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De Mme Adjamagbo-Johnson à Jean-Paul Oumolou : Le pouvoir en quête d’une monnaie d’échange ?

Depuis le début de la crise post-présidentielle de février 2020, la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) est l’objet d’acharnements de la part du régime. Les arrestations se poursuivent dans ses rangs. Ce qui donne à penser qu’à l’instar de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et du Parti national panafricain (PNP), c’est aujourd’hui chez la DMK que le régime de Faure Gnassingbé recherche ses otages politiques, future monnaie d’échange. 

Le cas Jean-Paul Oumolou

Le calvaire entamé à l’aube du 4 novembre 2021, jour de son arrestation, se poursuit pour le militant de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) Jean-Paul Oumolou. Une dizaine de jours après cette arrestation musclée et décriée par la classe politique togolaise, le collaborateur d’Agbéyomé Kodjo a été présenté au juge d’instruction, qui après audition, a décidé de le placer sous mandat de dépôt.

Selon les informations recueillies, la justice togolaise a retenu quatre chefs d’accusation contre l’activiste et ambassadeur pour le compte du gouvernement d’Agbéyomé Kodjo. Il est accusé de « Incitation à la révolte contre l’autorité de l’État », « outrage envers les représentants de l’autorité publique », « diffusion de fausses nouvelles » et « apologie des crimes ». Des chefs d’accusation dénoncés par le candidat de la DMK depuis son lieu d’exil. « Un mandat de dépôt a été délivré contre Jean Paul Oumolou sur des griefs imaginaires. Acteur majeur de la victoire du peuple le 22 février 2020, cette sentence sonne comme une revanche des usurpateurs. Libération immédiate et sans condition», a posté Agbéyomé Kodjo sur son compte Twitter.

Jean-Paul Oumolou a-t-il vraiment commis tout ce qui lui est reproché ? Impossible de répondre par l’affirmative. D’abord parce que cette arrestation a été menée dans le sillage de l’acharnement dont se dit victime la DMK. Nous l’avions déjà souligné, plusieurs responsables politiques de ce regroupement ont déjà été inquiétés et ont effectué des séjours en détention pour des faits dont ils n’ont jamais eu connaissance. A l’instar de Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson et Gérard Djossou qui sont accusés de tentative d’atteinte contre la sûreté intérieure de l’Etat alors que la DMK projetait de tenir une manifestation de rue pour contester le quatrième mandat de Faure Gnassingbé. Ces deux responsables ont goûté aux « délices » de la détention au Togo. Il en est de même pour le prophète Esaïe et Paul Missiagbéto qui ont aussi subi cette injustice. D’ailleurs, le dernier est toujours en détention.

Ensuite, sous d’autres cieux où la justice existe vraiment et où les juges exercent en toute indépendance, tous ces chefs d’accusation seraient classés dans la catégorie de la liberté d’expression. Ils ne feront pas l’objet de poursuites comme c’est le cas dans l’affaire Jean-Paul Oumolou. Ce qui est reproché à cet activiste, c’est de trop parler, de dire certaines choses que peu de compatriotes ou d’acteurs politiques ont le courage de dire. L’homme a en effet à son actif, plusieurs vidéos dans lesquelles il dénonce la gouvernance du pays et les dérives du pouvoir en place. Il est aussi très actif dans la contestation du régime de Faure Gnassingbé.

La quête de monnaie d’échange

Une chose est certaine, aussi longtemps que le pouvoir s’acharnerait à en découdre avec les collaborateurs, militants et sympathisants d’Agbéyomé Kodjo et des autres responsables de la DMK, cela voudrait tout simplement signifier que la crise post-électorale de février 2020 existe toujours.

Au-delà, la multiplication des arrestations et des tentatives d’arrestation, si elle vise à décourager les militants et sympathisants, donne à penser que le régime est à la quête de monnaie d’échange. Du moins, il cherche à avoir le maximum de détenus à qui l’on attribue des étiquettes politiques, pour s’en servir quand il se retrouverait acculé et contraint à la négociation comme en 2018.

On se souvient qu’à l’époque, ce sont les détenus dans la ténébreuse affaire des incendies et les manifestations politiques qui ont servi de monnaie d’échange. Leur libération qui n’était que justice, a été présentée comme un geste d’apaisement du gouvernement. Pourtant, toutes ces personnes arrêtées ou inculpées ne méritaient pas le traitement qui leur a été réservé par le régime cinquantenaire des Gnassingbé. Ils étaient simplement innocents.

Aujourd’hui, ce sont d’abord les détenus dans l’affaire dite « Tigre Révolution » qui sont pris en otage, principalement pour leur appartenance majoritairement à l’ethnie de Tikpi Atchadam et son parti. Ensuite c’est au tour de la DMK de fournir des otages politiques, et le pouvoir y arrive, malheureusement.

G.A.

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