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L’incarnation de l’imposture et de la duplicité

« Nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariété, et nous cachons et nous déguisons à nous-mêmes » (Blaise Pascal)

Le club des chefs d’Etat de la CEDEAO s’était montré inflexible contre la junte au pouvoir au Mali après le coup d’Etat du 18 août qui a renversé l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Ils avaient condamné « avec la plus grande fermeté les menaces et les pressions et les manipulations exercées par les militaires putschistes sur le président Ibrahim Boubacar Keita pour le contraindre à annoncer sa démission contre son gré. »

Deux sommets extraordinaires avaient été tenus sur la crise au Mali et les chefs d’Etat avaient maintenu la pression et la fermeté contre les officiers putschistes et avaient pris de lourdes sanctions contre le Mali. Déniant toute forme de légitimité au Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), les dirigeants de la CEDEAO avaient pris une batterie de sanctions à l’encontre de ses membres. Pour contraindre les militaires putschistes à rétablir le président Ibrahim Boubacar Keita dans ses fonctions, les chefs d’Etat avaient imposé un blocus économique et financier contre le Mali et suspendu le pays de tous les organes de décision de l’institution communautaire.

« Le temps des coups d’Etat est révolu », avait insisté la CEDEAO.  Des sanctions qui ont été après coup levées après la nomination par la junte militaire de civils à des postes clés de l’exécutif afin de donner une chance à la transition.

Ce qui nous intéresse ici, c’est que le président togolais Faure Gnassingbé avait personnellement pris part aux deux rencontres des chefs d’Etat sur la situation au Mali au cours desquelles des sanctions ont été prises à l’encontre des putschistes, notamment l’embargo commercial et financier contre le Mali.

Dans un rôle d’imposture et de duperie, pendant qu’officiellement, Faure Gnassingbé décidait, avec ses pairs de la CEDEAO, des sanctions contre la junte au pouvoir, de manière officieuse, il dorlotait et coachait les putschistes à ne pas lâcher une once de pouvoir, selon les révélations faites par « La Lettre du Continent » très introduit dans les palais africains. Des révélations qui ont fini par faire tomber les masques et les déguisements sous lesquels se cachait le fils du père qui, au lendemain du putsch, avait noué des contacts dans le plus grand secret avec les nouveaux hommes forts du Mali.

« Dès le lendemain du coup d’Etat du 18 août qui a chassé l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, les militaires putschistes du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ont pris langue avec le président togolais (…) Arrivés à la tombée de la nuit dans un jet affrété par la présidence togolaise et accueillis par l’aide de camp du chef de l’Etat togolais, les deux hommes [Ndlr : les colonels Diaw et Ismaël Wagué] ont dans la foulée été conduits à la résidence présidentielle où ils ont passé la soirée en compagnie de Faure Gnassingbé et de son ministre des affaires étrangères, Robert Dussey. Une première visite qui a été suivie d’une seconde à la fin du mois d’août, alors que les relations de la junte avec la Cedeao étaient au plus mal », a révélé le journal en ligne.

Un jeu trouble qui dénote du rôle très malsain auquel se donne sur le continent le régime cinquantenaire de père en fils que d’aucuns qualifient de « danger hors-série. » Ils sont dans toutes les sauces, dans les dossiers pourris. De plus, notre pays est une terre d’expérimentation des ignominies et autres forfaitures sur le continent : inauguration du premier coup d’Etat sanglant en Afrique, dévolution monarchique du pouvoir, hold-up électoraux, pandémie du 3ème mandat, etc.

Quel visage Faure Gnassingbé présentera-t-il dorénavant à ses pairs, au regard du dangereux jeu auquel il s’est adonné dans la crise malienne ?

Médard AMETEPE

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