Editorial

Jésus a multiplié le pain, Faure multiplie les bulletins de vote

 

« Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes» (Staline)

Depuis que Mgr Philippe Fanoko Kpodzro (90 ans) a pris la décision d’œuvrer pour l’avènement de l’alternance démocratique sur la terre de ses aïeux avant d’être rappelé à son Dieu, le scrutin présidentiel du 22 février 2020 est entré dans une nouvelle dimension. Il a raison le prélat. Le Togo, notre nation, la chère terre de nos aïeux, est notre propriété collective. Il reste une République et non une monarchie pour être, en ce 21è siècle, confisquée depuis plus de cinq décennies par une seule famille.

Comme si le Saint-Esprit est à l’œuvre, pour le processus électoral actuel, plusieurs miracles ont été réalisés. Le premier concerne la percée spectaculaire opérée par le candidat de la Dynamique Kpodzro ou candidat du Saint-Esprit qui a réussi à bouleverser l’ordre établi. Il est donné vainqueur du scrutin si la vérité des urnes devrait être rétablie.

Mais c’était sans compter avec les spécialistes de la fraude -ceux qui transforment la lumière en ténèbres- à opérer leur miracle…à l’envers. Ils n’ont pas fait dans la dentelle. La présidentielle de cette année marquera négativement l’histoire du Togo comme la plus frauduleuse depuis l’avènement du processus démocratique. Les bourrages d’urnes sont si grossiers et aberrants, surtout dans la partie septentrionale, que la plupart des bureaux de vote ont affiché des taux au-delà de 100%, c’est-à-dire qu’il y avait plus d’électeurs que de nombres inscrits. On peut aisément comprendre qu’au finish, Faure Gnassingbé puisse sortir « grand vainqueur » de ce scrutin avec un score à la soviétique de 72,36%.

Ce braquage électoral spectaculaire a inspiré un compatriote qui fait une allégorie entre le miracle accompli par Jésus-Christ qui avait multiplié du pain et du poisson suffisamment pour nourrir une grande foule, environ 5000 qui le suivaient, et le scrutin du 22 février où Faure Gnassingbé réussit un miracle similaire de multiplier en grande quantité les bulletins prévotés en sa faveur. Faure Gnassingbé est le seul pour l’instant en Afrique et dans le monde à réaliser un tel exploit.

« Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes», disait Staline le bolchévique. Faure Gnassingbé et ses apôtres du coup K.O. se sont approprié cette philosophie. Pour surclasser les adversaires et passer sans coup férir au premier tour, ils savaient qu’il fallait non pas seulement avoir plus de bulletins de vote que ses concurrents, mais aussi mettre en branle les astuces ou recettes infaillibles qui leur ont toujours permis de remporter à tous les coups toutes les élections au Togo : achats de votes, expulsions des délégués des candidats et des membres de l’opposition des bureaux de vote, enlèvements et de bourrages d’urnes, substitutions d’urnes et de procès-verbaux, intimidations, harcèlements, etc.

La CENI est censée être la seule institution habilitée à détenir les bulletins de vote. Mais on ne sait par quelle magie les bulletins authentiques se sont retrouvés en grand nombre dans les domiciles privés des cadres du parti au pouvoir qui en ont usé et abusé pour bourrer les urnes. D’après le candidat de la Dynamique Kpodzro, Agbéyomé Kodjo, les bulletins ont été confectionnés dans une imprimerie au Bénin. Et on en a produit à tel point qu’ils « dépassent » le corps électoral.

Comble d’ignominie, l’addition des scores attribués aux sept candidats par la CENI dépasse largement les 2.769.286 de suffrages exprimés déclarés. Partant de ce suffrage, Faure Gnassingbé, avec ses 72,36%, devrait en réalité obtenir 2.003.855 voix et non 1.938.889 comme l’a annoncé l’expert en élection truquée, Tchambakou Ayassor.

Somme toute, la présidentielle du 22 février est une aberration. Mieux une abomination à bannir.

Médard AMETEPE

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