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L’ACCORD ECO-UEMOA ET FRANCE EN DEUX QUESTIONS : Les Amazones de la République interpellent les dirigeants de l’UEMOA qui s’apprêtent à le signer

Le débat sur l’accord de coopération monétaire entre la France et l’UEMOA ne finit pas de susciter des interrogations, des débats, des étonnements. L’on en vient à se demander si nos chefs d’Etats de l’UEMOA ne comprennent vraiment pas le régime auquel la France a soumis leur monnaie, ou bien ils comprennent mais jouent sur leurs propres intérêts ou alors ils sacrifient volontairement le bien-être des générations africaines à venir. Deux questions suffisent pour se demander si les chefs d’Etats de l’UEMOA comprennent le système.  L’UEMOA a-t-elle besoin d’une parité fixe et d’un arrimage à l’unique Euro ? L’UEMOA a-t-elle besoin d’une garantie de convertibilité ?

  • L’UEMOA a-t-elle besoin d’une parité fixe et d’un arrimage à l’unique Euro ?

La problématique majeure des pays de l’UEMOA réside dans le passage d’un système de parité fixe avec une garantie de la France à un régime de change flexible sans garantie d’un tiers.

  • Il s’agit ici d’une affirmation qui n’a aucune base technique ou scientifique. Elle résulte d’une mauvaise compréhension du lien entre le FCFA et l’euro et de la volonté de changer ce qui est considéré, à tort, comme un change fixe entre le FCFA et l’euro.

On finira par affronter demain ce qu’on veut éviter aujourd’hui

La justification de la fixité de parité de l’Eco-UEMOA avec l’Euro par le souci de ne pas affoler les marchés financiers et ne pas provoquer de fuite des capitaux est contestable. Le moment redouté de l’abandon du système de parité fixe arrivera de toute façon, et on finira par affronter demain ce qu’on veut éviter aujourd’hui.

  • Il s’agit d’une mauvaise justification d’un problème mal connu, mais le choix de la flexibilité est tout aussi mal justifié, injustifié et dangereux, car aboutissant à une forte déstabilisation des prix dans tous les pays concernés, qui livrerait ainsi la population à une pauvreté qui ferait regretter plus tôt que prévu l’ère de l’ancien FCFA honni.

Définir une trajectoire claire

Le plus important c’est de définir une trajectoire claire de l’évolution vers la monnaie unique de la CEDEAO et l’étape de transition dans laquelle les pays de l’UEMOA s’engagent.

  • Aucune théorie ne prévoit une trajectoire quelconque que peut suivre l’évolution d’une monnaie. Il s’agit encore de la gesticulation mal inspirée de ces chercheurs qui n’auront jamais rien trouvé à annoncer à leur population.

Depuis 1945, il n’y a jamais eu de garantie de la France

Or, la réforme proposée n’est pas une transition vers le régime de change flexible retenu par la CEDEAO. Elle maintient plutôt les pays de l’UEMOA dans le système initial de parité fixe avec la garantie d’un tiers, qui n’est pas en phase avec l’objectif de monnaie unique Eco de la CEDEAO.

  • Cette garantie qu’est supposé accorder ce tiers aura joué combien de fois de 1945 à 2021 ? Zéro fois.
  • En réalité, il n’y a jamais eu de garantie de la France, il ne s’est agi que d’une simple annonce faite par ce pays, contre laquelle les pays africains auront déposé leurs devises auprès de lui, tout en achetant en même temps en devises leur monnaie du FCFA.

En effet, le lien entre le FCFA et le FF, en son temps, ou entre le FCFA et l’euro, aujourd’hui, ne résulte qu’une simple décision des pays qui ne nécessite aucune des exigences inutiles qui leur auront été imposées au nom d’une garantie fictive, supposée être accordée, mais qui n’a jamais existé pour être mise en œuvre.

Certes, la seule fois où elle aurait pu jouer, elle ne l’aura pas été, car en 1994, le FCFA a été réduit à sa propre moitié, en ayant oublié que ce FCFA a été obtenu contre un dépôt réel de devises dont les pays venaient de perdre la moitié par cette décision dite de dévaluation.

En effet, cette décision s’apparente un peu avec ce bijoutier qui viendrait vous déclarer que le papier de reconnaissance, qu’il vous aura délivré en échange de la tonne d’or  que vous avez déposée chez lui, ne vaut plus la tonne, mais la moitié, appelant cela dévaluation de son papier. Vous comprenez que cela ne pourrait avoir aucun sens, pour un homme biologiquement bien constitué et disposant de ses propres capacités de raisonnement.

Lorsque l’ignorance est aux commandes, tout peut arriver comme catastrophe

Une vraie transition vers un régime de change flexible serait d’adopter un arrimage à un panier de monnaies constitué de l’Euro, du dollar et du yuan chinois, de la livre sterling.

  • Ces idées d’arrimage, au sujet du FCFA, sont une hérésie, une véritable ignorance. L’arrimage concerne deux entités distinctes qu’on attache l’une à l’autre. Or, ici, le FCFA est comme une autre appellation accordée à la millième partie de l’euro. Donc le FCFA, c’est l’euro dans sa millième partie, qui change à chaque instant contre toutes les autres monnaies comme la totalité de l’euro. Donc les pays de la zone franc, à l’image des pays de l’euro, sont déjà en régime de change flexible à travers l’euro.

Entre le FCFA et l’euro, il n’y a pas de relation de change, qu’elle soit fixe ou flexible, mais une relation de mesure, comme entre le mètre et le millimètre. On dit que l’euro est l’étalon de valeur des pays utilisateurs du FCFA, comme il l’est pour les pays européens qui en sont utilisateurs.

  • Le mouvement du FCFA avec l’euro, c’est comme le mouvement du pantalon avec son porteur. Il suit son porteur partout et si celui-ci est malmené il en subit les conséquences, au sens propre comme au sens figuré.
  • Etant donc placés déjà dans le régime de change flexible, sans le savoir, ces pays utilisateurs du FCFA vont encore être manipulés pour encore évoluer vers le change flexible. Vous comprenez que lorsque l’ignorance est aux commandes, tout peut arriver comme catastrophe.

La BCEAO, indépendante de tout gouvernement africain, perpétue le mécanisme d’appauvrissement des populations africaines

La BCEAO dispose d’une expertise et d’une crédibilité à même d’assurer le passage à cette transition vers un basculement au régime de change flexible.

  • Ce qu’on oublie, c’est que cette BCEAO, structure indépendante de tout gouvernement africain, avec des partenaires non africains participant au capital de la banque, hérite des fonctions du Trésor français.

Donc, sans rien modifier au dispositif initial de la zone franc, les manipulations opérées sur le FCFA vont permettre d’exproprier les populations africaines au profit de cette instance régionale, en perpétuant le mécanisme d’appauvrissement des populations africaines utilisatrices de cette monnaie conçu depuis l’origine, en faveur du Roi au moyen-français, du Trésor français de 1945 à 2021 avant que celui ne cède la place à la BCEAO, et désormais à la BCEAO qui devient une structure régionale indépendante des pays africains, mais certainement pas indépendante de la France, qui aura concocté tous les derniers détours de sa mise en place définitive.

  • L’UEMOA a-t-elle besoin d’une garantie de convertibilité ?

Qu’est-ce qu’une garantie de convertibilité ?

La convertibilité peut être appréhendée sous deux formes. Elle peut être définie comme la possibilité d’échanger des billets d’une monnaie à l’étranger dans des bureaux de change. Elle peut également se définir par la capacité à régler des transactions internationales en devises à partir de comptes en monnaie nationale. Sous la première forme, le franc CFA n’est pas convertible depuis la suppression du rachat des billets CFA par la BCEAO et la BEAC en 1993, tout comme bien d’autres monnaies. Sous la deuxième forme, le franc CFA est convertible comme plusieurs autres monnaies, dès lors que les banques centrales concernées ont les disponibilités en devises nécessaires, et qu’il n’y a pas de rationnement dans leur allocation de nature à limiter cette convertibilité.

  • Beaucoup d’incompréhensions persistent avec la notion de convertibilité. Le FCFA, acquis sous caution à la France contre un dépôt de 0,00152 euro, est une valeur connue et reconnue pour la valeur initiale déposée en devise auprès du Trésor français.

C’est pourquoi, jusqu’en 1993, les FCFA, qui atterrissaient en France dans les valises d’argent, étaient logiquement repris par le Trésor français pour la valeur initialement déposée en dépôt de garantie.

  • Cependant, par la suite, en interdisant la sortie des billets de FCFA des territoires d’utilisation, ce n’est pas un problème de convertibilité qui est posé, mais un problème administratif de limitation de la circulation de la monnaie. En effet, une monnaie qui n’arrive même pas sur les marchés ne peut y être considérée comme inconvertible.

DE TOUT CE QUI PRECEDE ON EN VIENT A LA CONCLUSION QUE LA FRANCE DEFEND QUE SES INTERETS

Il ne faut pas croire que lorsque la France défend la stabilité monétaire et la fixité de parité du franc CFA ou de l’Eco, elle défend forcément les intérêts des pays africains. Elle défend ses propres intérêts.

  • L’illusion de la fixité de la parité du FCFA fait faussement croire à une stabilité monétaire, alors qu’il n’en est rien. De plus en achetant en devise leur monnaie du FCFA, cette monnaie apparait comme un autre bien à côté des autres biens et services qu’on consomme.

Donc, il ne s’agit pas d’économie monétaire dans ces pays du FCFA, mais d’une véritable économie de troc qui permet à la monnaie du FCFA, de fixer le prix et la valeur de tous les autres biens dans l’économie.

Etant donné que la BCEAO achète ces billets pour que la France les mette à sa disposition, cette BCEAO n’a aucune possibilité d’introduire dans l’économie de la monnaie de singe pour créer l’inflation, d’où un risque inflationniste nul dans les pays de la zone franc, d’où une relative stabilité par rapport à des pays où la Banque centrale peut elle-même imprimer ses billets et mettre en circulation tout liberté, et sans conditions externes.

D’abord, pour éliminer les incertitudes et risques liés au change sur les revenus futurs que les entreprises françaises vont transférer des pays africains. Ensuite, pour justifier le recours à la garantie de convertibilité, qui lui sert à asseoir une forme de contrôle sur la monnaie. Sans parité fixe, l’offre de garantie de convertibilité ne se conçoit pas et ne se justifie pas. Tous les pays sont attachés à la stabilité monétaire, y compris la France et les pays européens, qui n’ont pourtant pas doté l’euro d’un système de parité fixe. Il ne faudrait pas faire croire que la stabilité monétaire se réduit à une fixité de parité uniquement lorsqu’il s’agit des pays africains et pas des pays européens ou des autres pays en développement.

  • C’est simple de comprendre que le FCFA étant de l’euro, les comptes tenus en FCFA sont exactement les mêmes tenus en euro. Une simple conversion permet de passer d’un copte à l’autre.

En général, les grandes problématiques d’une nation font l’objet de réflexions approfondies, réunissant les expertises nationales dans les domaines concernés, associant éventuellement des expertises étrangères. Dans le cas du franc CFA, un sujet aussi fondamental pour l’économie des pays de l’UEMOA dont le Togo, faut-il croire que la réforme proposée par les Chefs d’États en décembre dernier est le fruit des réflexions fournies par leurs expertises nationales ? Les Amazones de la République pensent à juste titre que pays africains regorgent de nombreuses expertises à même de réfléchir sur ce qui est bien pour ces pays. Personne ne viendra défendre à la place des africains ou à leurs côtés, les intérêts de leurs pays et de leurs populations si ce n’est eux-mêmes. UN ACCORD PREND LOGIQUEMENT FIN PAR DECISION DES PARTIES ET PAS PAR UN NOUVEL ACCORD.

  • Effectivement, l’accord aura pris fin comme il a commencé, c’est-à-dire sans les populations africaines et sans leurs dirigeants, qui n’étaient alors que sujets français. C’est ainsi qu’aucun avis quelconque n’a été sollicité pour constater les faits, même a posteriori, auprès d’aucune représentation nationale, pour un domaine aussi régalien que la monnaie, pourtant haut placée dans les prérogatives de souveraineté dans la Constitution de tout pays.

Au lieu de signaler la fin d’une si grosse anomalie, la France veut profiter de la crise généralisée dans les pays du Sahel, pour faire passer en catimini son projet inique du FCFA en pratiquant sa politique du diviser pour régner, laissant croire à son amitié les pays qui seront prioritairement sollicités pour renouveler ce qui n’est qu’un accord de servitude volontaire.

La Présidente

Rose Kamdalo KOUDJOME

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