Politique

Appétit du pouvoir dans l’espace CEDEAO/ Buhari ne veut pas d’un 3e mandat, Faure en route pour un 4e

 

            Réélu au cours des élections générales de février 2019 à la tête du Nigeria, Muhammadu Buhari ne compte pas aller au-delà de deux (02) mandats. Il l’a déclaré publiquement à l’occasion de son message de nouvel an. Pendant ce temps, son pendant togolais qui est terme de son 3e quinquennat de cinq (05) ans à la tête du Togo, n’est pas repu et est en route pour un quatrième…

Pas de 3e mandat avec Buhari

«Je me retire en 2023 et je ne prendrais part à aucune élection dans le futur». De pareilles déclarations sont rares en Afrique pour être occultées. Ce sont les mots sortis par le Président nigérian le 3 janvier dernier, à l’occasion de son message de vœux à la Nation – lui au moins il s’est rappelé que ce sont des êtres humains qu’il dirige et doit penser à eux.

Par ces propos forts, Muhammadu Buhari élu pour une première fois en 2015 à la Présidence de la République et réélu en février 2019 pour un second mandat, s’engage à ne pas en briguer un 3e à la fin de celui-ci en 2023. Ces déclarations ont le mérite de couper l’herbe sous le pied des spéculations lui collant des intentions de chercher à aller au-delà de ce second mandat.

Buhari entend même contribuer au renforcement du processus électoral dans son pays, mais aussi dans tout l’espace ouest-africain. « Je suis déterminé à contribuer au renforcement du processus électoral au Nigeria, et dans toute la région où plusieurs membres de la CEDEAO se rendent aux urnes cette année », a-t-il déclaré.

Cette sortie du Président nigérian est d’une grande portée. Il s’agit aussi et surtout du Président en exercice de la CEDEAO, un espace qui connaît depuis plusieurs années une évolution positive en termes de démocratie et d’alternance. Depuis la montée au pouvoir d’Adama Barrow en Gambie, le Togo est devenu la seule exception de l’espace. Mais cette évolution est remise en cause aujourd’hui par des velléités de 3e mandat de plus en plus manifestes, notamment en Guinée avec Alpha Condé et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire…

Avec ces déclarations, Muhammadu Buhari rejoint son homologue nigérien Mahamadou Issoufou qui incarnait jusque-là dans l’espace ouest-africain la lutte contre le 3e mandat, le respect de l’alternance à la tête des pays. Le moins que l’on puisse souhaiter, c’est que cette bonne intention du Président du Nigeria contamine les autres. Mais…

Faure veut briguer un 4e

            Les Togolais auraient bien voulu avoir un dirigeant comme Muhammadu Buhari, avec ses vertus démocratiques. Malheureusement, ils ont affaire à son opposé parfait chez eux. Faure Gnassingbé est, lui, adepte d’un règne élastique. Le 3e mandat, il l’a déjà accaparé depuis 2015 et en est au terme. Mais il n’est pas repu et est sur le point de s’offrir un 4e.

Après avoir maintenu le suspense durant plusieurs semaines et mois, donnant l’impression d’avoir entendu les aspirations du peuple togolais qui désire l’alternance, Faure Gnassingbé s’est finalement fait investir hier par le RPT/UNIR pour le représenter à l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 22 février prochain. « Le souhait des militants, c’est de me voir porter les couleurs de notre parti à l’élection présidentielle de 2020, je les ai remerciés et en toute humilité, j’ai accepté », a-t-il déclaré hier à l’issue de l’officialisation de sa candidature. Et s’il est élu, il briguera ainsi un quatrième mandat au pouvoir. Il s’en est d’ailleurs pavé la voie depuis, avec les réformes institutionnelles et constitutionnelles adoptées par l’Assemblée de godillots le 8 mai dernier.

Faure Gnassingbé ne veut pas être candidat pour faire de la figuration. Il s’est déjà offert les conditions d’un triomphe sans gloire, avec une Commission électorale nationale indépendante (CENI) acquise à sa cause composée de béni-oui-oui, une Cour constitutionnelle pas moins constituée d’inconditionnels, tout l’appareil électoral contrôlé. Il va sans dire que  la victoire lui est déjà acquise sur un plateau d’or. L’armée prétorienne est là pour mater la contestation au besoin…

Le drame dans cette histoire, c’est qu’une réussite de Faure Gnassingbé doperait bien d’autres aspirants au 3e mandat dans l’espace communautaire. On pense en premier lieu à Alpha Condé en Guinée qui tente de tripatouiller la constitution de son pays, sauter le verrou de la limitation pour s’ouvrir la voie ; mais il rencontre la détermination de son peuple. Les regards se tournent aussi vers Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Même si les intentions ne sont aussi claires qu’avec Condé, la tentation est bien manifeste chez le Président ivoirien de sauter le pas, avec l’évolution des choses dans le landerneau politique. Les mois à venir nous situeront…

K.

 

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