Editorial

Faure Gnassingbé au pied du mur


« Par-delà les ethnies, les régions, les religions et les partis politiques, nous partageons tous une même espérance, celle de voir notre pays tourner résolument le dos à ses crises récurrentes…» (Conférence des Evêques du Togo)

On l’a toujours dit, Faure Gnassingbé est hostile aux valeurs démocratiques et que son seul souci est de se ménager la présidence à vie, comme son papa. Ses faits et gestes de tous les jours le prouvent à suffisance.

Souvenons-nous, lors du 47ème sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO tenu à Accra au Ghana en mai 2015 et consacré à l’examen du protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie. qui exigeait que tous les états membres harmonisent leur législation afin de prévoir un maximum de deux mandats présidentiels. Mais Faure Gnassingbé et son compère Yahya Jammeh de la Gambie s’étaient catégoriquement opposés à la volonté de la commission de la CEDEAO d’imposer l’alternance démocratique dans les quinze (15) pays membres. La propension des deux chefs d’Etat à s’éterniser au pouvoir, contre vents et marées, a eu raison de cette ambition nourrie par les différents peuples. 

La CEDEAO, sous les bruits de bottes et de kalachnikovs, ayant contraint l’Ubu de Banjul, Yahya Jammeh à quitter le pouvoir en janvier 2017, le régime de Faure Gnassingbé demeure la seule curiosité en Afrique de l’Ouest. A la faveur de la crise politique d’août 2017, avec les vagues de manifestations qui ont ébranlé le pouvoir, la CEDEAO s’est dépêchée au chevet du Togo pour l’aider à corriger la calamité démocratique que constitue ce pays afin de trouver un équilibre politique indispensable à l’exercice d’une démocratie saine, dynamique et porteuse de développement, mais aussi éviter une nouvelle zone de turbulences qu’affectionnent les fous d’Allah.     

Ainsi, le 31 juillet 2018, les chefs d’Etat ont proposé une feuille de route devant permettre au Togo de sortir de la crise et s’engager dans un processus d’apaisement du climat politique et favoriser le vivre ensemble. Une fois encore, les recommandations de la CEDEAO sont restées lettres mortes, se heurtant à la mauvaise foi du régime qui use de la ruse pour contourner la proposition de réformes de l’expert constitutionnaliste commis par la CEDEAO, le Sénégalais Alioune Badara Fall et imposer des réformes bancales qui devraient permettre à Faure Gnassingbé et sa minorité de prolonger leur jouissance du pouvoir.

La CEDEAO a remis les pendules à l’heure en exhortant le pouvoir de Lomé à se conformer au projet de constitution de l’expert qui répond « aux normes régionale et internationale ». « Le président de la République est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ou proroger le mandat pour quelque motif que ce soit. Cette disposition ne peut faire l’objet d’une révision ». Ainsi libellé le nouvel article 59 soumis au projet de réformes. 

Faure Gnassingbé est devant un dilemme cornélien : se soustraire au respect des dispositions de la feuille de route et se mettre à dos la CEDEAO et ses pairs ou appliquer la proposition de réformes telle que prescrite et quitter le pouvoir en 2020.

Médard AMETEPE

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