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Qu’a-t-on fait du reste des fonds d’entretien routier collectés ?

« Les deniers publics sont comme l’eau bénite ; chacun y puise » (Proverbe italien)

« Gestion axée sur les résultats », « gouverner autrement », ce sont là les mots du Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé après cent jours de gouvernance. Mais c’est au cours de cette période que le Premier ministre, le chef de l’Etat et l’ensemble du gouvernement ont émis l’idée de renchérir les frais de péage, avec l’argument selon lequel la contribution du budget serait limitée à 17 milliards FCFA et qu’un gap de 13 milliards devrait être comblé. A première vue, le développement ou l’entretien des routes incombe aux citoyens, via leurs contributions. Mais quand on constate que la gestion faite des recettes à affecter à l’entretien des routes bitumées et autres pistes laisse entrevoir des failles abyssaux qui peuvent être assimilés à des détournements, il urge que le chef de l’Etat tape du poing sur la table et interpelle tous ceux qui ont connaissance de ces recettes.

Quand nous nous sommes amusés à dresser la situation des recettes du Fonds d’entretien routier sur une période d’un peu moins de trois ans, on est arrivé à la conclusion que chaque année –du moins pour la période étudiée-, ces recettes couvrent plus qu’il n’en faut les besoins annuels décrits lors du conseil des ministres du 23 décembre 2020.

En moyenne sur les trois ans, ces recettes dépassent 53 milliards FCFA à chaque fois. Et quand on sait que plus le parc automobile augmente avec les années, plus cette marge affectée à l’entretien des routes augmente. Mais alors, où sont passés ces fonds au point qu’on veuille mettre à contribution les Togolais ? Quels usages en a-t-on fait ? Qui sont ceux qui avaient la charge de gérer cette manne ? Autant d’interrogations que Faure Gnassingbé qui cherche par tous les moyens à pacifier le paysage sociopolitique, se doit de prendre en compte pour se tourner vers les responsables. Et par rapport à l’année à partir de laquelle ce prélèvement a commencé à être opéré sur tous les hectolitres de carburant super et gas-oil, il devient clair que ministres du Commerce et/ou membres du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP) doivent avoir des explications à donner ; mais reste à voir si elles seront plausibles et tiendront la route.

Le Togo est-il engagé dans des réformes de son économie ? Affirmatif. Le pays est-il en transe pour amorcer le développement et parvenir à une croissance partagée des richesses entre les fils et filles du pays ? Sans aucun doute. Des instruments de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics existent-ils ? Oui. Mais alors, lorsque des actes peu glorieux persistent et font reculer le pays, lorsque des individus, fussent-ils ministres ou président d’on ne sait quel « comité machin » se laissent aller à des légèretés qui plombent les finances du Togo, il revient au chef de l’Etat de montrer au peuple que l’heure est venue pour tout citoyen nommé à la tête d’une structure et qui se rend coupable d’actes répréhensibles d’en répondre devant les autorités compétentes. Autrement, il serait difficile aux citoyens qui apprennent ces comportements déplorables, de facilement comprendre les urgences du gouvernement.

Godson KETOMAGNAN.

 

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