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Discussions en prélude aux élections régionales : Le régime de Faure Gnassingbé peut-il encore inspirer confiance ?

Le courrier a été adressé à plusieurs responsables politiques. La seconde réunion des acteurs politiques sur la préparation des élections régionales prochaines aura lieu mardi 19 janvier 2021 au ministère de l’Administration territoriale. La rencontre, selon le ministre Payadowa Boukpessi est de recueillir les avis des acteurs politiques. « Vos éventuelles contributions et préoccupations en plus de celles évoquées à la dernière réunion pourront être remises et expliquées dans une brève intervention », écrit-il dans la lettre envoyée aux partis politiques.

De telles initiatives sont la bienvenue puisqu’elles permettent de recueillir les avis et contributions des uns et des autres, en vue d’une organisation consensuelle des élections. Ce cas de figure n’est possible que dans un pays où la démocratie et le respect des textes sont enracinés dans la pratique et orientent le jeu électoral. D’ailleurs, quand les institutions fonctionnent normalement, de telles concertations ne sont pas indispensables.

Malheureusement, nous sommes au Togo et de telles réunions qui s’organisent ne sont pas à leur début. Les dialogues et concertations avant les élections ont eu lieu dans le passé. Ils ont simplement servi d’arguments au pouvoir pour dire que l’organisation des élections a été consensuelle. Les habitudes ayant la vie dure, on ne peut que s’attendre à la répétition des comportements partisans du pouvoir en place, décidé à régner aussi longtemps qu’il pourra se maintenir. D’ailleurs, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs ne montrent pas des signes allant dans le sens d’une volonté de renouvellement de l’équipe dirigeante. Au contraire, ils se préparent à résister à la volonté populaire. Quand ils voudront passer en force, ils vont brandir ces rencontres infertiles comme étant la participation de l’opposition à l’organisation des élections.

Des concertations, oui, mais il y a lieu de se demander ce qu’il y a de nouveau pour croire à une hypothétique sincérité du gouvernement. Depuis quand les contributions et préoccupations de l’opposition ont-elles été prises en compte ? Jamais dans l’histoire du pays, le régime cinquantenaire des Gnassingbé n’a pris en compte les idées avancées par l’opposition pour l’organisation d’un scrutin libre, transparent et apaisé. En 2018, en prélude aux élections législatives, l’opposition avait réitéré son éternelle exigence de redécoupage électoral pour respecter le principe d’égalité entre les citoyens, qu’ils soient du nord ou du sud. Elle avait dénoncé les disparités criardes entre le poids démographique et le poids en nombre de sièges de députés des circonscriptions électorales d’une région à l’autre. L’exemple de 2013 où, avec moins de voix que l’opposition, le parti au pouvoir s’est octroyé la majorité des sièges de l’Assemblée nationale a été donné. Le RPT/UNIR n’en a pas tenu compte puisque cela l’arrangeait, même si c’est contraire à la Constitution qui dispose que les voix des électeurs sont égales.

Dans le cadre de la présidentielle de 2020, l’opposition a demandé qu’au lieu d’une révision électorale, l’on procède à un recensement électoral qui ne sera pas basé sur le fichier contesté ayant servi à l’organisation de la présidentielle de 2015. Faure Gnassingbé s’y est opposé par le biais de ses ministres. Le fichier contesté a été utilisé pour le scrutin, source d’une crise qui perdure.

En réalité, le RPT/UNIR n’a jamais cédé d’un iota à travers des discussions ou dialogues, autrement, la trentaine déjà enregistré aurait permis de sortir le pays de la dictature et le hisser parmi les pays démocratiques et en voie de développement. Les discussions, concertations, dialogues et autres formulations ont été utilisées. Au finish, elles n’ont servi qu’à consolider les bases de la dictature et à sauver du naufrage un régime à bout de souffle.

Pour que ces discussions portent des fruits, elles doivent déboucher inévitablement sur une réforme approfondie du cadre électoral avec une composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) où le RPT/UNIR et ses alliés n’auront pas la part du lion. Cette réforme doit toucher également la Cour constitutionnelle dont les acteurs ont suffisamment dansé à la gloire de Faure Gnassingbé. Si ces réformes ne sont pas annoncées et réalisées au terme des concertations, il ne resterait qu’à espérer un miracle.

G.A.

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