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L’alternance par les urnes ou par les armes

« Dans certaines circonstances exceptionnelles et sous certaines conditions, un putsch peut se révéler « salvateur » (Arol Ketchiemen)

Une peur panique doit gagner les palais et le club des chefs d’Etat de la CEDEAO. L’institution régionale traverse depuis quelques mois une zone de turbulences. Pas que. Tout le continent, les satrapes qui restent sourds aux aspirations profondes de leur peuple et qui s’accrochent d’années en décennies au pouvoir, par les fraudes et les hold-up électoraux, la force brute, la violence, la corruption, l’achat massif des consciences, bref le coup d’Etat permanent.

Dorénavant, les étranges Ubu, réfractaires au changement et à l’alternance et qui, bien assis dans leur fauteuil présidentiel, n’entendent plus lâcher une once du pouvoir, n’auront plus de choix : dégager par les urnes ou par les armes. Forcément. C’est ce qui se produit depuis quelques mois dans l’espace sous régional. En dix-huit mois, trois coups d’Etat militaires ont été perpétrés. D’abord au Mali, en août 2020 où les militaires se sont emparés du pouvoir et ont bouté hors Ibrahim Boubacar Keita (IBK).

Puis le 5 septembre 2021 en Guinée. La boulimie du pouvoir du vieil homme Alpha Condé et son obsession ravageuse pour un troisième mandat l’ont conduit à sa perte. Envers et contre tous, Alpha Condé, arrivé au terme de ses deux mandats dûment autorisés par la Constitution guinéenne, a décidé de tripatouiller la loi fondamentale et s’octroyer un troisième mandat. Un passage en force qui a plongé son pays dans un coma démocratique. Il a fallu l’intervention des reitres pour le ramener à la raison. Mais c’était trop tard.

Le 24 janvier 2022, c’est au tour du Burkina Faso de connaître son putsch. Les militaires qui ont pris le pouvoir estimait que le président Kaboré « n’était pas à la hauteur de sa mission, que la gouvernance du pays était défaillante, qu’ils étaient mal équipés, mal soutenus, que leurs familles n’étaient pas épaulées en cas de drame ». Il faut néanmoins préciser que la situation au Mali et au Burkina Faso était bien différente et n’était pas fondamentalement liée à l’accaparement du pouvoir et des richesses au profit des dirigeants et de leur clientèle et d’investisseurs étrangers.

La multiplication des coups d’Etat dans l’espace communautaire a de quoi créer une psychose au sein du syndicat des chefs d’Etat. La question qu’on peut se poser légitimement est « qui sera la prochaine sur la liste ».

Somme toute, une aube nouvelle se lève pour l’Afrique et particulièrement l’espace CEDEAO. La libération des peuples africains pris en otage pendant plusieurs décennies est en marche et plus rien ne peut l’arrêter. Même si les putschs sont à éviter, « car chaque putsch porte en soi les germes d’un autre putsch » comme l’affirme Arol Ketchiemen, si les dirigeants qui perpètrent des tripatouillages constitutionnels et des élections frauduleuses pour s’éterniser au pouvoir- ce qui est considéré comme des coups d’Etat antidémocratiques-, sont dégagés par des hommes en treillis, on ne peut se retenir d’applaudir.

Médard AMETEPE

 

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