Editorial

Et la roublardise recommence au Togo !

 

« La politique ne réussit que par la duplicité », (Ahmadou Kourouma)

La crise qui prévaut dans notre pays est loin d’être terminée. Et il ne suffira que de la moindre étincelle pour que le pays bascule à nouveau dans l’instabilité. Et à l’aune du  communiqué, pour le moins inattendu, rendu public le 08 août 2018 par la CENI, évidemment aux bottes de Faure Gnassingbé et collabos, l’on perçoit des manœuvres tendant in fine, à saboter tout ce qui est entrepris dans un esprit de compromis. Selon la recommandation originale et authentique des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, « le renforcement du processus électoral, en particulier le fonctionnement effectif avec une participation inclusive de l’ensemble des acteurs à la CENI ». L’idée étant d’éviter des contestations d’un processus qui se veut l’étape finale du processus de paix amorcé sous l’égide de la facilitation  de la Cedeao.

Une mission de la Commission de la Cedeao conduite par Jean-Claude Brou était dans cette optique à Lomé et a pu rencontrer hier les différents acteurs politiques. « Suite à cette rencontre, la Commission préparera un projet qui sera soumis aux facilitateurs et qui servira de base pour les réunions du comité de suivi qui aura lieu avant la fin de ce mois » est prévu, a déclaré le Chef de mission. Le Comité de Suivi devant suivre la mise en œuvre des recommandations, n’est donc pas encore mis en place. Par ailleurs, le patron de la commission de la Cedeao  invite l’ensemble des acteurs et les parties prenantes au dialogue à « s’engager PLEINEMENT dans la mise en œuvre effective de la feuille de route telle que définie par la Conférence des chefs d’Etat ».

Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est à ce moment particulier, que la CENI annonce « avoir repris ses activités, en vue de l’installation de ses démembrements et de préparation du recensement  des électeurs, pour disposer d’un nouveau code électoral ». Il est certes évident que cet organe ne peut ni ne doit attendre le 20 décembre 2018, date proposée pour les législatives ou la veille de cette date pour commencer la préparation du scrutin…Mais, il n’a jamais été question ni dans la lettre ni dans l’esprit de la feuille de route d’amorcer ou poursuivre un processus électoral sans la recomposition de la Cour constitutionnelle et la limitation du mandat de ses membres. C’est la facilitation qui a exigé la suspension du processus électoral. Etonnamment, rien n’assure que cette reprise ait été faite en concertation avec elle. Cette regrettable confusion entre vitesse et précipitation cache mal la volonté d’organiser des élections bâclées. Bonjour les dégâts. Le problème avec le pouvoir en place, c’est celui de la mise en œuvre de bonne foi des accords et feuilles de route, l’application des textes  conformément à leur lettre et à leur esprit.

De l’APG à tous les accords visant à sortir le Togo d’une crise devenue sempiternelle avec des développements variés à intervalles réguliers, le RPT/UNIR est demeuré imperturbable…dans sa zone de confort. Même si le bon Dieu « himself » descendait en personne pour prescrire un plan de sortie de crise aux Togolais, Faure Gnassingbé et les siens ne s’embarrasseraient pas de le violer systématiquement. C’est dans leur ADN. Mais, il est temps de changer. Pour le Togo, son peuple et pour la Cedeao. Car la crise n’a que trop duré. Tournons la page !

Meursault A.

(Liberté N°2732 du 10-08-18)

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