Editorial

Togo : L’imposture du leadership

 

« Quand nous faisons penser à un président en exercice qu’il est ‘dieu’ et qu’il est le seul à pouvoir diriger les affaires de la nation alors il s’accrochera au pouvoir; personne n’enlève dieu » (Goodluck Jonathan)

Faure Gnassingbé n°1 en matière de leadership sur le continent ? En tout cas, c’est ce que croit fermement son conseiller économique et député « nommé » à l’Assemblée nationale, Professeur Koffi Sodokin. « Pour nous au Togo, en matière de sérénité et Leadership de développement, FEG (Faure Essozimna Gnassingbé) est le N.1 en Afrique », écrit le député sur son compte Twitter. Vous avez dû certainement sourire vous aussi en lisant ces propos lénifiants. Comme le disait Gustave Flaubert « Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. Rions pour ne pas pleurer». Alors mieux vaut en rire que pleurer.

Malheureusement, le conseiller économique de Faure n’a pas eu la jugeote d’argumenter son assertion pour permettre aux Togolais de se faire une idée des critères qui fondent son choix ou son classement. Il n’explique pas non plus ce qu’il met sous les vocables « leadership de développement» et « sérénité ». Veut-il dire que sous le magistère de Faure Gnassingbé, le Togo serait-il le pays le plus développé sur le continent ? On en doute fort. Et par « sérénité », le fait que son champion ne parle presque jamais ? « Je parle peu, mais j’écoute beaucoup », avouait Faure Gnassingbé himself dans une interview. Justement parce qu’il parle peu ou prou, ses compatriotes se font flinguer chaque jour par sa soldatesque sans que cela ne semble l’émouvoir outre mesure. Lui qui soutenait pourtant que « le respect de la vie humaine est absolument sacré ».

Il faut noter que depuis cinq mois, les Togolais sont dans l’attente de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. Chacun sort son arme favorite pour entrer dans les bonnes grâces de son maître dans l’espoir…d’une suite favorable. L’arme du Prof Koffi Sodokin est évidemment la flagornerie, le larbinisme. En bon griot de la cour, il s’est lancé dans des louanges à quatre sous pour tenter d’impressionner le maître du céans. Le jeu en vaut la chandelle. Sait-on jamais, peut-être que ses envolées dithyrambiques à la gloire de Faure Gnassingbé peuvent lui valoir un strapontin dans le prochain gouvernement. Surtout qu’il est connu que les satrapes africains sont très sensibles à la gloire. Et tombent souvent sous le charme du baratin de la cohorte de thuriféraires experts en louanges et flagorneries dont ils se font entourer. Faure Gnassingbé tombera-t-il sous le charme du baratin de son conseiller économique ?

« Les Africains sont parfois leur propre problème, car nous pensons toujours que nos présidents sont de petits dieux. Quand nous faisons penser à un président en exercice qu’il est ‘dieu’ et qu’il est le seul à pouvoir diriger les affaires de la nation, alors il s’accrochera au pouvoir ; personne n’enlève dieu », faisait observer l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan.

C’est la situation dans laquelle nous sommes au Togo où Premier ministre, ministres, députés, responsables des institutions…passent leur temps à chanter, comme des rossignols, des louanges à Faure Gnassingbé. Le Togo est devenu une usine à fabriquer des dictateurs.

Médard AMETEPE

 

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