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Il y une vie après la présidence : Buhari va s’occuper de son bétail en 2023

« La vie m’a appris qu’il y a deux choses dont on peut très bien se passer : la présidence de la République et la prostate » (Georges Clemenceau)

Le poste de chef d’Etat n’est pas une fin en soi. Le bel exemple vient de Mahamadou Issoufou du Niger qui, quelques semaines seulement après avoir cédé le fauteuil présidentiel, a été auréolé, le 3 juin 2021, du Prix Ibrahim 2020 pour un leadership d’excellence en Afrique. Une distinction qui reconnaît et célèbre l’excellence du leadership africain.

« Le président Issoufou a marqué l’histoire du Niger. Il a ouvert la voie à la toute première transition démocratique du pouvoir au Niger. Son exemple montre que ceux qui dirigent, quels que soient les défis, peuvent le faire avec le plus grand respect à la fois pour les citoyens qu’ils servent et pour l’État de droit », a salué Festus Mogae, président du Comité du Prix et ancien président du Botswana.

En 2023, l’autre Muhammadu du Nigeria, Buhari, bouclera son second mandat et va prendre sa retraite politique. Il sait déjà ce qu’il va faire : se retirer dans sa ferme pour s’occuper de son bétail. C’est ce qu’il a laissé entendre le 10 juin 2021 dernier dans une interview accordée à « Arise TV ». Le président nigérian qui est le dernier-né d’une famille peuhle de 23 enfants, veut retourner, après la parenthèse présidentielle, à ses amours, ce qu’il a appris et qu’il sait mieux faire, l’élevage de bétail. Comme pour honorer à cet adage peuhl : « Il vit avec l’animal, pour l’animal et l’animal vit avec lui pour le nourrir ».

Quand on n’est pas chef d’Etat carriériste et qu’on a un plan de l’après-présidence, on est plus enclin à céder le trône. Et c’est faute de savoir quoi faire et où aller après avoir quitté le pouvoir, qu’on s’y incruste. En outre, certains ont les placards pleins de cadavres et pour ne pas avoir à répondre de leurs crimes, préfèrent mourir au pouvoir. Ils signent alors un « contrat à durée indéterminée » (CDI) avec le poste de Président de la République. Ils usent de stratagèmes et astuces divers, des manœuvres et arnaques politiques pour prolonger leur bail à la tête de leur pays : tripatouillages constitutionnels, hold-up électoraux, remise de compteur à zéro, syndrome du 3ème mandat ou encore cette filouterie politique qui consiste à compter les mandats présidentiels de sorte que le troisième ou le quatrième mandat devient le premier. On est en plein dans les « shithole countries » (pays de merde) comme le disait l’ancien président américain Donald Trump.

Faure Gnassingbé était au pouvoir avant tous ses homologues actuels de la CEDEAO. Pendant que, un à un, ils cèdent le pouvoir, le président togolais, lui, est toujours solidement scotché au trône. Ce qui lui vaut le surnom peu glorieux de « jeune doyen ». En effet, Faure Gnassingbé est l’un des plus jeunes chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest mais aussi le doyen en termes de longévité au pouvoir. Il est à son quatrième mandat, après les 38 années de règne de son père et bien malin celui qui pourrait prédire jusqu’où le fils s’arrêtera d’autant plus qu’il ambitionne de battre le record de son géniteur.

« Le jeune doyen » est arrivé au pouvoir quatre ans après le départ de John Kuffuor au Ghana.  Trois alternances se sont ensuite produites et John Atta Mills, John Dramani Mahama et Nana Akufo-Addo se sont succédé au pouvoir. Faure Gnassingbé a également vu défiler trois présidents au Bénin : Mathieu Kérékou, Boni Yayi et Patrice Talon. Pendant que le dirigeant togolais est toujours en poste.

« Dure au pouvoir qui peut », se vantait le dictateur camerounais Paul Biya. Le jeune doyen de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest  s’inscrirait dans la même dynamique.

Médard AMETEPE

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