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Une république dans la République !

« L’armée est une nation dans la nation ; c’est un vice de nos temps » (Alfred de Vigny)

Faure Gnassingbé a fait de l’armée, le socle de son pouvoir, une république à part entière. N’ayant jamais bénéficié de légitimité auprès des populations, il s’est tournée vers l’armée dont il est aux petits soins aux fins d’être en retour dans ses bonnes grâces et s’assurer la présidence à vie. Jusqu’à un passé très récent, les Forces armées togolaises (FAT) présentaient chaque année, leur grand rapport, -qui tombait parfois pile sur le jour anniversaire de Faure Gnassingbé-, au cours d’une cérémonie grandeur nature où elles faisaient allégeance au chef de l’Etat et se dévouaient corps et âme à lui.

Faure Gnassingbé ne semble pas porter les Togolais dans son cœur. Ces derniers aussi le savent et le lui rendent fort bien en le sanctionnant durement chaque fois que l’occasion leur est offerte. Depuis 2005 où le fils a décidé, à la suite d’un tour de passe-passe constitutionnel, de prendre la place de son père sur le trône, les Togolais se sont massivement mobilisés pour faire barrage à la dynastisation de la République. Le verdict de la consultation électorale aurait pu lui donner une crise d’AVC si justement l’armée  n’avait pas été instrumentalisée pour l’imposer dans la ruine et le sang à la tête du pays. Selon la mission d’établissement des faits des Nations Unies, plus de 500 Togolais avaient été tués pour permettre au fils de devenir président de la République. Depuis, Faure Gnassingbé a transformé l’armée en un bouclier pour conserver le pouvoir ad vitam aeternam.

Les Togolais ont beau le rejeter massivement lors consultations électorales, il peut compter sur des institutions bancales comme la CENI et la Cour Constitutionnelles inféodées au régime et l’institution militaire prête à tout pour l’imposer comme chef de l’Etat. C’est le même scenario auquel on assiste depuis son avenèment au pouvoir il y a 16 ans.

Le chef de l’Etat continuerait de gaver l’armée telle une oie. Après la loi de programmation miltiaire qui consacre 722 milliards de FCFA au renforcement des équipements de ses forces armées dans un contexte de crise sanitaire et de vie chère, ce qui a fait énormement grincer des dents, on apprend que Faure Gnassingbé aurait officieusement et en toute discrétion augmenté le salaire de quelques corps de l’armée. On parle notamment des forces spéciales du Groupement d’Intervention Légère Anti-Terroriste (GILAT) et des éléments de la Compagnie de Sécurité Présidentielle qui auraient bénéficié des gratifications.

Ce faisant, le jeune président conforte dans leur conviction ceux qui soutiennent qu’il n’envisage guère de lâcher le trône et que sa seule ambition est de rester au pouvoir et de se ménager la présidence à vie comme son père. Quand on sait que seule l’armée peut lui assurer cette ambition nourrie, on comprend aisément l’extraordinaire générosité dont il fait preuve à l’égard de certains hommes en tenue.

Mais, cette politique à géométrie variable peut avoir son revers et susciter du mécontentement au sein des autres corps et surtout de l’écrasante majorité de la population écrasée par la vie chère et toutes sortes de taxes. « La République togolaise est une et indivisible », dispose la Consitution togolaise. En clair, le Togo est notre propriété collective et n’est pas l’apanage d’une personne ou d’aucun clan et ceux qui ont en charge la conduite des affaires publiques doivent s’atteler à traiter tous les citoyens sur un pied d’égalité pour en faire le ciment d’une société de prospérité partagée.

Médard AMETEPE

 

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