Politique

Centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale à Paris: Faure Gnassingbé snobé par Emmanuel Macron

 

 

Ce dimanche 11 novembre marquait les 100 ans jour pour jour que l’armistice mettant fin à la première guerre mondiale. Le gotha des dirigeants du monde entier s’est retrouvé à Paris, à l’invitation d’Emmanuel Macron, pour célébrer cet événement. Plusieurs chefs d’Etat de pays d’Afrique étaient de la partie. Mais un manquait à l’appel, Faure Gnassingbé. Oubli du Président français ou zapping de l’« homme simple » ?

Les dirigeants du monde invités à Paris

La crème des dirigeants du monde était ce dimanche dans la capitale française, à l’invitation du Président Emmanuel Macron, pour la commémoration du centenaire de l’armistice scellant la fin de la première guerre mondiale. Ils seraient au nombre de soixante-dix (70) au moins, parmi lesquels des présidents des puissances mondiales dont Donald Trump des Etats-Unis d’Amérique, la chancelière Angela Merkel de l’Allemagne, Vladimir Poutine de la Russie, mais aussi des dirigeants africains dont le roi Mohammed VI du Maroc, Denis Sassou Nguesso du Congo, Macky Sall du Sénégal, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Idriss Deby du Tchad, entre autres. Le clou de la commémoration était la cérémonie solennelle au pied de l’Arc de triomphe. On comptait la présence de délégations représentant les États belligérants de la Grande Guerre, des institutions européennes, des Nations Unies et de plusieurs autres organisations internationales. Devant ses invités, Emmanuel Macron a servi un discours assez fort. Après avoir rappelé le triste bilan de cette guerre de 1914 à 1918 – 10 millions de morts, 6 millions de blessés et mutilés, 3 millions de veuves, 6 millions d’orphelins, plusieurs millions de victimes civiles -, il a chanté les vertus de la paix et appelé les dirigeants du monde entier à la responsabilité. Morceaux choisis.

« Les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre notre héritage de paix, que nous croyions avoir définitivement scellé du sang de nos ancêtres » ; « Faisons, une fois de plus ce serment des Nations de placer la paix plus haut que tout, car nous en connaissons le prix, nous en savons le poids, nous en savons les exigences ! Nous tous ici, dirigeants politiques, nous devons, en ce 11 novembre 2018, réaffirmer devant nos peuples notre véritable, notre immense responsabilité, celle de transmettre à nos enfants le monde dont les générations d’avant ont rêvé » ; « La France sait ce qu’elle doit à ses combattants et à tous les combattants venus du monde entier. Elle s’incline devant leur grandeur » ; « Un monde meilleur est possible si nous le voulons, si nous le décidons, si nous le construisons, si nous l’exigeons de toute notre âme » ; « Puisse ce rassemblement ne pas être seulement celui d’un jour. Cette fraternité, mes amis, nous invite, en effet, à mener ensemble le seul combat qui vaille : le combat de la paix, le combat d’un monde meilleur ».

Faure Gnassingbé, le grand oublié de Macron

Il ne rate jamais ces genres de rencontres où il peut se mettre en exergue ; mais il n’était pas à Paris pour cette commémoration du centenaire de l’armistice. Faure Gnassingbé était le grand absent de ces festivités. Pour les observateurs avisés, au vu du contexte politique togolais,  son absence à ce rendez-vous de Paris n’est rien d’autre qu’une mise à l’écart formelle par Emmanuel Macron. « C’est un rendez-vous mondial. La première guerre mondiale a eu lieu au Togo aussi, des soldats togolais ont fait la guerre. Il y a eu une bataille dite de Chra (ou Wahala) le 22 août 1914 par exemple et un monument construit où sont enterrés les soldats français de l’époque. Le Togo devrait être aussi invité à Paris (…) Macron a zappé Faure, c’est tout (…) Je n’imagine pas Faure ne pas forcer son invitation à ce rendez-vous de Paris, par le biais des réseaux pour la lui négocier, en vain », confie une source bien informée.

En tout cas, tout devrait intéresser Faure Gnassingbé autour de cette commémoration, et si cela dépendait seulement de lui, il devrait être le tout premier dirigeant à fouler le sol parisien. A côté de la cérémonie solennelle sous l’Arc de Triomphe, il y a aussi un Forum pour une sorte de second temps fort des festivités. C’est la chancelière allemande Angela Merkel qui a ouvert la première édition de cette rencontre. « La coopération internationale et même le projet européen de paix » sont aujourd’hui « de nouveau remis en question », le monde est « fragilisé par les retours des passions tristes » comme le racisme, l’antisémitisme, l’extrémisme, qui remettent en cause cet horizon que les peuples attendent, ont respectivement relevé Angela Merkel et Emmanuel Macron. Cette problématique de la paix, c’est un secret de Polichinelle, intéresse beaucoup le pouvoir de Lomé. Le régime a toujours chanté une lutte acharnée contre le terrorisme, le fléau qui menace la paix, la promotion de cet idéal. Un sommet international serait même prévu à Lomé en mars 2019, nous revient-on.

Autant le Président français a des raisons de s’acoquiner avec certains dirigeants africains qui sont les fruits de la démocratie et s’emploient à prôner cet idéal et ses principes dans leur gouvernance, autant il a raison de s’éloigner du « Prince » togolais qui représente l’antivaleur de la démocratie et son principe sacro-saint l’alternance. La crise politique actuelle en est une preuve patente. Faure Gnassingbé et son pouvoir ont confirmé à la face du monde leur refus obstiné de l’alternance. La gestion du processus électoral actuel n’est qu’une confirmation de cette disposition d’esprit. Ce zapping retentissant de l’ « homme simple » par Macron n’est pas étonnant ; il a toujours été tenu à distance par les occupants successifs de l’Elysée. S’il est venu au pouvoir avant tous les présidents actuels des pays de l’espace CEDEAO, il a vu recevoir et défiler nombre d’entre eux à l’Elysée. Alassane Ouattara, Roch Kabore, Macky Sall…certains présidents sont réguliers à Paris, accueillis les bras ouverts alors que Faure Gnassingbé n’a la chance de parler avec le locataire des lieux qu’en marge de rencontre internationale. Il ne s’est jamais vu dresser le tapis rouge. Rien d’étonnant donc que le « Prince » soit snobé par Emmanuel Macron à l’occasion de ce centenaire de la fin de la première guerre mondiale.

Tino Kossi

 

 

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