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CEDEAO :Buhari rappelle à l’ordre les dirigeants testés positifs au virus du 3è mandat

 

Faure Gnassingbé n’a pas été épargné lors du 57ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Outre la situation au Mali, l’obsession du pouvoir incarné par le chef de l’Etat togolais a été dénoncée. Une situation embarrassante pour le locataire de Lomé 2.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont tenu, ce lundi 07 septembre 2020, le 57ème sommet de l’organisation. Les travaux qui ont eu lieu dans la capitale nigérienne Niamey ont été largement consacrés à la crise sociopolitique au Mali.

Dans le communiqué lu à l’issue du sommet, les chefs d’État de la CEDEAO ont demandé la transmission du pouvoir à des autorités civiles. Ils ont précisé que le président de la transition et le Premier ministre devraient être des civils. La transition, selon l’instance régionale, ne devrait pas dépasser un an. La CEDEAO a également décidé du maintien des sanctions prises contre le Mali après le coup d’Etat. Les frontières restent donc fermées et l’embargo sur les échanges financiers et commerciaux toujours en vigueur. Les chefs d’Etat ont, en outre, salué la décision de la junte d’ouvrir une concertation avec les partis politiques et des représentants de la société civile au sujet de la période de transition. On note également l’élection du président ghanéen Nana Akufo-Addo à la tête de l’organisation, en remplacement de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou.

Ce qui a retenu l’attention, et il faut le saluer, c’est que certains chefs d’Etat ont posé clairement le débat autour des modifications constitutionnelles visant à sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel. Le meneur de cette fronde n’est autre que le Nigérian Muhammadu Buhari qui a interpellé ses pairs avides de pouvoir et qui cherchent à faire au-delà de deux mandats. Il les appelle à ne pas céder à la tentation de prolonger leur mandat au-delà des limites prévues par la Constitution. «En tant que dirigeants de nos Etats membres individuels de la CEDEAO, nous devons adhérer aux dispositions constitutionnelles de nos pays, en particulier sur la limitation des mandats. C’est un domaine qui génère des crises et des tensions politiques dans notre sous-région.  Cet appel à la retenue est lié à la nécessité de garantir des élections libres, justes et crédibles», a déclaré le président du Nigéria. Et d’ajouter : « Je félicite ceux parmi nous qui ont résisté à de telles tentatives car ils seront considérés comme des modèles exceptionnels dans leurs pays respectifs et dans la sous-région dans l’ensemble».

Cette dénonciation du pouvoir à vie est la seconde faite publiquement par un chef d’Etat, en l’espace de quelques semaines. Lors du sommet virtuel organisé le 21 août dernier pour discuter de la situation au Mali, le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo ne s’est pas privé de dire les quatre vérités à ses pairs. Il a déclaré que la CEDEAO devrait  adopter la même position de fermeté envers tous les auteurs de coups d’Etat, soutenant que «les 3ème mandats sont aussi des coups d’Etat ». Une déclaration qui visait directement les présidents guinéen et ivoirien, tous candidats à un 3ème mandat, à la faveur de la modification de la Constitution.

Mais dans l’espace CEDEAO, il y a pire mal que Alassane Ouattara et Alpha Condé. Ce mal qui inspire les autres chefs d’Etat à tripatouiller leur constitution, c’est Faure Gnassingbé. Arrivé au pouvoir en 2005 après un coup d’Etat constitutionnel, militaire et électoral, le fils de Gnassingbé Eyadéma s’est opposé à toutes réformes visant à limiter le mandat présidentiel.

En mai 2015, une proposition des ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO visant à limiter les mandats présidentiels à deux a été rejetée par Faure Gnassingbé et l’ex homme fort de la Gambie, Yahya Jammeh. Interrogé sur la question, le chef de l’Etat togolais a répondu que la Constitution en vigueur dans son pays sera rigoureusement respectée. En d’autres termes, la présidence à vie consacrée par la modification constitutionnelle de décembre 2002 ne sera pas corrigée. Comme son géniteur, Faure Gnassingbé rêve aussi de mourir au pouvoir. En mai 2019, il fait adopter par une Assemblée nationale « nommée » des réformes cousues sur mesures. Des garanties lui sont prévues en cas de départ du pouvoir. Mais plus important, il fait remettre les compteurs à zéro afin de pouvoir se porter candidat en 2020 et 2025, soit 5 mandats de 5 ans. Et là aussi, rien ne dit que s’il réussit à cumuler 5 mandats, il ne sera plus tenté de s’offrir une dizaine de mandats à la tête du pays, l’homme et son parti étant atteints de « tripatouillite aiguë ».

L’insistance avec laquelle les autres chefs d’Etat de la CEDEAO dénoncent le pouvoir à vie constitue, à n’en pas douter, une nouvelle humiliation pour Faure Gnassingbé qui incarne à lui seul l’épicentre du recul démocratique qui se répand dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est sûrement pour ne plus s’entendre dire certaines vérités qu’il a préféré resté dans son palais et se faire représenter.

G.A.

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