  dette publique  (trop  élevée)  du  pays  qui était  de  78%  par  rapport  au  PIB  en 2018.  Pour  le  citoyen  togolais lambda,  on  se  demande  où  sont passés  tous  ces  fonds d’endettement  si  les  infrastructures routières,  les  écoles  ainsi  que  les hôpitaux  n’existent  toujours  pas dans  plusieurs  localités  de l’intérieur  et  même  périphériques  de Lomé.  Mais  souvenons-nous  que  la dette  publique  était  tombée  de  81% à 17% du PIB de  2007 à  2010, grâce à  son  allègement  avant  de  repasser a  48,6%  et  dépassant  les  80%  en 2017,  ce  qui  faisait  du  Togo,  le  pays dont  la  dette  est  la  plus  élevée  dans l’espace  UEM OA  qui  en  a  fixé  le maximum   à  70%.   Dans  ces condit ions,  l’ on  est   t enté  de demander  à  notre  cher  Président  de la  république  où  sont  passés  les fonds  de  l’endettement  public  de 2007  à  2017  ?  Tenez,   je  m e souviens  d’un  de  vos discours  il y  a quelques  années.  Dans  ce discours,  vous  déclariez  qu’  « une minorité  s’accapare  des  richesses de  l’État ».  Cette  phrase  qui  était  de vous  signifie  pour  moi  que  vous n’avez  aucun  contrôle  sur la  gestion de l’État.  Ni les syndicats, ni les partis politiques  ni  les  citoyens n’ont  aucun contrôle  sur  la  gestion  du  pouvoir en  place  (c’est  une  gouvernance débridée,  sauvage  et   sans planification. )  C’ est  un  pillage collectif organisé au sommet de l’État par  ceux  qui  nous  gouvernent   au profit  de  leur  cercle.  C’est  tout  de même  ahurissant  d’ entendre  un chef  d’ État   dire  que  ses collaborateurs  pillent  les  caisses  de l’ État   m ais  qu’ il  ne  peut   pas  les traduire  en  justice  faute  de  preuve.

Monsieur  le  président, ce  qu’ il  nous  faut ,  ce  n’est   pas encore  un PND.  Non.  Il nous  faut  au préalable,  un  contrôle  pour  assainir les  finances  publiques.    Pas un  autre plan  pour  endetter  encore  la  future génération.  La  preuve,  la  Scape,  le Drsp,  le  Pudc  et  tous  ces  plans  de développement  que  vous  nous  avez chanté  n’ont   rien  produit.   Au contraire,  cela  a  contribué  à  alourdir la  dette  publique. Dans  votre  allocution vous  déclariez  que  vous  aviez  eu des  contacts fructueux  en  Asie  avec des  investisseurs  dans  le  cadre  du financement  du  PND.  Très  bien !  Si le  PND  est  viable  naturellement  il devrait  attirer  les investisseurs.  Vous aviez  bien  dit  que  c’est  le  secteur privé  qui  crée  l’emploie  et  je  suis parfaitement  d’accord  avec  vous. M ais  le  paradoxe  est  que l’ amélioration  du  climat   d’affaire que  vous  célébrez  dans  Togo  Doing Business  2020  n’est  pas  la  réalité du  secteur  prive  au  Togo.

Vous  sembliez vraiment  pointer  du  doigt  la  dette publique  comme  la  cause  de  l’échec de  votre  mandat  social.  Excellence, vous  savez  pourquoi  la  dette publique  peine  à  se  réduire ?  C’est parce  qu’elle  n’a  pas  servi  à  créer les  conditions  de  développement  et de  croissance  du  secteur  privé.    Elle a  plutôt  permis  à  certains  dignitaires de  se  faire  des  fortunes  record  que sous  d’autre  cieux  des  générations ont  bâti.  Dans  notre  pays  en  effet, c’ est  possible  de  s’ enrichir  en quelques  années  à  un  poste ministériel.

Parlant  du  climat  des affaires,  je  pense  personnellement que  le  secteur  privé  est   sous financé  à  30%  par  rapport  au  PIB. Les  entreprises  n’obtiennent  pas  le crédit   nécessaire  en  fond  de roulement  ou  d’investissement, même  les  ménages  sont  incapables de  s’endetter,  les  taux  d’intérêts  et les impôts  sont trop élevés (TVA Togo 18%  Ghana  12.5%).  Tout  ça  c’est  la faut e  à  la  zone  monétaire  dans laquelle nous sommes, et  votre Chief PND  officer,  Carlos  Lopez  ne  dira pas  le  contraire  parce  qu’ il  y   a quelques  années,  il  disait  qu’il  est « impossible  de  se  développer  dans la  zone  monétaire  du  CFA ».  Ce  qui fait  que  nous  nous  retrouvons  dans une  économie  d’importation,   rien n’est  fabriqué  chez  nous,  même  les stylos  et  les  papiers  mouchoirs  de  la présidence  sont  importés.

Bientôt  la  campagne. Les  tricots  et  t-shirt  made  in  China vont  circuler  un  peu  partout  dans  le pays.  Nous  exportons  nos  matières premières  sans  les  transformer  sur place  et  nous  importons  le  produit finis  à  des  coûts  élevés  et  sur  ça s’ajoute  la  misère  et  le  chômage.

Dans  ces  conditions, justifier  les  mandat s  passés  et demander  un  autre  serait  difficile  à accepter  par  les  Togolais

Delali Zognrah, citoyen togolais

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